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Conférence de presse sur la Déclaration universelle des droits de l'homme, Paris, décembre 1948.
Conférence de presse sur la Déclaration universelle des droits de l'homme, Paris, décembre 1948.

Déclaration universelle des droits de l'Homme : 75 ans après, où en est-on ?

La Déclaration universelle des droits de l'Homme a 75 ans. Il est aujourd’hui crucial de célébrer ce texte essentiel et fondateur. Un texte qui a inspiré la création d’Amnesty International, qui depuis plus de 60 ans se bat sans relâche pour défendre et promouvoir ces droits, et dénoncer ce qui les met à mal. Célébrer la Déclaration universelle des droits de l’homme, c’est aussi se rappeler que ses grands principes sont aujourd’hui plus fragiles que jamais.

Live magazine

Vive le journalisme ! Humble, périlleux, authentique, comme on l’aime. Lundi 11 décembre, journalistes, cinéastes et artistes montent sur la scène du Théâtre du Rond-Point. Le Live Magazine des droits humains, imaginé avec Amnesty International, célébrera les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Cet événement est désormais complet.

Elle est le socle du droit international des droits humains, et donc de tous nos droits fondamentaux. La Déclaration universelle des droits de l'Homme se voulait, dans l’esprit de ses rédacteurs et rédactrices, inaliénable et universelle. Élaborée après la découverte des camps d’extermination nazis, et alors que le monde se relevait de destructions sans précédent dans son histoire elle revenait à dire : « plus jamais ça !».

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Aller plus loin : Qu'est-ce que la Déclaration universelle des droits de l'Homme ?

Ce 10 décembre 2023 devrait donc être l’occasion de souhaiter un très bon anniversaire à la déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH), cette vieille dame, protectrice des faibles et intraitable avec les plus forts. Mais à l’heure du bilan, force est de constater que son impact peut légitimement être remis en question. 

75 ans après, où en est-on ? Ce texte fondateur et essentiel est-il devenu un menu à la carte pour certains États ? 

Un impact remis en question

75 ans après sa signature, après la Guerre froide et ses multiples conflits par procuration, les génocides au Cambodge et au Rwanda, les nettoyages ethniques en ex-Yougoslavie, des régimes militaires ayant prospéré sur tous les continents, les crimes de masse au Xinjiang et au Tibet, les invasions de l'Irak ou de l'Ukraine, les guerres sans fin du Moyen-Orient... quel sens donner à la Déclaration de 1948 ? 

Le système international des droits humains s’est pourtant largement étoffé, avec l’adoption et la ratification de textes internationaux toujours plus complets sur les questions des droits civils et politiques, mais aussi en matière de droits économiques, sociaux et culturels. Tous se basent sur la DUDH, désormais ancrée dans de nombreuses Constitutions, et qui a inspiré des communautés d’Etats (Union africaine, Organisation des Etats américains, etc.), sur tous les continents, pour élaborer des conventions communes dans ce domaine.  

Mais en dépit de ces avancées sur le papier, les plus optimistes qui prédisaient après la chute du Mur de Berlin l’avènement de la « fin de l’histoire » et la mort du totalitarisme, ont dû très vite déchanter. Ce sont surtout les systèmes répressifs, comme la Russie, la Chine, ou encore la Turquie, qui se sont renforcés depuis, interdisant toute forme de contestation en interne, et menaçant les fragiles équilibres régionaux par réflexe nationaliste ou expansionniste.  

Leurs dirigeants rejettent d’ailleurs les « valeurs occidentales » selon eux promues par la DUDH, et qui ne seraient pas compatibles avec leur propre histoire, religion, ou idéologie. Un « relativisme culturel » qui a fait long feu, au vu de l’extraordinaire mobilisation des sociétés civiles du monde entier autour des principes de la DUDH ces dernières décennies. Même si cette « hypocrisie culturelle » connaît aujourd’hui un regain de vitalité, via les discours de haine véhiculés via les réseaux sociaux notamment. 

Le double standard 

D’autres dénoncent l’hypocrisie des Etats traditionnellement promoteurs de la DUDH mais qui refusent d’admettre qu’ils peuvent eux-mêmes avoir un comportement pour le moins ambigu avec ces mêmes principes. Qu’il s’agisse des anciennes puissances coloniales européennes lors des guerres d’indépendance, mais aussi des Etats membres de l’Union européenne aujourd’hui, qui n’hésitent pas à durcir leurs législations sur les migrations, au mépris des droits fondamentaux. Ou bien encore, bien sûr, de la superpuissance américaine, qui n’a jamais caché que ces principes universels n’avaient de valeur que s’ils servaient ses propres intérêts.  

Ce double standard est probablement ce qui risque de porter le plus atteinte à ce texte fondamental et au système international dont il est censé être la colonne vertébrale. L’afflux d’argent de la part de nombreux Etats pour les enquêtes de la Cour pénale internationale après la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine cache mal le fait que beaucoup de ces mêmes Etats se sont toujours opposés à de telles investigations en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, ou encore pour les crimes commis par les Etats-Unis en Irak ou en Afghanistan. 

Partout ou presque, les Etats les plus forts utilisent la DUDH et le système international comme un mouchoir jetable, ou un menu à la carte, en n’y sélectionnant que ce qui les intéresse ou peut nuire à un pays adverse. L’affaiblissement du multilatéralisme est probablement la principale cause et la principale conséquence de ce deux-poids deux-mesures. Il a été à l’origine de nouveaux fronts meurtriers et un frein au règlement de conflits plus anciens.  

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Modifier en profondeur le système de gouvernance mondiale

Le nettoyage ethnique des Rohingyas, la guerre d’invasion russe en Ukraine, l’attaque du Hamas du 7 octobre et la réponse disproportionnée israélienne dans la bande de Gaza, ou encore les conflits « oubliés » mais extrêmement meurtriers au Sahel, dans l’Est de la République démocratique du Congo ou dans la corne de l’Afrique ne sont en effet que les symptômes apparents de cet affaiblissement du système international, et de la conception « utilitariste » des droits humains par certains Etats. 

Les pays du Sud global font remarquer à juste titre qu’il convient désormais de modifier en profondeur le système de gouvernance mondiale et réclament un nouveau système pour prévenir les crises. 

Ces pays n’ont pas tort sur le fond. Le système international chargé de faire respecter la DUDH et qui atteint aujourd’hui ses limites a été mis en œuvre à une époque où nombre de peuples étaient sous le joug de l’impérialisme et de la colonisation. La composition du Conseil de sécurité et de nombreuses institutions internationales s’en ressentent encore, en dépit de quelques avancées. Certains des Etats censés garantir la paix et la sécurité dans le monde sont d’ailleurs aujourd’hui, comme la Russie ou les Etats-Unis, directement ou indirectement responsables des conflits les plus dévastateurs, empêchant par le seul jeu du droit de véto toute possibilité de résolution de ces crises. 

Un héritage qui nous incite à passer à l’offensive

Il y a pourtant a des raisons d’espérer. Dans les domaines des droits des femmes, des droits des personnes LGBTI+, des peuples autochtones, etc., des Etats ont pu progresser, et des populations entières ont vu leur situation s’améliorer concrètement. Le recours à la peine de mort a également fortement reculé.

 

Lire aussi : Nos victoires

Depuis 75 ans, la principale réussite de la DUDH a certainement été son adoption par les sociétés civiles du monde entier. Ce sont elles qui font progresser les idées de justice pénale internationale ou de droit environnemental, elles qui défendent les populations les plus faibles au quotidien. Ce serait d’ailleurs logique, puisque ce sont elles qui défendent la Déclaration dans son intégralité, qu’elles prennent toute leur place dans cette nouvelle gouvernance mondiale, qui devra nécessairement voir le jour.

Car l’héritage de la DUDH nous incite à passer à l’offensive. Il nous commande de résister aux attaques mondiales, transnationales et locales contre les droits. Mais il nous indique aussi que cela ne suffira pas. Il nous enjoint de déstabiliser l’édification d’ordres mondiaux qui reproduisent des injustices et privilèges historiques, violent les droits et musellent les défenseur·es, et de transformer la gouvernance mondiale en la repensant, en innovant, et en prenant les rênes. 

Nous pouvons, nous devons construire des systèmes, institutions et organes dirigeants audacieux et visionnaires, capables de protéger notre planète pour les générations futures et contre tout ce qui nous assiège. C’est en tout cas le vœu que nous adressons à la Déclaration pour ses 75 ans. 

Un anniversaire qui nous rappelle l’importance des défis à relever mais aussi que le combat pour les droits humains est l’affaire de tous et toutes, le nôtre et le vôtre.

Comment Amnesty International défend-elle les droits énoncés dans la DUDH ?

La DUDH est la pierre angulaire des droits pour lesquels Amnesty International se bat chaque jour. Plus de 60 ans après avoir commencé ce combat, nous continuons de nous mobiliser et de faire campagne pour la justice, l’égalité, la vérité et la dignité dès qu’elles sont bafouées.

Pour cela, nous enquêtons sur les atteintes aux droits humains partout où elles sont commises et les dénonçons. Avec notre mouvement mondial, nous soutenons des personnes dont les droits ont été bafoués. Ensemble, nous demandons justice et nous battons pour que cessent les violations des droits humains.

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Changez l'histoire

Chaque année, autour du 10 décembre, nous organisons une campagne mondiale de signatures pour défendre des personnes qui ont vu leurs droits bafoués. Votre signature peut changer leur histoire.

Agir

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Notre combat pour un monde plus juste ne se gagne pas en un jour. Il exige du temps, de la persévérance, des femmes et des hommes qui se tiennent chaque jour à nos côtés. Il réclame aussi des moyens pour enquêter, alerter et agir, en toute indépendance et impartialité. Devenez membre et défendez jour après jour le droit à la liberté, à la justice et à la dignité humaine avec nous.