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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

© Ng Han Guan / POOL / AFP

Chine : face à l'ampleur des violations des droits humains

Depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2013, nous avons documenté un rétrécissement organisé des espaces d’expression et de manifestation, et l’élargissement de l’action de la Chine pour bâillonner toute voix considérée comme portant atteinte à la ligne du Parti.

La visite d’État du président Xi Jinping les 6 et 7 mai 2024 en France s’inscrit dans un contexte de recul dramatique des droits et libertés en Chine continentale et à Hong-Kong, 35 ans après le massacre de Tian an Men.

Lire aussi : Le droit de manifester, toujours sévèrement limité en Chine

Alors que l'année 2024 célèbre les soixante ans des relations diplomatiques entre la France et la Chine, tout renforcement des liens avec le pays doit permettre d'obtenir des engagements de la part des autorités chinoises pour faire cesser les violations massives des droits humains documentées par notre organisation.

Rassemblement de militants et militantes d'Amnesty International France, le samedi 4 mai 2024, sur le Parvis des Droits de l'Homme à Paris, pour mettre en lumière la situation catastrophique des droits humains en Chine.

Voici quatre sujets majeurs sur les violations des droits humains en Chine.

1. La libération des personnes détenues arbitrairement

Ce que nous dénonçons

En Chine, les autorités ignorent les mises en garde de la communauté internationale concernant les droits des minorités et elles étouffent en interne toute forme de contestation du régime. Des journalistes, des avocats, des défenseures et défenseurs des droits humains, ainsi que leurs proches et leurs familles, doivent faire face à une surveillance constante - amplifiée par les nouveaux outils numériques – et à un harcèlement judiciaire et policier insupportable.

Découvrez quatre défenseur-es des droits humains emprisonnés en Chine et pour lesquels nous nous battons

👉 Zhang Zhan : une journaliste citoyenne ayant tenté de couvrir la répression du gouvernement chinois pendant le Covid et emprisonnée depuis 4 ans.

👉 Chow Hang-Tung : une avocate hongkongaise, actuellement détenue pour quatre chefs avoir bravé l'interdiction de commémorer la répression de Tiananmen.

👉 Yu Wensheng et Xu Yan : un avocat défenseur des droits humains et sa femme, régulièrement inquiétés pour leurs activités et emprisonnés depuis un an.

👉 Ilham Tohti : un universitaire et éminent défenseur des droits humains, emprisonné depuis 10 ans, pour avoir dénoncé les atteintes dont est victime la minorité ouïghoure en Chine.

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Ce que nous demandons

➡️ La France doit appeler publiquement à la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes détenues arbitrairement, notamment les défenseures et défenseurs des droits humains, en particulier l’économiste et universitaire ouïghour Ilham Tohti, l’avocat des droits humains Yu Wensheng et son épouse l’activiste Xu Yan, Zhang Zhan journaliste citoyenne, ou encore l’avocate hongkongaise Chow Hang-Tung.

2. La fin des persécutions au Xinjiang

Ce que nous dénonçons

Dans la région autonome  du Xinjiang, les Ouïghours, les Kazakhs et les autres minorités ethniques à majorité musulmane, sont toujours victimes d’emprisonnements arbitraires massifs, de tortures et de persécutions à grande échelle orchestrées par l’État, qui s’apparentent à des crimes contre l’humanité.

Aller plus loin : Des centaines de milliers de personnes musulmanes sont internées, torturées et persécutées dans des camps dits de « transformation par l’éducation »

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Ce que nous demandons

➡️ Nous appelons Emmanuel Macron à demander la libération immédiate des centaines de milliers de personnes toujours arbitrairement détenues dans les camps et prisons au Xinjiang, et à exiger des autorités chinoises qu’elles mettent fin aux persécutions exercées à l’encontre des Ouïghours, Kazakhs et aux autres minorités ethniques et religieuses, dénoncées avec force par les ONG et les Nations Unies. 

3. L’abrogation de la Loi sur la sauvegarde de la Sécurité Nationale à Hong Kong

Ce que nous dénonçons

A Hong Kong, la Chine impose progressivement son système politique au territoire rétrocédé, et les militants pro-démocratie font face à une répression et un harcèlement judiciaire renforcés par la Loi sur la sauvegarde de la sécurité nationale de Hong-Kong - dite législation de l’Article 23.

Adoptée en mars 2024, cette loi vise à supprimer ce qui restait d’espace civique à Hong Kong, rendant notamment toute action de protestation plus dangereuse que jamais.

Aller plus loin : 10 choses à savoir sur la nouvelle loi de sécurité nationale à Hong Kong

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Ce que nous demandons

➡️ La France doit se saisir de la venue de Xi Jinping pour demander son abrogation.

4. Un “multilatéralisme responsable” commence par le respect du droit international 

Ce que nous dénonçons

Alors que la politique étrangère de la Chine prône un « multilatéralisme responsable », elle sape aujourd’hui les principes et procédures qui fondent le système international en matière de droits humains. Elle refuse notamment de mettre en œuvre les recommandations du rapport du Haut-commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme (HCDH) de 2022 concernant la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Cela participe à fragiliser encore l'ordre mondial bâti après 1945, aujourd'hui "au bord de la rupture".

Sûre de l’impunité que lui confère son statut de puissance économique et géopolitique, la Chine ignore l’ensemble de ces critiques, et exerce sa répression au-delà de ses frontières où les ressortissants chinois peuvent faire l’objet de surveillance systématique, sous une pression permanente des services de renseignements, y compris en France, notamment dans les milieux étudiants. 

Aller plus loin : La situation des droits humains en Chine

Aller plus loin : "L'avenir dont nous ne voulons pas"

Ce que nous demandons

➡️ Il est urgent de rappeler aux autorités chinoises qu’il ne saurait y avoir de multilatéralisme sans respect du droit international et des droits fondamentaux.  

➡️ Lors de l’Examen périodique universel (EPU) de la Chine devant le Conseil des droits de l’Homme, en janvier 2024, la France a soumis des recommandations importantes aux représentants chinois qui doivent être rappelées.

 Ratification de la Convention sur les disparitions forcées, moratoire sur la peine de mort, protection des libertés d’expression, fin des arrestations et détentions arbitraires, nous espérons qu’Emmanuel Macron profitera de ses entretiens avec Xi Jinping pour réitérer ces demandes faites par la France à la Chine dans le cadre de son Examen Périodique Universel au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.

Jean-Claude Samouiller, Président d'Amnesty International France