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Le frère d'Ivo tenant une photo d'Ivo.
Le frère d'Ivo tenant une photo d'Ivo © Vincent Tremeau/Amnesty International
Liberté d'expression

20 ans de prison pour avoir plaisanté sur Boko Haram ?

Le 13 décembre 2014 au Cameroun, Fomusoh Ivo Feh, a été arrêté par la police, quelques semaines après avoir fait suivre à des amis, un SMS sarcastique.

Fomusoh Ivo Feh avait reçu un SMS d’un ami militaire, qui disait : « Boko Haram recrute des jeunes de 14 ans et plus. Conditions de recrutement : avoir validé 4 matières et la religion au baccalauréat ».

L’un des amis de Fomusoh a transféré le SMS à un lycéen, dont l’enseignant, qui avait confisqué le téléphone pendant un cours, a pris connaissance. L’enseignant a montré le message à la police qui a d’abord arrêté le lycéen puis Fomusoh et son ami. Le 14 janvier 2015, les trois jeunes ont été transférés à la prison principale de Yaoundé où ils étaient enchainés, jusqu’en avril 2015, suite à une intervention de leur avocat auprès du régisseur de la prison.

Plus d'un an de procédure

Les trois jeunes ont été présentés plus de 6 fois devant le tribunal militaire de Yaoundé qui, à chaque fois, a renvoyé l’audience pour diverses raisons, la plus fréquente ayant été l’absence d’interprète. Le 7 septembre dernier, Fomusoh Ivo Feh et ses deux amis ont dû insister pour que l’audience se tienne et que les débats soient ouverts, malgré l’absence, une fois encore, d’interprète. Au cours du procès, qui a duré environ 4 heures, les trois jeunes ont nié tout lien et toute appartenance à Boko Haram.

Le tribunal militaire de Yaoundé prononcera ce 21 septembre le verdict du procès de Fomusoh Ivo Feh ainsi que de deux de ses amis, dont un élève. Arrêtés fin 2014, ils comparaissent depuis le 7 septembre dernier pour « complicité d’insurrection » et « non-dénonciation ».

Le prétexte de la lutte contre Boko Haram

L’arrestation et le procès contre ces trois jeunes démontrent une fois de plus que le Cameroun utilise la lutte contre Boko Haram comme prétexte fallacieux pour procéder à des arrestations arbitraires.

Lire aussi : Cameroun effroyables conditions de détention et torture pour les personnes accusées de soutenir Boko Haram

Dans notre rapport publié en juillet dernier, « Bonne cause, mauvais moyens : atteintes aux droits humains et à la justice dans le cadre de la lutte contre Boko Haram au Cameroun », nous avions démontré que les procédures judiciaires devant les tribunaux militaires visant les personnes suspectées d’appartenir à Boko Haram sont pour l’essentiel entachées de graves irrégularités de fond et de vices de procédure.

Le manque d'indépendance et d'impartialité inhérent aux tribunaux militaires suscite également de vives préoccupations quant au respect du droit à un procès équitable.