Aujourd’hui, nous célébrons le 30ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant. L’occasion de noter les progrès accomplis dans ce domaine.
Ce mercredi 20 novembre 2019 marque le 30e anniversaire de la Convention des droits de l’enfant (CIDE). Adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations unies en 1989, cette Convention a ensuite été ratifiée par tous les États, à l’exception notable des États-Unis, devenant ainsi juridiquement contraignante.
Cet anniversaire est donc l’occasion de mettre à l’honneur ce texte fondateur à travers diverses actions, de faire un bilan et de rappeler aux États ce à quoi ils se sont engagés : garantir que l’enfant (toute personne âgée de moins de 18 ans) puisse jouir des mêmes droits fondamentaux que les adultes et également lui apporter une attention spéciale parce qu’il est plus vulnérable.
Le respect des droits de l'enfant est un combat de tous les instants, dont dépend l'avenir de nos sociétés. Nous devons maintenir une pression constante sur les États pour qu’ils respectent leurs engagements et pour que cette Convention soit réellement appliquée.
Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International France.
Des proies faciles
Les chiffres font froid dans le dos et démontrent que trop d’enfants voient leurs droits niés, y compris celui à la vie : chaque jour dans le monde, 35 000 enfants de moins de cinq ans meurent à cause de leurs conditions de vie. 230 millions d’enfants de moins de cinq ans ne sont pas déclarés et ne possèdent pas de certificat de naissance. Parce que ces enfants sont invisibles aux yeux des États, ils ne peuvent bénéficier d’aucun droit. Sans existence légale, ils deviennent les proies faciles d’agresseurs ou de réseaux et des victimes invisibles.
Agir : Pour défendre et protéger les droits des enfants, nous avons besoin de votre soutien, faites un don
En 2019, de nombreuses violations sont encore commises à l’encontre des plus jeunes. Un enfant sur cinq est privé d’éducation, les inégalités et les discriminations persistent, qu’elles soient liées au genre, à la couleur de la peau, à la religion ou encore à un handicap.
Les enfants ne sont pas non plus épargnés par la violence du monde : 420 millions d’enfants vivent aujourd’hui dans une zone de guerre, et 250 000 d’entre eux, âgés de 6 à 18 ans, sont des enfants-soldats, mêlés à une trentaine de conflits dans le monde. 28 millions d’enfants ont dû quitter leur pays, parfois seuls car séparés de leur famille, pour espérer survivre. Nos recherches ont également permis de dénoncer : le placement d’enfants en centre de rétention, y compris en France ; l’incarcération d’enfants dans des prisons où les conditions sont terribles, comme à Madagascar ; les tortures et mauvais traitements qui continuent à leur être infligés, au Nigéria par exemple ; voire la peine de mort, à laquelle ils sont parfois condamnés comme en Iran.
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), 152 millions d’enfants sont contraints de travailler. La moitié d’entre eux participent à des activités dangereuses lorsqu’ils ne sont pas vendus et réduits à l’esclavage. « Au Sénégal par exemple, des enfants sont odieusement exploités dans les mines d’or. Au fond de puits, sans lumière du jour, ils subissent le vrombissement incessant des marteaux-piqueurs et respirent une poussière qui pénètre leurs poumons. À chaque instant, ils risquent leur vie car un éboulement pourrait les ensevelir », explique Cécile Coudriou.
Des avancées notables
Toutefois, grâce à cette Convention, des progrès ont été accomplis dans ce domaine, puisque le nombre d’enfants obligés de travailler a diminué de 16 millions depuis 2012. D’autres avancées ont été obtenues, par exemple dans l’accès à la santé ou à l’éducation.
Même si les chiffres restent encore très élevés, (2,6 millions d’enfants meurent avant l’âge de six mois) le taux mondial de mortalité infantile pour les moins de 5 ans a chuté de 56 % entre 1990 et 2016. La scolarisation des enfants a augmenté de 30 % en trente ans et l’écart entre le nombre de filles scolarisées et celui des garçons s’est considérablement réduit.
D’autres victoires sont à noter comme la condamnation de plusieurs chefs de guerre devant la Cour pénale internationale, notamment pour l’enrôlement d’enfants soldats en République démocratique du Congo. Ce pays s’est également engagé à mettre fin au travail des enfants avant 2025.
« Cette journée d’anniversaire demeure l’occasion de mettre en lumière les avancées tout comme les efforts qu’il reste à accomplir. Et si le respect des droits des enfants passe avant tout par des actes forts et courageux des États signataires, c’est aussi notre responsabilité à tous de maintenir une pression sur ces États pour que la Convention soit partout appliquée. », rappelle Cécile Coudriou.
Le combat de la jeune pakistanaise, Malala, pour le respect du droit à l’éducation dans le monde, et celui de Greta Thunberg avec le mouvement Fridays for Future, pour éveiller les consciences à l’urgence climatique, témoignent de la place de plus en plus importante des jeunes dans l’espace public. La voix des enfants doit être entendue et amplifiée, leur mobilisation soutenue. Et pour cela, la sensibilisation du public, des plus jeunes en particulier, est essentielle. Nous sommes profondément engagée dans ce combat.
CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE L’ENFANT : DÉJÀ 30 ANS !
Enfants soldats, enfants migrants séparés de leurs parents, enfants tués ou mutilés dans des conflits ou exploités dans des mines : les exemples de la barbarie qu’ils subissent sont, hélas, aussi nombreux que révoltants. Pour défendre et protéger les droits des enfants, nous avons absolument besoin de votre soutien.