Le 25 mai 2018, Gaëtan Mootoo, chercheur à Amnesty International sur l’Afrique de l’Ouest depuis 32 ans, prenait la terrible décision de mettre fin à ses jours dans son bureau, dans les locaux d’Amnesty International France. Ce geste dramatique a créé une onde de choc à travers tout notre mouvement et notre histoire en est dorénavant douloureusement marquée.
Un an après sa disparition, et avec beaucoup d’émotion, nous souhaitons rendre un hommage solennel à Gaëtan, notre collègue aux talents et aux compétences professionnelles reconnus et appréciés de tous. Son engagement inlassable pour les droits humains continuera à nous inspirer et nous tenons à honorer l’héritage qu’il a laissé. Nous tenons également à exprimer toutes nos pensées à sa famille, et en particulier à son épouse Martyne et son fils Robin en ce jour douloureux pour eux.
Lundi 27 mai, à 16h, Amnesty International France se joindra à l'ensemble du mouvement pour honorer la mémoire de Gaëtan Mootoo en respectant une minute de silence et dans un hommage à notre collègue, au cours duquel sera dévoilée une plaque commémorative.
Tous ceux et celles qui ont connu Gaëtan et travaillé avec lui se rappellent un homme profondément révolté par l’injustice et les violations des droits humains et leurs conséquences terribles pour leurs victimes. Chercheur toujours soucieux du détail, attentif aux personnes, Gaëtan témoignait d’une patience et d’une attention extrêmes aux victimes dont il recueillait la parole. Des victimes avec lesquelles il a d’ailleurs pu entretenir des liens d’entraide et d’amitié à travers le temps. Il nous laisse en héritage son minutieux travail de chercheur, son combat tenace contre l’impunité, son courage face aux situations les plus atroces en Afrique et sa détermination à faire triompher la justice, à travers les rapports qu’il écrivait et son engagement pour les victimes.
Depuis le suicide de Gaëtan, Amnesty International fait face à ses responsabilités, avec transparence et humilité. L’organisation a commandité diverses enquêtes pour comprendre ce qui a pu contribuer dans son histoire récente à cette tragédie et pour en tirer les enseignements nécessaires. Confrontée à de sérieuses difficultés financières, elle a malgré tout décidé de maintenir tous les efforts faits dans le sens du bien-être au travail.
Kumi Naidoo, Secrétaire général d’Amnesty International arrivé en août 2018, vient par ailleurs de proposer de nouvelles orientations. Il souhaite notamment transformer profondément la culture de notre organisation tout en poursuivant la décentralisation et en faisant en sorte que le Secrétariat international soit au service du mouvement. Il souhaite également placer au cœur du travail de l'organisation ses membres et les "présences locales d'Amnesty" partout dans le monde. Enfin, il est déterminé à impulser une nouvelle façon de conduire l'organisation qui soit davantage basée sur l’union, l’inclusion, l’empathie, et qui permette de donner davantage d’autonomie aux salariés comme aux membres.
Quant à Amnesty International France, elle a également tiré depuis un an les leçons du drame qui l’a profondément bouleversée et a pris un certain nombre de mesures pour s’assurer qu’une telle tragédie ne puisse pas se reproduire. Elle a poursuivi avec une vigueur renforcée le changement de sa propre culture ainsi que les transformations organisationnelles et structurelles qu’elle avait entamées. Elle a renforcé considérablement les moyens consacrés aux ressources humaines, notamment en créant une direction dédiée dans ce domaine, afin d’améliorer l’accompagnement des salariés et de toutes les personnes qui s’engagent avec elle et en portant une attention accrue aux risques psycho sociaux.
La disparition de Gaëtan nous oblige à devenir meilleurs, à toujours chercher à prendre en compte l’humain et la souffrance, même invisible. Nous n’oublierons jamais cet être irremplaçable et tout ce qu’il a apporté à Amnesty International et à l’Afrique.
