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URGENCE PROCHE ORIENT

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© Michel Le Moine / Divergence

A Melun, une mobilisation militante derrière les barreaux

À Melun, plusieurs détenus ont participé à la campagne « 10 jours pour signer ».

Des tables, des pétitions et des personnes qui signent. Une scène en apparence habituelle de la campagne « 10 jours pour signer » organisée chaque année par Amnesty International. En ce mardi de décembre, trois prisonniers du centre de détention de Melun (Seine-et-Marne) tiennent le stand aux côtés des deux membres de l’organisation, et en retrait, une conseillère d’insertion et de probation.

Une opération militante en prison

Pour la première fois, l’opération « 10 jours pour signer » se déroule aussi en prison.Tout commence avec une lettre envoyée en mars dernier au siège d’Amnesty et l’adhésion à l’organisation d’un détenu de Melun. L’homme, derrière les barreaux depuis dix-neuf ans, souhaite savoir ce qui peut être fait « à l’intérieur ». Comment parler des droits humains quand on est soi-même privé de liberté ? Le détenu-adhérent est mis en relation avec Daniel Arquié, membre d’Amnesty et visiteur de prison au centre pénitentiaire de Meaux (Seine-et-Marne) depuis trois ans. Après une première visite au parloir et deux réunions avec la direction, décision est prise d’organiser « 10 jours pour signer » à l’intérieur du centre de détention.

Il voulait faire quelque chose d’utile tout en étant enfermé (...) Contrairement aux passants dans la rue, les détenus ont du temps.

Paule Baranger du groupe local d’Amnesty à Melun

En amont, une première rencontre a été organisée avec une dizaine de détenus : une « séance d’éducation aux droits humains de très bon niveau », selon Paule Baranger, « le poids des grilles » en plus.

La prison aux oubliettes

Décriée mais négligée, la prison continue à produire ce qu’elle entend combattre : l’injustice et la violence. Les rapports fustigeant le système carcéral français s’accumulent. Tout récemment, Adeline Hazan, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, s’indignait des conditions de détention exécrables de la maison d’arrêt de Fresnes, vétuste, surpeuplée, infestée de rats et de punaises…

26 000 détenus en 1975, presque 70 000 en 2016. L’inflation des délits fait exploser la population carcérale. Le personnel pénitentiaire lui, demeure en sous-effectif chronique, et la prise charge sociale des prisonniers, reste délaissée (manque d’activité, de soins, d’informations pour les familles…). Ces évolutions alimentent la violence intra-muros sans susciter de réponses à la hauteur des enjeux.

600 signatures récoltées

Et lors d’une seconde rencontre avec les volontaires, une semaine avant l’action, les kits « 10 jours pour signer » ont été distribués, permettant aux détenus de faire circuler l’information. « Ils étaient très au courant de chaque situation et certaines ont même entraîné de vifs débats. Un détenu a ainsi refusé de signer pour le lanceur d’alerte Edward Snowden qu’il considérait comme "un traître à son pays" ». Au total, une soixantaine de détenus s’est déplacée et plus de 600 signatures ont été récoltées. Non sans difficulté.

La cour-promenade de Fleury-Mérogis © Michel Le Moine / Divergence

Paule Baranger raconte avoir été invectivée par une personne incarcérée :

Pourquoi ont-ils des pétitions et pas nous, emprisonnés à Melun, m’a-t-il demandé. Un autre n’osait pas signer car il croyait que sa signature n’avait aucune valeur.

Paule Baranger

Les membres d’Amnesty ont pris le temps d’expliquer les détentions arbitraires et l’absence de justice subies par les personnes soutenues par la campagne. Ils ont également rappelé que, sauf exception, un détenu conserve ses droits civiques. Autant de discussions qui ont fonctionné comme « une ouverture sur l’extérieur » pour ces hommes emmurés. Ils ont particulièrement été touchés par l’histoire d’Annie Alfred, cette jeune fille menacée au Malawi parce qu’albinos. Et très impressionnés par la libération, l’an passé, de quatre personnes grâce aux « 10 jours pour signer ».

Pour Paule Baranger, cette première campagne en prison est une réussite. Prochaine étape, dans l’esprit du détenu-adhérent, de Daniel Arquié et de la section de Melun : l’ouverture d’une antenne d’Amnesty International au centre de détention de Melun.

- Audrey Chabal pour la Chronique d'Amnesty International

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