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Annie Alfred et les enfants de son école - Malawi
Annie Alfred et les enfants de son école - Malawi © ZIMLINK-LAWILINK 2014
Discriminations

Albinos au Malawi : une nouvelle vague de violences

Au Malawi, les défaillances du système judiciaire laissent les personnes albinos à la merci de bandes criminelles et contribuent ainsi à la nouvelle vague d’homicides et d’agressions qui visent depuis six mois les personnes albinos.

Malgré le renforcement de la législation visant à lutter contre les violences faites aux personnes albinos, notamment les réformes du Code pénal et de la Loi relative à l’anatomie, nous assistons en 2017 à une recrudescence alarmante des homicides et des agressions.

Depuis janvier 2017, au moins deux personnes albinos ont été tuées et sept ont indiqué avoir été victimes de tentative de meurtre ou de tentative d’enlèvement. Cette situation est aux antipodes de celle observée au deuxième semestre de 2016, où aucun fait de ce type n’avait été signalé.

Des personnes chassées et tuées comme des animaux

Au moins 20 personnes albinos ont été tuées au Malawi depuis novembre 2014.

Les personnes albinos sont chassées et tuées comme des animaux car les parties de leur corps sont recherchées. Leurs os seraient vendus à des guérisseurs du Malawi et du Mozambique, qui les utiliseraient pour fabriquer des talismans et des potions magiques censés porter bonheur et attirer la richesse.

Lire aussi le portrait de Annie Alfred

Une nouvelle vague d’homicides et d’agressions visant des personnes albinos a débuté en janvier 2017, après six mois d’accalmie.

Le 28 février, Mercy Zainabu Banda (31 ans) a été retrouvée assassinée à Lilongwe ; on lui avait prélevé une main, le sein droit et les cheveux.

Le 10 janvier, Madalitso Pensulo (19 ans) a été tué dans le village de Mlonda (district de Thyolo) ; un ami l’avait invité à prendre le thé. Un passant l’a entendu crier mais il était déjà mort lorsque la police est arrivée.

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Des enlèvements qui se multiplient... dont des enfants

Le 28 mai, Mayeso Isaac (neuf ans) a été emmené par un groupe de 10 hommes. Il s’agit du dernier enlèvement en date. Il a eu lieu dans un pays voisin, le Mozambique, où ce jeune garçon était allé rendre visite à de la famille. Les autorités malawiennes et mozambicaines sont tenues de diligenter une enquête rapide et efficace sur cette disparition.

Le 9 mars, en pleine nuit, quatre hommes ont tenté de percer un trou dans un mur du logement de Gilbert Daire, à Lilongwe. Celui-ci a échappé à une agression grâce à l’intervention de ses voisins, qui ont mis les intrus en fuite. L’un des auteurs présumés a été arrêté après que des habitants du quartier l’ont livré à la police mais il a finalement été relaxé.

En avril, Misheck Samson (deux ans) a été victime d’une tentative d’enlèvement alors qu’il dormait auprès de sa mère, dans le village de Cholwe (district de Ntchisi). Les trois hommes arrêtés dans cette affaire ont déclaré à la police que des difficultés financières les avaient incités à commettre cet acte.

Le 17 février, Emily Kuliunde (36 ans) a elle aussi été victime d’une tentative d’enlèvement à Dowa. Son entourage a livré les auteurs présumés à la police et ceux-ci sont toujours en garde à vue.

Quant à Amos Jemus, qui vit dans le district de Ntcheu, près de la frontière avec le Mozambique, son père aurait menacé de le vendre le 1er février.

Défaillances du système judiciaire

Au Malawi, entre 7 000 et 10 000 personnes sont albinos.

Au Malawi, la police est autorisée à poursuivre des auteurs présumés d’infractions et à les déclarer coupables, bien qu’elle dispose de ressources insuffisantes et que ses agents n’aient reçu qu’une formation modeste. Par conséquent, la plupart des affaires ne sont pas traitées correctement et aboutissent rarement à une condamnation. Dans la grande majorité des cas, les auteurs présumés de violences à l’égard de personnes albinos, en particulier d’homicides, ne sont pas jugés faute d’aide juridictionnelle et à cause du manque de moyens de la justice.

Même lorsque des procès ont lieu, les prévenus sont souvent remis en liberté parce que les enquêtes ont été entachées d’irrégularités et n’ont pas permis de recueillir des preuves recevables.

Le seul moyen de faire cesser ces homicides est de veiller à ce que les lois en vigueur soient véritablement appliquées et à ce que les poursuites judiciaires et la coordination entre les différentes instances soient efficaces.

La multiplication des atrocités commises au grand jour contre des personnes albinos montre que les bandes criminelles éprouvent un sentiment d’impunité grandissant. Celles-ci profitent des défaillances du système judiciaire malawien. Il faut que les autorités prennent des mesures décisives pour mettre un terme définitif à ces violences.