Au moment où le monde se prépare à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, les responsables politiques et chefs d’entreprises se rassemblent pour le Forum économique mondial à Davos. Les dirigeants de six des plus grandes organisations militantes de la planète les appellent à refuser les discours marqués par la peur, la division et les reproches.
Cette déclaration, signée notamment par Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, est la suivante :
Au moment où l’avenir de la justice et des droits humains est gravement menacé aux quatre coins du globe, nous, dirigeants de grandes organisations militantes internationales signataires de la présente déclaration, appelons les dirigeants du monde à refuser immédiatement et fermement les discours marqués par la peur, la division et les reproches, ainsi qu’à se réengager sans ambiguïté à œuvrer ensemble en faveur d’un monde libre, juste, durable et équitable.
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Nous condamnons vivement l’utilisation croissante des discours haineux et des propos irresponsables attribuant à des groupes minoritaires la responsabilité collective de problèmes sociaux et économiques réels ou supposés. Le nouveau climat de permissivité à l’égard des crimes motivés par la haine et des discriminations qui a fait son apparition dans de nombreux pays est extrêmement inquiétant et doit être traité avec fermeté et mesure.
Les responsables politiques « anti-système » ou « populistes » exploitent un sentiment profond de désillusion
Dans le même temps, nous reconnaissons que les responsables politiques et dirigeants « anti-système » ou « populistes » exploitent un sentiment profond de désillusion chez les citoyens, qui trouve souvent ses origines dans des problèmes sociaux et économiques, et la colère suscitée par les énormes inégalités, la corruption massive, le manque de travail décent, l’impunité et l’exercice du pouvoir sans obligation de rendre des comptes. Néanmoins, nous estimons que ceux qui répandent les politiques instillant la peur et désignant des boucs émissaires proposent les pires solutions à ces graves problèmes.
Les solutions se trouvent plutôt dans des politiques visant à la justice sociale, au respect de l’obligation de rendre des comptes, à la transparence, au travail décent et au respect de tous les droits humains, y compris les droits économiques et sociaux, les droits des travailleurs et les droits environnementaux. Par ailleurs, nous protestons vigoureusement contre la tendance que subissent d’innombrables organisations et personnes œuvrant pour la justice et les droits humains, qui sont confrontées à une pluie incessante de critiques, de menaces et de violences, mettant parfois leur vie en danger, sans aucun recours ou presque.
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Cette pratique est odieuse et il faut y mettre fin. Alors que des centaines de responsables politiques et économiques parmi les plus influents du monde se réunissent à Davos cette semaine, notre message aux dirigeants mondiaux qui ne respectent pas les droits humains est clair : nos organisations et les millions de personnes qui soutiennent notre action et l’ensemble du mouvement pour les droits humains et la justice sociale vous observent. Nous résisterons continuellement à toute initiative injuste et veillerons à ce que vous soyez amenés à rendre compte de vos actes.
Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International
Ricken Patel, directeur exécutif d’Avaaz
Bunny McDiarmid et Jennifer Morgan, directeurs exécutifs de Greenpeace International
Winnie Byanyima, directrice exécutive d’Oxfam International
Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale
Cobus de Swardt, directeur général de Transparency International