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Qu'est-ce que le consentement ?
Le consentement sexuel signifie que chaque personne accepte volontairement de participer à un rapport sexuel. Son inscription dans la définition pénale du viol est essentielle pour combattre efficacement les violences sexuelles. Amnesty International France se bat pour cela, voici pourquoi.
Un rapport sexuel non consenti est un viol. C’est aussi simple que cela. Du moins, cela devrait l’être.
La notion de consentement est au cœur de nombreuses réflexions et débats dans notre société. C’est un enjeu de droits humains. C’est pourquoi, il est primordial de parler du consentement et de promouvoir une « culture du consentement ».
Pour cela, il faut mettre fin à ce que l’on appelle la « culture du viol », qui banalise, voire justifie les violences sexuelles, notamment le viol, dans nos sociétés.
Le procès Mazan, un tournant pour la notion de consentement
La notion de consentement a été au cœur des débats lors du procès des viols de Mazan, à l’issue duquel Dominique Pélicot a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Il a été reconnu coupable d’avoir drogué et violé son épouse Gisèle (ex-) Pélicot, et d’avoir organisé la venue de dizaines d’autres hommes pour la violer alors qu’elle était inconsciente. Ce procès a refait émerger une question importante : celle de l’intégration de la notion de consentement dans la définition pénale du viol.
Bien comprendre la notion de consentement sexuel et l’intégrer dans la définition pénale du viol est déterminant dans la lutte contre les violences sexuelles.
Lutter contre les stéréotypes
« Elle/il n’a pas dit non », « elle l’a bien cherché, vu ses vêtements », « Iel avait accepté une relation sexuelle la semaine dernière, donc son consentement valait encore pour aujourd’hui »…
Les préjugés et les stéréotypes de genre sur la définition des violences sexuelles et du consentement sexuel sont très répandus.
Leurs conséquences sont extrêmement dangereuses : les victimes ne sont pas crues, elles reportent souvent la faute sur elles-mêmes, finissent par ne pas porter plainte pour viol et les responsables de ces crimes restent impunis – et risquent de récidiver.
Pour celles qui décident de porter plainte, c’est un véritable parcours de combattante face à elles. En effet, les femmes victimes de violences sexuelles ou sexistes peuvent être confrontées aux préjugés et stéréotypes ancrés dans le système pénal et subir un nouveau traumatisme : c’est ce qu’on appelle la victimisation secondaire.
Que ce soit lors d’un débat public, d’un atelier ou d’une discussion sur les réseaux sociaux, il faut être clair : lorsqu’il s’agit de relations sexuelles, le consentement est essentiel.
Lire aussi : L’épreuve des femmes migrantes, transgenres et travailleuses du sexe qui portent plainte en France
La “Check-list” du consentement
Le consentement doit être :
Donné librement : le consentement sexuel doit être l’expression d’un choix libre et volontaire pour toutes les personnes concernées. Ne pas s’exprimer ou ne pas dire « non » ne signifie pas donner son consentement. Les personnes inconscientes ou sous l’emprise de l’alcool ou de drogues ne peuvent pas donner leur consentement. Une relation sexuelle n’est pas consentie si elle a lieu sous la contrainte ou la menace. D’autres situations peuvent empêcher une personne de donner son consentement librement, par exemple si elle n’a pas la capacité mentale de consentir ou si elle est mineure.
Éclairé : une relation sexuelle n’est pas consentie si l’une des personnes ment ou dissimule délibérément certaines intentions, par exemple si elle prévoit un rapport non protégé sans en parler. Forcer une personne trop ivre pour refuser une relation sexuelle à accepter certaines pratiques n’équivaut pas à l’obtention d’un consentement.
Spécifique : consentir à une chose (par exemple à des baisers) n’implique pas un consentement à aller plus loin. Voici la règle à suivre : en cas de doute, arrêter et poser la question. Et si le doute persiste, arrêter.
Réversible : donner son consentement une fois ne signifie pas donner son consentement pour toutes les fois suivantes. Même au milieu d’une relation sexuelle, une personne devrait être libre de s’interrompre ou de s’arrêter à tout moment et de retirer son consentement.
Enthousiaste : la question n’est pas de savoir si une personne dit « non », mais si elle dit « oui » ou donne activement son consentement, de diverses manières, verbales ou non. Certaines personnes se demandent s’il faut aller jusqu’à signer un contrat. La réponse est non. Il faut simplement communiquer avec sa ou son partenaire et s’assurer que tous les actes sexuels auxquels on se livre reposent sur un consentement mutuel.
En Europe, les lignes bougent
La Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, ou Convention d'Istanbul, dispose que l’absence de consentement doit être au centre de toute définition juridique du viol et des autres formes de violences sexuelles.
Depuis plusieurs années, sous l’impulsion de campagnes menées par des associations, des pays ont modifié leur législation pour intégrer la notion de consentement dans leur définition du viol.
Seize États membres de l’Union européenne ont aujourd’hui des lois qui définissent le viol sur la base de l’absence de consentement :
Allemagne
Belgique
Chypre
Croatie
Danemark
Espagne
Finlande
Grèce
Irlande
Luxembourg
Malte
Pays-Bas
Pologne
République tchèque
Slovénie
Suède
En France, une définition pénale du viol encore trop restrictive
Le viol est aujourd'hui défini à l'article 222-23 du Code pénal français comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise ».
Cette définition du viol peut constituer un obstacle. En l'état actuel de la rédaction de l'article du Code pénal, la seule absence de consentement à l'acte sexuel, le fait de ne pas être consentant à une activité sexuelle, n'est pas suffisant pour caractériser le viol. Telle quelle, la définition présuppose un consentement implicite à tout acte sexuel.
Concernant la législation française, le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes estime que : « La définition excessivement restrictive du viol, qui repose sur l’absence de consentement due à la violence, à la menace, à la surprise ou à la contrainte, limite les possibilités de condamnation et rend difficile le parcours des plaignantes et des plaignants »
Dans les autres pays, pour qu’un viol soit constitué, le droit exige qu’il ait été fait usage de la force ou de menaces ou que la victime ait été dans l’incapacité de se défendre. Pourtant, la plupart des viols ne correspondent pas à ces stéréotypes selon lesquels « un inconnu surgit des fourrés ». Au contraire, les femmes et les filles sont victimes d’un viol commis par un proche ou un partenaire, ou ont des réactions de choc et sont frappées de paralysie involontaire.
Pour approfondir : Pourquoi la Convention d’Istanbul est essentielle pour les femmes ?
Changer la loi, pour changer les comportements
Adopter une législation fondée sur le consentement n'empêchera pas que les viols soient commis. Cependant, cela constituerait un pas important vers l'évolution des comportements et l'accompagnement de la justice. Les lois guident les attitudes et les comportements, elles doivent donc reconnaître clairement qu'un rapport sexuel non consenti est un viol.
En cas d’urgence, contactez la police :
👉 En appelant le 17
👉 En envoyant un SMS au 114 (s’il vous est difficile de parler ou d’entendre)
👉 En signalant sur le tchat en ligne www.service-public.fr/cmi
Si vous avez besoin de parler : appelez le numéro d’écoute national d’information et d’orientation (Violences Femmes Info) au 3919 (anonyme et gratuit).
Vous pouvez trouver de l’aide auprès d’autres dispositifs et associations :
👉 La permanence téléphonique du Collectif féministe contre le viol (0 800 05 95 95)
👉 Le numéro vert du Planning familial (0 800 08 11 11) ou un de ses centres d’accueil le plus proche de chez vous www.planning-familial.org/fr/pres-de-chez-vous
👉 Le tchat gratuit et anonyme de l’association En avant toute(s) www.commentonsaime.fr/
👉 L’application mobile App-Elles www.app-elles.fr
👉 L’accueil téléphonique de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (01 45 84 24 24)
👉 Le tchat de SOS homophobie www.sos-homophobie.org/chat
👉 Les groupes de parole de l’association En Parler www.associationenparler.com
👉 Le réseau France Victimes qui regroupe plusieurs associations et lieux d’accueil www.france-victimes.fr
Si une personne partage son histoire avec vous :
👉 Écoutez-la
👉 Croyez-la
👉 Comprenez-la
👉 Orientez-la (si c’est ce qu’elle souhaite)