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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

A statue holding the scales of justice is seen on top of the Old Bailey in London, December 12, 2003. REUTERS/Stephen Hird

La compétence universelle en France

Pilier de la justice internationale, la compétence universelle permet à un État de juger les crimes les plus graves peu importe la nationalité de l’auteur, de la victime et le lieu où le crime a été commis. Ce mécanisme vise ainsi à lutter contre l’impunité des auteurs de crimes internationaux. Pourtant, en France, des “verrous” viennent limiter l’accès de la justice en matière de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, permettant aux auteurs présumés de crimes les plus graves de se rendre impunément sur le territoire français. Nous appelons à lever ces obstacles afin que les victimes aient accès à la justice et que ces crimes ne restent pas impunis.

Un État juge traditionnellement les crimes qui sont commis sur son territoire. Mais s’agissant des crimes internationaux comme les crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou génocide, la compétence universelle s’applique. Grâce à ce mécanisme, les États peuvent et parfois doivent enquêter et poursuivre les auteurs présumés de ces crimes internationaux. Et ce, quelle que soit la nationalité de auteurs de crimes, le lieu où les crimes ont été commis et la nationalité des victimes.  

Souvent perçu comme un mécanisme de dernier ressort, la compétence universelle intervient, dans la majorité des cas, lorsqu’aucune autre voie n’est ouverte aux victimes, que les accès à la justice sont paralysés pour des raisons d’absence de volonté ou de capacité du pays où les crimes ont été commis. 

Les dossiers de compétence universelle en France

Depuis plusieurs mois, nous répertorions les dossiers - en cours mais aussi clôturés ou définitivement jugés - fondés sur la compétence universelle des juridictions françaises.

Cette cartographie comprend un peu plus de de 100 dossiers et se base exclusivement sur des sources ouvertes et dans le respect du secret de l’instruction et de la présomption d’innocence. Elle ne prétend pas à l’exhaustivité. Amnesty International France rappelle que toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie.

Pour une compétence universelle unifiée

En France, l’exercice de la compétence universelle est soumis à quatre régimes qui diffèrent selon le crime poursuivi (crime de torture, crime contre l’humanité, etc.). Ces différents régimes d’application de la compétence universelle rendent le processus illisible et inégal.  

Il est par exemple plus simple pour une victime de torture que pour une victime de crimes contre l’humanité de porter plainte en France. Cela instaure une hiérarchie des victimes qui ne reflète en rien le préjudice subi. Cette différenciation arbitraire engendre un accès à la justice inéquitable

Le parcours du combattant des victimes de crimes internationaux :

Afin de rendre l’exercice de la compétence universelle plus clair et plus efficace, nous recommandons de supprimer les distinctions entre les régimes actuels et de prévoir un régime unique de compétence universelle basé sur la seule présence de l’auteur présumé sur le territoire français.

La France, un refuge pour les auteurs présumés de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide ?

Les auteurs présumés de certains crimes internationaux peuvent encore se rendre sur le territoire français sans être inquiétés. En cause, des « verrous » qui freinent l’application de la compétence universelle pour les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et le crime de génocide

En effet, pour que la compétence universelle soit appliquée en matière de torture ou de disparition forcée (lorsque ni l’auteur des crimes ni la victime ne sont français), la simple présence de l’auteur présumé du crime sur le territoire français est requise.  

Cependant, pour les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et les génocide, l’application de la compétence universelle est davantage contrainte. La poursuite d’auteurs présumés de ces crimes, sur la base de la compétence universelle, est fragilisée par trois verrous supplémentaires qui entravent son application : 

Lire aussi : Compétence universelle, une lâcheté française

Quand la France a intégré dans le Code pénal la compétence universelle pour les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et les génocides, le législateur s’est empressé de la limiter.

Jeanne Sulzer, Responsable de la Commission Justice Internationale Amnesty International France

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Depuis la réalisation de cette vidéo en 2015, un premier verrou de la compétence universelle a été supprimé. Le verrou de la double incrimination impliquait que les faits devaient être punissable à la fois dans le droit français et dans le droit de l’Etat où le crime a été commis.

Du fait de ces trois verrous, la France reste aujourd’hui un possible refuge pour les auteurs des crimes internationaux. Face à ce risque majeur, nous nous battons depuis des années aux côtés d’autres organisations de défense des droits humains pour faire lever ces obstacles à la compétence universelle. 

Des changements législatifs nécessaires 

Nous demandons :  

La suppression des distinctions entre les régimes actuels de compétence universelle pour un régime unique de compétence universelle basé sur la seule présence de l’auteur présumé sur le territoire français. 

Le retrait de l’exigence de résidence habituelle sur le territoire français de l’auteur des faits, alors que pour tous les autres crimes internationaux la simple présence suffit (voir art. 689-1 à 689-10 du CPP) (verrou 1)  

La suppression du monopole des poursuites au parquet afin de permettre aux victimes des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides de se constituer partie civile (verrou 2) 

La suppression totale de l’exigence d’assurance préalable de l’absence de poursuite diligentée par la Cour pénale internationale ou un État compétent (verrou 3)