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Les fondateurs d'Amnesty International

Peter Benenson et Eric Baker, les fondateurs d'Amnesty International, Italie, 1982 © DR

Les co-fondateurs

Au début des années soixante, David Astor est le grand patron respecté de l’hebdomadaire The Observer. C’est l’héritier d’une immense dynastie mais aussi un homme sensibilisé aux droits de l’homme, qui milite contre la peine de mort, pour la liberté d’expression et qui verse une part de ses bénéfices à des associations caritatives. Si Peter Benenson a allumé la flamme d’Amnesty, David Astor lui a fourni la première bougie. 

Quand Benenson fait part pour la première fois de son idée de campagne contre l’emprisonnement politique à son ami l’avocat Louis Blom-Cooper, il a en tête d’avoir d’abord recours à la presse pour donner de l’écho à son appel. Il sait aussi que Blom-Cooper est le conseiller juridique de The Observer et qu’à ce titre il a ses entrées dans l’hebdomadaire. 

D'Eric Baker à Peter Archer en passant par Louis Blom-Cooper, ce furent les premiers compagnons de Peter Benenson dans l'aventure d'Amnesty.

En savoir plus sur : Avant Amnesty International

En savoir plus sur : Qu'est-ce qu'Amnesty International ?

Eric Baker, l'ingénieur 

Eric Baker, l'un des fondateurs d'Amnesty International - © DR

« Peter (Benenson), c’est l’inspiration, moi, je suis l’ingénieur », avait coutume de dire Eric Baker. Benenson-Baker, c’est le couple indissociable de la naissance d’Amnesty. Sans Benenson, l’idée d’un tel mouvement n’aurait pas surgi si tôt. Sans Baker, la flamme se serait éteinte très vite. Au moment de la création d’Amnesty, leur collaboration est essentielle.

Ces deux pièces d’un même puzzle se trouvent à la fin des années cinquante à propos du dossier chypriote. Eric Baker mène à Chypre quatre missions pour le Comité des affaires internationales et des amis de la paix, une émanation du mouvement Quaker dont il est un membre éminent. Peter Benenson s’y rend pour conseiller des juristes chypriotes grecs dont les clients sont poursuivis par le Royaume-Uni. 

Les deux hommes deviennent amis. Parce qu’ils partagent des préoccupations humanitaires mais aussi des questionnements religieux, voire philosophiques. Ils sont pourtant à l’opposé l’un de l’autre. Benenson est issu de la grande bourgeoisie, il a fréquenté les plus grandes écoles et dispose d’un énorme carnet d’adresses. Baker est un enfant adopté, élevé dans une famille modeste. C’est un militant dans l’âme : il a adhéré à 18 ans au mouvement Quaker - en tant qu’objecteur de conscience pendant la Seconde Guerre mondiale - il s’est occupé de camps de réfugiés et il a rempli la fonction de secrétaire général du National Peace Council de 1954 à 1959.  

Avant de décéder à 55 ans en 1976, Eric Baker a encore le temps d’occuper les fonctions de président de la section britannique, de vice-président du Comité exécutif international et de président du sous-comité pour l’abolition de la torture.  

Louis Blom-Cooper, le messager 

Fin 1960, Peter Benenson teste l’idée d’une campagne contre l’emprisonnement politique auprès de ses collègues avocats : « Louis Blom-Cooper, raconte-t-il, fut le premier de ceux qui m’encouragèrent à poursuivre. » Tous deux sont amis depuis le milieu des années cinquante. Blom-Cooper est aussi l’un des quatre observateurs internationaux que l’association Justice, fondée à l’initiative de Benenson, a envoyé en 1958 en Afrique du Sud, suivre le procès de 92 membres ou sympathisants de l’African National Congress (ANC).

Louis Blom-Cooper, tout comme Peter Benenson, est d’origine juive. Son père a émigré des Pays-Bas en Grande Bretagne dans les années 1880. Lui-même a beaucoup voyagé en Afrique, en Inde et en Birmanie.

Durant l'aventure de la création du mouvement, il ne se contente pas d’encourager Benenson. C’est lui même qui suggère de lancer l’appel de 1961 dans The Observer, journal dont il est le conseiller juridique. Et il se charge de convaincre le propriétaire, David Astor. Il fait ensuite partie du petit groupe qui se retrouve chaque semaine pour préparer la campagne de l’année 1961. 

Louis Blom-Cooper est un monument du monde juridique. Sa carrière lui a valu les plus grands honneurs. Anobli par la reine en 1992, ce qui lui vaut le titre de Sir Blom-Cooper, il aura été le premier commissaire indépendant pour les centres de rétention d’Irlande du Nord. De plus, il a été longtemps un membre éminent de Prisoners abroad, un organisme de bienfaisance qui soutient les Britanniques emprisonnés hors du Royaume-Uni.

Peter Archer, le baron 

Peter Archer et Peter Benenson sont tous deux avocats à Londres dans les années cinquante, concernés par la défense des droits de l’homme et membres du parti travailliste. La rencontre se fait vers 1953. Peter Archer suit l’autre Peter lors de la création de Justice en 1956, une association de juristes fondée pour dépasser les clivages politiques et envoyer des observateurs aux procès tenus pour trahison en Hongrie et en Afrique du Sud. Bien avant qu’un petit groupe se retrouve en 1961 pour préparer « l’Appel pour l’Amnistie », Peter Archer est l’une des rares personnes avec qui Peter Benenson discute de l’idée d’une campagne contre l’emprisonnement politique.

Après l’appel de 1961 et son succès, Peter Archer fait partie du « comité d’orientation » qui met en place les premières structures du mouvement. Son épouse organise le premier groupe local d’Amnesty. Lui préside la section britannique du mouvement de 1971 à 1974. 

Entre temps, il est élu en 1966 sous l’étiquette travailliste, au Parlement, où il devient la référence en termes de droits de l’homme. Dans les années qui suivent, il devient président de la Fabian Society, solliciteur général dans le gouvernement de Harold Wilson de 1974 à 1979 (1), président de la Société des avocats du mouvement syndical… En 1992, au moment où il quitte le Parlement, la reine le fait « baron Archer de Sandwell ».

(1) - Créée en 1884, la Fabian Society (Société des Fabiens) est un groupe de réflexion britannique réformateur, qui a participé à la création du Parti travailliste en 1900 ainsi qu'à la refonte de ce parti dans les années 1990.