« Je suis dans une villa, je suis otage, et cette villa a été transformée en prison, toutes les fenêtres ont des barreaux et je ne peux pas ouvrir les fenêtres. ». Depuis trois ans, Latifa Al-Maktoum, une princesse émirienne, est détenue arbitrairement.
Le 16 février 2021, le programme Panorama de la BBC diffusait des messages vidéos enregistrés en avril 2019 par la princesse émirienne Latifa, fille de Mohammed ben Rachid Al-Maktoum. Dans ces vidéos, elle déclare être détenue contre sa volonté.
Le contenu des vidéos enregistrées par Latifa Al-Maktoum est effrayant, et nous sommes extrêmement inquiets pour sa sécurité. D'autant plus que ses amis ont déclaré ne plus avoir eu de contact avec elle depuis des mois.
Séquestrée dans une cage dorée
Latifa Mohammed ben Rachid Al-Maktoum est assignée à domicile depuis presque trois ans, depuis qu’elle a tenté de fuir sa famille. En mars 2018, elle a été enlevée en mer, au large des côtes indiennes, et renvoyée de force à Dubaï. Elle a été victime d’un éventail d’atteintes aux droits humains, dont un enlèvement, un renvoi forcé et une détention au secret.
Latifa Al-Maktoum est peut-être détenue dans une “cage dorée”, mais cela ne change rien au fait que sa privation de liberté est arbitraire et que, compte tenu de sa nature prolongée, elle s’apparente à de la torture.
Un climat d'oppression
Nous saluons la déclaration publique des Nations unies indiquant que l’organisation soulèverait la question auprès des autorités. Cependant, les Émirats arabes unis ont fermé leurs portes à la surveillance des experts des Nations unies sur les droits civils et politiques depuis 2014.
Le cas de Latifa Al-Maktoum est également l’occasion de mener un plus vaste examen du bilan des Émirats arabes unis en matière de droits humains, que nous critiquons depuis des années. Les autorités émiriennes mènent une politique de répression systématique de toute forme de dissidence et de critique.
Depuis 2011, les autorités répriment systématiquement leurs détracteurs, parmi lesquels des militants, des juges, des avocats, des universitaires, des étudiants et des journalistes, en les soumettant à des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et de mauvais traitements. Le cas de Latifa Al-Maktoum est simplement l’exemple le plus médiatisé de ce climat d’oppression.
En novembre 2020, les Émirats arabes unis ont annoncé une vaste révision du code pénal et du code civil destinée à moderniser un certain nombre d’éléments liés au droit de la famille et au statut personnel, et nous saluons cette initiative. Cependant, l’analyse des textes de loi disponibles a révélé que ces modifications ne s’appliquent pas aux femmes émiriennes, ce qui crée un système à deux vitesses pour le traitement des femmes.
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