Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles
© AIZAR RALDES/AFP/Getty Images
Bolivie
Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 155 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Bolivie en 2023.
Le manque d’indépendance du pouvoir judiciaire demeurait un motif de préoccupation. Les autorités n’ont pas protégé les défenseur·e·s des droits humains. Les victimes d’atteintes aux droits humains attendaient des réparations. L’extraction minière non réglementée nuisait aux peuples indigènes. Les forces de sécurité s’en sont prises à des journalistes pendant des manifestations. Les autorités n’ont pas pris les mesures nécessaires pour combattre les incendies de forêt.
DROIT À UN PROCÈS ÉQUITABLE ET DROITS DES PERSONNES DÉTENUES
La Commission interaméricaine des droits de l’homme s’est rendue en Bolivie en mars et s’est particulièrement inquiétée de l’absence d’indépendance du pouvoir judiciaire à l’égard du gouvernement.
En août, la Commission a demandé aux autorités des informations sur l’état de santé de César Apaza, ancien dirigeant d’une association de producteurs et productrices de feuilles de coca. Arrêté à la suite de la violente répression par les forces de l’ordre de manifestations organisées par l’association, il était en détention provisoire depuis septembre 2022. Il a entamé une grève de la faim en septembre pour dénoncer l’injustice des poursuites judiciaires lancées contre lui et les mauvais traitements que lui infligeaient les autorités pénitentiaires.
DÉFENSEUR·E·S DES DROITS HUMAINS
Les autorités n’ont pas protégé les défenseur·e·s des droits humains. Selon des organisations locales, les défenseur·e·s de l’environnement demeuraient parmi les personnes les plus en danger.
Le 2 juin, des dizaines de personnes ayant des liens présumés avec le parti politique au pouvoir ont attaqué et occupé les bureaux de l’Assemblée permanente de défense des droits humains (APDH), une ONG siégeant à La Paz. À la suite de cette incursion, la présidente de l’APDH, Amparo Carvajal, une militante âgée de 84 ans, a manifesté silencieusement à l’extérieur des locaux de l’organisation pendant 52 jours. Les autorités n’ont pas veillé à la sécurité ni à la santé d’Amparo Carvajal et de ses collègues pendant ce sit-in. Le consul d’Espagne en Bolivie a négocié et facilité l’évacuation du groupe qui occupait le local, ce qui a mis un terme à cette action de protestation pacifique. L’APDH n’avait pas repris son fonctionnement normal à la fin de l’année.
DROIT À LA VÉRITÉ, À LA JUSTICE ET À DES RÉPARATIONS
La Commission interaméricaine des droits de l’homme a publié en octobre son premier rapport de suivi de l’application des recommandations faites par son Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants en réponse à la crise politique de 2019. Au moins 37 personnes avaient trouvé la mort et des centaines d’autres avaient été blessées par les forces de sécurité lors de ces événements. La Commission a certes constaté quelques avancées en matière de soutien aux victimes, mais elle a observé que les enquêtes sur les violations graves des droits humains commises avaient peu progressé et qu’aucun programme complet de réparation n’avait été mis en œuvre.
DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES
L’État a annoncé le début de la phase de mise en œuvre d’un plan national visant à réduire l’exposition des populations indigènes aux rejets non réglementés de mercure provenant des activités d’extraction d’or. Aucune précision n’a été donnée sur la manière dont ce plan allait être appliqué. En attendant, les autorités ont continué d’autoriser de nouveaux projets d’exploitation aurifère, ce qui augmentait le risque de contamination au mercure dans plusieurs localités du pays.
LIBERTÉ D’EXPRESSION ET DE RÉUNION
Les services du défenseur des droits ont signalé en janvier plusieurs cas de recours excessif à la force par la police lors d’une série de manifestations qui se sont tenues à la suite de l’arrestation du gouverneur du département de Santa Cruz, Luis Fernando Camacho. Des organisations de la société civile ont recensé 75 attaques contre des journalistes au cours de ces manifestations.
DROIT À UN ENVIRONNEMENT SAIN
La Bolivie s’était engagée à maintenir son couvert forestier mais, selon les défenseur·e·s des droits humains, les autorités n’ont pas fait le nécessaire pour abroger les lois qui depuis des années favorisaient l’agro-industrie et les industries extractives, et permettaient ainsi la déforestation.
Les militant·e·s ont aussi dénoncé l’insuffisance des mesures prises pour empêcher la survenue à la fin de l’année d’une saison d’incendies de forêt que le changement climatique rendait d’autant plus intense.