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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

© Amr Abdallah Dalsh/REUTERS

© Amr Abdallah Dalsh/REUTERS

Guinée Équatoriale

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 155 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Guinée Équatoriale en 2023.

Le droit à la liberté d’expression a cette année encore été soumis à des restrictions. L’année a été marquée par le procès militaire de membres de l’opposition, ainsi que par des détentions arbitraires et des allégations de torture et d’autres mauvais traitements, dont au moins un cas d’allégation de mort en détention consécutive à des actes de torture. Les persécutions à l’encontre des personnes LGBTI ont perduré.

CONTEXTE

Le 31 janvier, Manuela Roka Botey a été nommée Première ministre par le chef de l’État ; elle est ainsi devenue la première femme dans l’histoire du pays à occuper cette fonction. Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo avait été réélu pour un sixième mandat en novembre 2022 avec 95 % des suffrages exprimés, selon la Commission électorale nationale.

Selon la Banque mondiale, les prix des produits alimentaires et le taux d’insécurité alimentaire sont restés élevés, particulièrement au sein de la population rurale. En raison de la trop grande dépendance du pays aux importations alimentaires (80 %), les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement résultant de la guerre en Ukraine et des suites de la pandémie de COVID-19 ont contribué à la hausse du prix des produits alimentaires.

L’épidémie de maladie à virus Marburg a causé la mort d’au moins 12 personnes.

LIBERTÉ D’EXPRESSION

La Guinée équatoriale s’est positionnée au 120e rang de la liste des 180 pays figurant dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2023 établi par Reporters sans frontières. Le gouvernement a continué de surveiller de près les médias et la censure est demeurée la norme. Il n’existait pas de médias indépendants. L’arsenal juridique réprimant l’exercice du droit à la liberté d’expression et de la liberté de la presse, notamment le recours fréquent à la législation relative à la calomnie et à la diffamation, a continué d’encourager l’autocensure.

PROCÈS INÉQUITABLES

En juin, Gabriel Nse Obiang Obono, dirigeant du parti d’opposition interdit Citoyens pour l’innovation (CI), a été condamné par un tribunal militaire à 29 ans de réclusion pour « homicide, exercice abusif des droits fondamentaux, insulte aux forces de sécurité » et « possession illégale de munitions ». Il avait été arrêté en septembre 2022 après le siège par la police des locaux de son parti à Malabo, la capitale du pays. Plusieurs dizaines de personnes soutenant son parti qui avaient été arrêtées en même temps que lui ont été déclarées coupables des mêmes infractions et condamnées à des peines de neuf à 29 ans d’emprisonnement.

Le militant des droits humains Anacleto Micha Ndong Nlang a d’abord été inculpé des mêmes infractions en lien avec les mêmes faits alors qu’il avait été arrêté quatre jours avant les autres personnes, au moment où il s’était rendu dans les locaux du parti pour voir si les personnes assiégées avaient besoin d’aide. Les charges retenues contre lui ont par la suite été remplacées par une inculpation d’« outrage à l’autorité publique » et l’affaire a été renvoyée devant un tribunal civil. Le 19 mai, il a été condamné à six mois d’emprisonnement et à une amende de 100 000 francs CFA (environ 152 euros). Il a été remis en liberté le 23 juin, presque neuf mois après son arrestation.

TORTURE ET AUTRES MAUVAIS TRAITEMENTS

En janvier, la formation d’opposition basée en Espagne Mouvement pour la libération de la Troisième République de Guinée équatoriale (MLGE3R) a annoncé la mort en détention de l’un de ses principaux militants, Julio Obama Mefuman, détenteur de la double nationalité espagnole et équato-guinéenne, et a accusé les autorités d’avoir torturé cet homme à plusieurs reprises. Il purgeait une peine de 60 ans de réclusion dans la prison d’Oveng Azem pour participation à une tentative de coup d’État présumée. Le ministre des Affaires étrangères, Simeón Oyono Esono Angué, a confirmé que Julio Obama Mefuman était décédé dans un hôpital de Mongomo des suites d’une maladie, mais a réfuté les accusations de torture.

Julio Obama Mefuman est mort moins de deux semaines après l’ouverture d’une enquête par l’Audience nationale espagnole sur Carmelo Ovono Obiang, le fils du président équato-guinéen, et deux autres représentants de l’État. Les trois hommes étaient soupçonnés d’avoir enlevé et torturé quatre membres du MLGE3R (Julio Obama Mefuman, un autre binational et deux Équato-guinéens qui vivaient en Espagne).

Le 16 février, le Parlement européen a adopté une résolution déplorant la stratégie du régime en Guinée équatoriale consistant « à persécuter et à réprimer ses opposants politiques », ainsi que la mort en détention de Julio Obama Mefuman, et demandant une enquête internationale indépendante. Les trois représentants de l’État mis en cause ne se sont pas présentés devant l’Audience nationale espagnole en mars. L’Audience nationale espagnole a ordonné le rapatriement en Espagne du corps de Julio Obama Mefuman, mais cette demande n’a pas été suivie d’effets.

En avril, le ministère équato-guinéen des Affaires étrangères a fait savoir au gouvernement espagnol qu’une enquête avait été ouverte concernant les informations selon lesquelles les quatre hommes avaient été torturés, revendiquant ainsi sa compétence dans cette affaire. La procédure judiciaire en Espagne était toujours en cours à la fin de l’année.

DÉTENTION ARBITRAIRE

De jeunes hommes ont été maintenus en détention de façon arbitraire à la suite d’une « opération de nettoyage » menée par les autorités contre des bandes criminelles de jeunes. En février, Pablo Santiago Nsue Ondo Angue, un jeune homme de 22 ans qui avait été arrêté dans le cadre de cette opération, est mort dans la prison d’Oveng Azem des suites d’un arrêt cardiorespiratoire. Il avait été maintenu en détention malgré la décision judiciaire d’octobre 2022 lui accordant une remise en liberté.

DROITS DES LESBIENNES, DES GAYS ET DES PERSONNES BISEXUELLES, TRANSGENRES OU INTERSEXES

En mai, l’organisation de défense des droits des personnes LGBTI Somos Parte del Mundo a publié un rapport dénonçant les actes de torture qui auraient été infligés à 12 personnes LGBTI par les autorités. Le 10 juillet, les locaux de cette organisation à Malabo auraient été fouillés par les forces de sécurité sans autorisation de perquisition.

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