En octobre dernier le gouvernement promettait l’abolition totale de la peine de mort. Aujourd’hui, il propose de laisser aux juges le choix de l'appliquer ou pas pour 11 infractions du Code pénal. Un tout premier pas vers l’abolition totale.
Le 13 mars, le vice-ministre en charge de de la Loi, Mohamed Hanipa Maidin, a annoncé au Parlement que le gouvernement proposait d’introduire une disposition laissant le choix de la peine à la discrétion des juges pour 11 infractions inscrites dans le Code pénal et dans la Loi de 1971 relative aux armes à feu. Ces textes de loi comportent actuellement la peine de mort automatique.
Dotés du pouvoir de discrétion lors du prononcé du jugement, les juges pourraient examiner la situation particulière de l’accusé, et de l’infraction commise, et prendre en compte d’éventuelles circonstances atténuantes – ce qui pourrait se traduire par une diminution du nombre de condamnations à mort.
Le projet de loi devrait être examiné par le Parlement lors de la session en cours, qui se termine le 11 avril.
Une promesse non tenue
Cette nouvelle disposition de loi représente un changement décisif dans le droit malaisien, mais ne constitue qu’un tout premier pas vers l’abolition totale de la peine capitale.
En octobre 2018, le gouvernement s’était engagé à abolir la peine de mort en totalité.
Aujourd’hui, l’annonce de l’abolition de l’application automatique de la peine de mort pour 11 infractions apparaît comme un compromis édulcoré. Le gouvernement semble avoir cédé à la pression politique et publique en faveur du maintien de la peine capitale.
La peine capitale est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, et il n’a pas sa place dans une société civilisée.
Qu’elle soit automatique ou laissée à la discrétion des juges, la peine de mort n’a pas d’effet dissuasif et ne permet pas de réduire la criminalité. Elle ne fait que perpétuer le cycle de la violence au sein de la société.
Nous demandons au gouvernement malaisien de tenir sa promesse d’octobre dernier : abolir la peine de mort définitivement. Cela illustrerait l’engagement de la Malaisie en faveur de la promotion et de la protection des droits humains et aurait un large écho dans la région de l’Asie du Sud-Est.
Entre-temps, il est important que le moratoire sur toutes les exécutions instauré en juillet dernier soit maintenu.
Non à l'exécution d'Hoo Yew Wah
Dites non à la condamnation à mort de ce jeune malaisien.