Aller au contenu
Agir
Faire un don
ou montant libre :
/mois
Grâce à la réduction d'impôts de 66%, votre don ne vous coûtera que : 5,1 €/mois
URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Oyoub Titiev derrière les barreaux © Amnesty International

Oyoub Titiev derrière les barreaux © Amnesty International

Liberté d'expression

Oyoub Titiev

Responsable du bureau de Grozny (Tchétchénie) de l’ONG Memorial depuis plusieurs année, Oyoub Titiev est menacé depuis de nombreuses années en raison de son travail de défense des droits humains.

Mise à jour du 18/03/2019 : Le 18 mars, le tribunal de la ville de Chali, en Tchétchénie, a condamné Oyoub Titiev à quatre ans de colonie pénitentiaire. Malgré les nombreuses incohérences dans les témoignages et les preuves à charge fabriquées de toute pièce (ce qui a été démontré par les avocats de la défense), Oyoub a été reconnu coupable de «possession de drogue» au titre de l’article 228, deuxième partie du Code pénal russe. Avant la condamnation, il a passé un an et deux mois derrière les barreaux en détention provisoire.

Mise à jour 12/10/2018 : L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe vient de décerner à Oyoub Titiev le prix Václav Havel pour les droits humains. En honorant Oyoub Titiev avec cette récompense, la communauté internationale a adressé un message fort à ceux qui tentent de le réduire au silence, leur signifiant qu'ils n'y sont pas parvenus. Voici le texte du discours d'acceptation d'Oyoub Titiev, lu par un de ses collègues. La vidéo de son discours peut être visionnée ici (commence à 56:50) En anglais.

Oyoub a été arrêté le 9 janvier 2018 sur la base d’accusations de détention de stupéfiants forgées de toutes pièces. Il a été arrêté dans sa voiture par la police et détenu au secret pendant plusieurs heures.

En détention provisoire depuis son arrestation, Oyoub Titiev risque jusqu’à dix ans d'emprisonnement dans un contexte où le président tchétchène traite les défenseurs des droits humains «d’ennemis» n’ayant pas leur place en Tchétchénie.

Une arrestation pour le faire taire

Avant son arrestation, Oyoub Titiev travaillait sur l’affaire concernant 27 Tchétchènes qui auraient été abattus par la police dans la nuit du 26 janvier 2017.

Les collègues d’Oyoub Titiev pensent que sa détention est une tentative des autorités d’entraver son travail de défense des droits humains. Les accusations à son encontre n'ont d'autre but que de le faire taire.

Son arrestation s’inscrit dans la lignée de la répression à l’encontre des défenseurs des droits humains en Tchétchénie, qui a conduit notamment à l’assassinat, en juillet 2009, de Natalia Estemirova, de la même ONG, un crime toujours impuni à ce jour.

Lire aussi : Russie : museler les défenseurs des droits humains

Des accusations qui ne tiennent pas

Oyoub Titiev est un musulman pratiquant qui respecte strictement toutes les règles. Il ne boit pas et ne fume pas, et ne consomme a fortiori pas de stupéfiants. Il a été professeur d’éducation physique et est entraîneur de boxe. Il va régulièrement en salle de sport et fait du jogging.

Le 19 janvier (soit 10 jours après l’arrestation d’Oyoub), des policiers ont perquisitionné les bureaux de l’ONG Memorial à Grozny.

Ils auraient trouvé des « preuves » lors de cette perquisition, notamment une cigarette fraichement roulée contenant une substance identifiée comme du cannabis, « preuve », qui en toute probabilité a été placée par la police elle-même.

Quant à sa famille, elle a été soumise à des pressions et a dû quitter la Tchétchénie.

Oyoub Titiev a également subi des pressions en prison visant à lui extorquer de faux aveux. Il existe un fort risque qu’il soit aussi torturé.

Une ONG dans le viseur du gouvernement

Le bureau de Grozny s'intéresse aux crimes commis durant les deux guerres russo-tchétchènes, et aux violences qui perdurent.

La république du Caucase du Nord a été le théâtre de graves crimes commis contre la population civile. Des villages entiers ont été détruits. Une technique de répression souvent accompagnée de meurtres et d'enlèvements, connue sous le nom de zatchistka (nettoyage en russe).

L'ONG s'occupe également des cas de torture et fournit une assistance juridique aux victimes et à leur famille. L'ONG est en situation de conflit avec le pouvoir depuis des années. Les bureaux ont été attaqués ou incendiés à de multiples reprises ces dernières années.

Après l’arrestation d’Oyoub Titiev, les pressions se sont intensifiées.

L’avocat d’Oyoub Titiev, Petr Zaïkine, a signalé qu’il était surveillé en Tchétchénie.

Le 22 janvier, la voiture qui appartenait à Memorial et que Peter utilisait a été incendiée. Dans la nuit du 17 janvier, des hommes masqués non identifiés ont mis le feu aux bureaux de Memorial en Ingouchie, une république voisine.

À peu près au même moment, des membres du personnel du bureau de Memorial au Daghestan ont reçu des menaces de mort sur leurs téléphones portables. Le 28 mars, des agresseurs non identifiés ont attaqué et violemment frappé le responsable de Memorial au Daghestan, Sirajoudine Datsiev.

L’arrestation d’Oyoub Titiev est un signal fort de la part des autorités tchéchènes, elles veulent voir cesser toutes les activités de l’ONG Memorial qui œuvre depuis 25 ans sur ce territoire pour protéger et défendre les droits humains.

Si l’ONG Memorial était obligée de quitter la Tchétchénie, il ne resterait plus aucune organisation dans le pays pour rendre compte des violations des droits humains et défendre les victimes, l’impunité serait totale.

Actualités