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Algérie. Les autorités doivent abandonner les accusations sans fondement retenues contre le militant du Hirak Mohamed Tadjadit
À l’approche du procès, prévu le 18 juillet, de Mohamed Tadjadit, militant de premier plan du Hirak également appelé le « poète du Hirak », qui est détenu arbitrairement depuis sept mois en raison de propos critiques tenus sur les réseaux sociaux et dans des conversations privées en ligne, Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, a déclaré :
« En s’en prenant sans relâche à Mohamed Tadjadit, les autorités algériennes démontrent une nouvelle fois que leur répression de la dissidence pacifique se poursuit. Une fois de plus, les autorités ont recours de manière abusive à des accusations de terrorisme pour faire taire et sanctionner des personnes, créant un climat de peur pour les personnes souhaitant exprimer des opinions critiques. C’est la cinquième fois que Mohamed Tadjadit est poursuivi en justice depuis 2019.
« Le maintien de Mohamed Tadjadit en détention provisoire depuis sept mois est profondément injuste. Les autorités algériennes doivent le libérer et abandonner toutes les poursuites engagées contre lui, car elles découlent du seul exercice de ses droits humains.
« À l’approche des élections présidentielles de septembre, il est essentiel que les autorités algériennes veillent à ce que chacun·e, y compris les personnes qui critiquent le gouvernement, puisse exercer ses droits aux libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association. »
Complément d’information
Le 29 janvier 2024, les autorités algériennes ont arrêté Mohamed Tadjadit à son domicile à Alger et ont ordonné son placement en détention provisoire. Le 31 janvier, il a comparu devant un procureur et un juge d’instruction au tribunal de Rouiba, à Alger, en l’absence d’un·e avocat·e, et a été interrogé à propos d’accusations d’« apologie du terrorisme » et d’« utilisation des technologies de communication pour soutenir les actions et les activités d’organisations terroristes », au titre des articles 87 bis 4 et 12 bis du Code pénal, en raison de communications en ligne avec des personnes que les autorités algériennes ont par la suite qualifiées de terroristes.
Parmi les autres éléments de preuve présentés contre Mohamed Tadjadit dans le cadre de l’enquête figurent notamment des vidéos qu’il a publiées sur ses comptes personnels Facebook et TikTok, critiquant les autorités algériennes et commentant la situation politique et les conditions socio-économiques.
Entre 2019 et 2022, les autorités ont poursuivi Mohamed Tadjadit, appelé le « poète du Hirak », dans le cadre de quatre affaires distinctes au moins, toutes liées à sa participation à des manifestations pacifiques ou à l’exercice de son droit à la liberté d’expression.
Au cours des cinq dernières années, les autorités algériennes ont renforcé leur répression des droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique, en prenant pour cible les voix dissidentes, qu’il s’agisse de manifestant·e·s, de journalistes ou de personnes exprimant leurs opinions sur les réseaux sociaux. Depuis 2021, les autorités algériennes ont eu recours à plusieurs reprises à des accusations de terrorisme sans fondement pour s’en prendre à des personnes exprimant des opinions critiques.
En décembre 2021, une analyse juridique de procédures spéciales de l’ONU (OL DZA 12/2021) a conclu que le cadre juridique algérien en matière de lutte contre le terrorisme, et notamment sa définition des crimes terroristes et sa procédure de désignation de personnes comme terroristes – est en directe opposition avec les meilleures pratiques du droit international relatif aux droits humains.
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