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Belgique. Les manquements persistants en matière d’accueil bafouent les droits et la dignité des personnes en quête d’asile

Les autorités belges continuent de priver d’accueil des milliers de personnes demandeuses d’asile, les forçant à rester sans logement, en violation des obligations du pays découlant du droit international, européen et belge, a déclaré Amnesty International jeudi 3 avril.

Dans un nouveau rapport, intitulé Ni logé·e·s, ni écouté·e·s. Les manquements persistants de la Belgique en matière d’accueil bafouent les droits des personnes demandeuses d’asile, Amnesty International montre les conséquences des actions des autorités belges depuis octobre 2021 sur la vie, la dignité et les droits humains des personnes en quête d’une protection internationale. L’organisation révèle la discrimination à l’encontre des hommes célibataires racisés et le précédent inquiétant que crée le non-respect des obligations internationales et des décisions de justice.

En 2021, la Belgique a connu une hausse du nombre de demandes d’asile à l’issue de la première année de la pandémie de COVID-19. Depuis, les autorités belges ont continuellement échoué à adapter le système d’accueil aux exigences de cette nouvelle situation, notamment en augmentant le nombre de places d’accueil disponibles. Pendant cette période, elles ont principalement refusé l’accueil à des hommes célibataires racisés ayant sollicité l’asile. Actuellement, plus de 2 500 personnes sont inscrites sur une liste d’attente pour bénéficier d’un accueil.

À ce jour, l’État belge s’est vu ordonner à plus de 12 000 reprises par des juridictions nationales et internationales de fournir un accueil aux personnes concernées. Il a systématiquement refusé d’appliquer pleinement ces décisions de justice, même lorsqu’elles étaient définitives et juridiquement contraignantes.

En 2025, le nouveau gouvernement fédéral de la Belgique a annoncé qu’il adopterait « la politique migratoire la plus stricte possible ». Amnesty International craint que les projets de ce dernier n’aggravent encore davantage la situation des personnes demandeuses d’asile.

« Les manquements de la Belgique en matière d’accueil ne sont pas dus à un manque de ressources, mais de volonté politique, a déclaré Eva Davidova, porte-parole d’Amnesty International Belgique (section flamande).

« Le précédent gouvernement avait largement le temps de remédier à cette situation de sans-abrisme et ne l’a pas fait. Le gouvernement actuel se préoccupe plus de réduire le nombre de personnes obtenant l’asile que de traiter les préjudices très réels infligés aux personnes en quête d’asile qui sont actuellement dans le pays. L’ampleur et la durée du non-respect des décisions de justice par la Belgique pose des questions quant à l’espoir que peuvent encore avoir les détenteurs de droits d’amener les autorités belges à rendre des comptes, en particulier pour les personnes marginalisées et racisées comme celles touchées par cette situation. »

Le rapport se fonde sur des recherches menées par Amnesty International entre octobre 2024 et janvier 2025, notamment des entretiens avec des personnes demandeuses d’asile qui ont vécu sans logement en Belgique entre 2021 et 2024. Amnesty International s’est également entretenue avec des avocat·e·s spécialistes du droit relatif à l’immigration et des représentant·e·s d’organisations de la société civile.

Conditions de vie déplorables et obstacles aux soins

Les personnes en quête d’asile qui se sont vu refuser l’hébergement se retrouvent souvent contraintes de dormir dans la rue ou dans des squats. Elles sont confrontées à de nombreux obstacles pour accéder aux soins de santé, ce qui entraîne une nouvelle détérioration de leur situation.

Sayed, un jeune homme originaire d’Afghanistan, a passé plusieurs mois dans le « Palais des droits », un squat tristement célèbre situé à Bruxelles, entre octobre 2022 et janvier 2023. « Au début, c’était suffisant, il y avait des toilettes et des douches, et des gens amenaient de la nourriture l’après-midi. Mais progressivement, c’est devenu un cimetière. Les douches et les toilettes étaient cassées, à cause de l’usure… De l’urine coulait jusqu’à l’endroit où on dormait. »

Ahmet et Baraa, deux Palestiniens qui ont fui Gaza, sont arrivés en Belgique en septembre 2024. Ils ont vécu dans un squat qui hébergeait six ou sept personnes par pièce. Ahmet a indiqué qu’il n’y avait ni eau chaude, ni matelas et pas assez de couvertures : « Il faisait froid. […] On pourrait mourir de faim sans que personne ne le sache. Personne ne vous aidera. » Les deux hommes ont vécu d’immenses souffrances personnelles en Palestine. Ahmet a déclaré : « J’ai perdu de nombreux proches et amis. Ma mère est gravement blessée, mes frères et ma sœur aussi. Je me mettais à leur place : “Je dois juste survivre.” »

Des organisations de la société civile et des bénévoles ont fait preuve d’une empathie et d’une solidarité admirables envers les personnes concernées, en se mobilisant pour leur apporter une aide d’urgence, mais leurs ressources sont limitées et il ne peut être attendu que leurs seuls efforts remédient aux insuffisances de l’État.

« Les gens comprenaient notre souffrance, mais pas les autorités », s’est souvenu Sayed.

Incidences à long terme de la privation de logement

L’absence de logement a également un grave impact sur les perspectives d’avenir de ces personnes en Belgique car elle limite leur accès au marché du travail et à l’éducation. Des personnes interrogées par Amnesty International ont souligné qu’elles n’avaient pas le droit de travailler parce qu’elles n’avaient pas d’adresse fixe.

Baraa, un homme de Gaza, a expliqué qu’il aspirait « à une vie simple, des droits essentiels, un emploi, de la nourriture dans [son] ventre et à vivre comme une personne normale », et ajouté : « Nous avions une vie à Gaza, mais il nous manquait la sécurité, et c’est pour cela que nous sommes partis. C’est pour cela que nous sommes venus ici : pour trouver un lieu sûr. »

« Ce rapport doit alerter le gouvernement belge et l’UE. La Belgique est en train de fabriquer une crise du sans-abrisme qui aura assurément des incidences néfastes à long terme sur la vie et la dignité des personnes, tandis que la société civile doit se débrouiller pour faire face. Sans intervention urgente, cette crise s’aggravera, les droits des personnes demandeuses d’asile continueront d’être bafoués et l’engagement du pays et de l’UE en faveur des droits humains sera encore plus affaibli », a déclaré Eva Davidova.

Plus d’excuses, la Belgique comme l’UE doivent agir

Amnesty International appelle le gouvernement belge à prendre immédiatement des mesures pour que le nombre de places d’accueil soit suffisant et que toutes les personnes sollicitant l’asile bénéficient de conditions d’hébergement adéquates. Il doit veiller à ce que ces personnes aient accès à des services de santé adaptés, notamment à un soutien psychologique spécialisé, quelle que soit leur situation en matière de logement. Les autorités belges doivent en outre activer les « plans de répartition » prévus par le droit national et mettre en œuvre des plans d’urgence pour gérer les fluctuations du nombre de demandes d’asile.

Dans l’attente de ces mesures, l’organisation engage le gouvernement belge à apporter un soutien financier et logistique aux organisations de la société civile qui aident les personnes en quête d’asile afin qu’elles puissent poursuivre leur travail essentiel pour compenser l’inaction de l’État.

La Commission européenne doit veiller à ce que la Belgique respecte la directive relative aux conditions d’accueil, en ouvrant des procédures d’infraction le cas échéant. Les manquements de ce pays en matière d’accueil ne sont pas un problème isolé, mais une mise à l’épreuve des engagements de l’UE en faveur du respect des droits humains fondamentaux.

Complément d’information

Le refus persistant des autorités belges de respecter les droits fondamentaux des personnes en quête d’asile dure depuis 2021 et a déjà été dénoncé par Amnesty International, mais cette nouvelle publication met en évidence ses conséquences humaines.

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