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International. Les Nations unies doivent respecter les droits humains lorsqu’elles luttent contre l’antisémitisme

Amnesty International se joint à une coalition d’organisations de la société civile, afin de demander aux Nations unies de se garder d’approuver ou d’adopter une définition de l’antisémitisme qui a été utilisée afin d’étouffer les critiques portant sur les violations des droits humains commises par les autorités israéliennes. Dans une lettre ouverte, les 104 organisations ont exhorté les Nations unies à garantir que leurs efforts cruciaux visant à combattre l’antisémitisme ne renforcent ni ne cautionnent des politiques et des lois qui fragilisent les droits humains.  

Les Nations unies élaborent actuellement un plan d’action pour une réponse coordonnée et renforcée face à l’antisémitisme, qui soit axée sur le respect des droits humains. Certains États membres ont recommandé que les Nations unies adoptent dans le cadre de ce plan la définition de l’antisémitisme, non contraignante juridiquement, proposée et adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). De nombreux spécialistes de l’antisémitisme et des études juives, ainsi que des groupes palestiniens, israéliens et internationaux de défense des droits humains ont remis en question la définition de l’IHRA, qui a été utilisée afin d’étouffer les débats et critiques concernant le bilan du gouvernement israélien en matière de droits humains. 

Si les Nations unies adoptent ou approuvent la définition de l’IHRA, cela encouragera certains gouvernements à restreindre les critiques légitimes suscitées par les politiques du gouvernement israélien, et à étouffer les appels croissants en faveur de la fin du système d’apartheid imposé par Israël aux Palestinien·ne·s. 

Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International

« Il est essentiel d’élaborer un plan exhaustif afin de combattre l’antisémitisme dans le monde. L’adoption ou l’approbation de la définition de l’IHRA par les Nations unies représenterait cependant une grave menace pour les droits fondamentaux des Palestinien·ne·s, et pour le droit à la liberté d’expression dans le monde. Au fil des années, la définition de l’IHRA a été instrumentalisée à de nombreuses reprises afin d’empêcher que des critiques soient formulées contre les politiques du gouvernement israélien, en les qualifiant à tort d’antisémites », a déclaré Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. 

« Si les Nations unies adoptent ou approuvent la définition de l’IHRA, cela encouragera certains gouvernements à restreindre les critiques légitimes suscitées par les politiques du gouvernement israélien, et à étouffer les appels croissants en faveur de la fin du système d’apartheid imposé par Israël aux Palestinien·ne·s. Qualifier d’antisémites des critiques légitimes du bilan d’Israël en matière de droits humains compromet la lutte contre le véritable antisémitisme. Nous demandons aux Nations unies de faire en sorte que leurs initiatives vitales visant à combattre l’antisémitisme respectent, protègent et promeuvent les droits humains. » 

Qualifier d’antisémites des critiques légitimes du bilan d’Israël en matière de droits humains compromet la lutte contre le véritable antisémitisme.

Heba Morayef

La définition de travail de l’IHRA est accompagnée d’une liste de ce que l’IHRA décrit comme des « exemples contemporains d’antisémitisme ». Plusieurs de ceux-ci sont cependant rédigés de telle manière que certains discours critiques légitimes, pleinement protégés par la liberté d’expression en vertu du droit international, sont qualifiés d’antisémites. La lettre met en avant deux de ces exemples :  

« Dénier au peuple juif son droit à l’autodétermination, par exemple en affirmant que l’existence de l’État d’Israël est une entreprise raciste » ; et « Appliquer le principe du deux poids, deux mesures en exigeant [d’Israël] un comportement qui n’est ni attendu ni exigé de la moindre autre nation démocratique. » 

La lettre explique que ces exemples ont été cités à de nombreuses reprises, notamment par des gouvernements et des universités, dans de fausses allégations d’antisémitisme formulées contre des personnes ayant critiqué les politiques du gouvernement israélien contre les Palestinien·ne·s. 

La coalition a retenu deux autres définitions de l’antisémitisme mises en avant depuis 2021 : celle de la Déclaration de Jérusalem sur l’antisémitisme, approuvée par des centaines d’universitaires spécialistes de l’antisémitisme, de l’Holocauste, des études juives et du Moyen-Orient ; et celle du Nexus Document, émanant d’un groupe de réflexion affilié à Bard College et à l’université de Californie du Sud. Ces autres définitions proposent des orientations précisant les contours des discours et des actions légitimes autour d’Israël et de la Palestine, et sont moins susceptibles d’être utilisées à mauvais escient pour réprimer les débats et le militantisme.  

Complément d’information

La lettre ouverte est adressée à António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, et à Miguel Ángel Moratinos, le secrétaire général adjoint. M. Moratinos occupe la fonction de haut-représentant des Nations Unies pour l’Alliance des civilisations, et a été désigné comme coordinateur d’un travail de suivi sur l’antisémitisme.

Les signataires incluent Amnesty International et Human Rights Watch ; des organisations palestiniennes telles que Al Haq et Al Mezan ; des organisations israéliennes telles que B’Tselem et Breaking the Silence ; et de nombreux groupes mondiaux et nationaux juifs tels que Jewish Voice for Peace et le Jewish Network for Palestine.

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