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Israël/TPO. Une nouvelle coupure totale des communications à Gaza est imminente si l’approvisionnement en carburant n’est pas rétabli
La bande de Gaza occupée sera probablement plongée dans une nouvelle coupure totale des communications jeudi 16 novembre si un approvisionnement suffisant en carburant n’est pas immédiatement fourni, ce qui aggravera une situation humanitaire déjà catastrophique, a déclaré Amnesty International le 15 novembre 2023.
Aujourd’hui, le groupe Paltel et Jawwal, deux des plus grandes compagnies de télécommunications de la région, ont publié une déclaration conjointe affirmant que leurs principaux serveurs de données et commutateurs s’éteignaient progressivement du fait de l’épuisement du carburant. La coupure des communications à laquelle Paltel et Jawwal font face ne pourra pas être réparée tant que l’approvisionnement en carburant ne sera pas rétabli – et comme il s’agit de deux des plus grands opérateurs de la région, les conséquences seraient dévastatrices.
Le refus d’Israël d’acheminer suffisamment de carburant et de rétablir l’électricité entraînera l’arrêt complet du réseau de communications de Gaza. Cette situation affecte gravement la fourniture de services vitaux aux derniers centres médicaux au bord de l’effondrement, qui soignent des milliers de victimes de l’offensive contre Gaza, et entrave le sauvetage des blessés piégés sous les décombres des bâtiments écroulés.
Rasha Abdul Rahim, directrice adjointe d’Amnesty Tech
Le 15 novembre, Israël a autorisé la première livraison de carburant par un seul camion de 24 000 litres de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui a pu entrer dans Gaza, mais cela couvre à peine 9 % des besoins quotidiens en carburant. Alors que d’autres camions sont disponibles à la frontière, Israël continue de bloquer leur entrée.
« Le refus d’Israël d’acheminer suffisamment de carburant et de rétablir l’électricité entraînera l’arrêt complet du réseau de communications de Gaza. Cette situation affecte gravement la fourniture de services vitaux aux derniers centres médicaux au bord de l’effondrement, qui soignent des milliers de victimes de l’offensive contre Gaza, et entrave le sauvetage des blessés piégés sous les décombres des bâtiments écroulés. L’effondrement des services de communication ne ferait qu’aggraver cette situation, qui pourrait en soi constituer une violation du droit international, a déclaré Rasha Abdul Rahim, directrice adjointe d’Amnesty Tech.
« L’entrée immédiate de quantités adéquates de carburant est essentielle pour permettre au système de santé de fournir des services vitaux. Autoriser l’entrée du carburant et rétablir l’électricité est un impératif humanitaire urgent, qui ne doit souffrir aucun retard. »
Depuis le 11 octobre, l’accès aux réseaux de communication à Gaza est inférieur à 30 % par rapport aux niveaux antérieurs au conflit selon les données de IODA et Netblocks. En cas de nouvelle coupure totale des télécommunications, les habitant·e·s de Gaza seront coupés les uns des autres et du reste du monde, et les personnes blessées et piégées sous les décombres ne pourront pas être secourues. Ils n’auront pas accès à des informations vitales, notamment pour trouver des zones où se mettre en sécurité ou contacter les services d’urgence. Le travail crucial des organismes humanitaires sera gravement perturbé, car les employé·e·s ne pourront pas maintenir le contact.
En outre, il est bien établi que les coupures de communications empêchent les organisations internationales et locales de recenser les violations des droits humains – comme les homicides illégaux ou l’usage disproportionné de la force par les forces de sécurité. Les activités telles que la libre expression contre les politiques gouvernementales et le recueil et la diffusion d’informations sur les violations des droits humains reposent sur la capacité d’avoir accès aux communications et à Internet.
Le droit international relatif aux droits humains protège ces activités et interdit les coupures injustifiées d’Internet. À Gaza, la fermeture des communications peut servir de couverture à de graves violations du droit international qui se poursuivent sous un voile d’obscurité et faciliter l’impunité pour des crimes relevant du droit international.
À ce jour, 15 fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et ASN ont subi des coupures presque totales, affectant leurs communications sur les lignes téléphoniques fixes et mobiles ainsi que sur Internet dans la bande de Gaza. Elles s’inscrivent dans le contexte du bombardement incessant de Gaza, notamment des attaques illégales et menées sans discrimination qui anéantissent des familles entières et détruisent des infrastructures civiles, y compris de communication.
Comme l’ont confirmé des organisations telles qu’Access Now, les coupures à Gaza sont le résultat d’attaques directes visant des infrastructures de communication, associées à des perturbations techniques des services.
« Alors que les frappes aériennes dévastatrices sur des infrastructures civiles essentielles se poursuivent et que les réserves de carburant s’amenuisent, les civil·e·s de Gaza ne peuvent pas se permettre une nouvelle coupure totale, qui risque de se prolonger en période d’absence de communication, d’obscurité et d’invisibilité. Israël doit immédiatement lever le blocus de Gaza et permettre l’entrée et la distribution de carburant et d’aide vitale pour les civil·e·s. Elle soumet la population civile à une sanction collective, ce qui est illégal et ne peut être justifié, tout en coupant le contact entre eux et avec le reste du monde », a déclaré Rasha Abdul Rahim.
Depuis le 7 octobre, Gaza a connu au moins trois coupures totales des communications, qui ont duré entre 24 et 48 heures chacune. Pendant ce temps-là, impossible pour les habitant·e·s de demander de l’aide, d’accéder aux services de secours ou de savoir si leur famille et leurs proches étaient en sécurité et en vie, renforçant ainsi le sentiment généralisé de précarité et de peur.
Netstream, l’un des derniers fournisseurs de réseau à Gaza, a cessé de fonctionner le 26 octobre, puis a également fait état d’une coupure complète de ses signaux à midi, heure locale, le lendemain.
À partir du 27 octobre, on a constaté près de 48 heures d’obscurité totale, la connectivité étant progressivement rétablie à l’aube du 29 octobre.
Durant cette période, des bombardements ont eu lieu dans et aux alentours des hôpitaux de Shifa, Al Quds et Indonesia. Au moins 302 personnes auraient été tuées pendant la période de blackout, faisant passer le nombre de victimes de 7 703 à 8 005.
Le 31 octobre, depuis environ 21h05, heure locale, jusqu’à 10 heures le 1er novembre, Gaza a connu une nouvelle coupure totale, pendant laquelle ce nombre est passé de 8 866 à 9 061, dont au moins 195 Palestinien·ne·s tués pendant les bombardements intensifs qui ont causé des destructions massives dans le camp de réfugié·e·s de Jabalia, à Gaza.
Puis, entre les 5 et 6 novembre, une autre coupure totale des communications a eu lieu de 18 heures à 9 heures, heure locale. Au cours de ces 24 heures, le bilan des victimes, qui s’élevait à 9 770 au 5 novembre, a atteint 10 022 – dont 4 104 enfants.
Amnesty International renouvelle son appel à un cessez-le-feu immédiat de toutes les parties au conflit. Les installations d’Internet et de télécommunications doivent être rétablies sans délai, afin de permettre aux opérations de secours de se déployer au milieu des frappes aériennes et de l’expansion des opérations au sol, qui ont coûté la vie à plus de 11 000 Palestinien·ne·s et entraîné le déplacement de plus de 1,6 million de personnes. En l’absence d’approvisionnement en carburant, Amnesty International appelle également la communauté internationale à faire pression sur Israël et l’Égypte en vue d’autoriser et de faciliter l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire jusqu’aux civils de Gaza. Les autorités égyptiennes doivent activer le service d’itinérance sur les réseaux égyptiens pour permettre aux habitant·e·s de Gaza de se connecter aux services de communication.
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