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Le Soudan doit mettre fin aux attaques à caractère politique visant des étudiants du Darfour

Le gouvernement soudanais doit mettre fin aux attaques motivées par des considérations politiques, parfois mortelles, visant des étudiants du Darfour dans les universités à travers le pays, a déclaré Amnesty International le 18 janvier, à l'occasion de la publication d'un rapport qui se penche sur la vague d'attaques qui dure depuis trois ans.

« Des dizaines d'étudiants sont tués, blessés et expulsés des universités depuis 2014 pour s'être mobilisés contre et avoir dénoncé les violations des droits humains au Darfour, a déclaré Muthoni Wanyeki, directeur régional d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est, les Grands-Lacs et la Corne de l'Afrique.

« Nous voyons perdurer une politique consternante à l’égard des étudiants darfouriens, qui sont soumis à l'arrestation, à la détention, ainsi qu'à la torture et aux mauvais traitements, depuis que le conflit au Darfour a éclaté en 2003. Cela compromet bien souvent la poursuite de leurs études supérieures.

« Ces attaques délibérées visant les étudiants sont totalement inacceptables et doivent cesser rapidement. »

Selon le rapport d’Amnesty International, ces attaques sont pour la plupart le fait d’agents du Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) du Soudan, et d’étudiants sympathisants du Congrès national, parti au pouvoir, parfois appelés « Unités du Djihad ».

Le 31 janvier 2016, le NISS, en collaboration avec des étudiants affiliés au parti au pouvoir, a réprimé avec violence un séminaire pacifique organisé à l'université d'El Geneina par des étudiants affiliés au Mouvement de libération du Soudan /Abdul Wahid Al Nur (SLM/AW), un groupe armé d'opposition. Un étudiant, Salah al Din Qamar Ibrahim, a été tué et plusieurs autres grièvement blessés. Selon un témoin, Qamar, étudiant en quatrième année d'économie, est mort sous les coups de barre de fer et de crosse de fusil d'un agent de sécurité.

Autre cas, celui de Salma (son nom a été modifié), membre de l'Association des étudiantes du Darfour à l'Université de Khartoum. Elle a été arrêtée deux fois en 2014 pour avoir milité contre l'expulsion forcée d'étudiantes darfouriennes de leur logement universitaire. Lors de sa première arrestation et de son interrogatoire en mars, elle a été insultée, frappée à coups de matraque et de crosse de fusil, de tuyaux d'arrosage et de bâtons, et soumise à des décharges électriques. La deuxième fois, en octobre, elle a été droguée et violée par quatre agents du NISS dans leurs locaux à Khartoum.

« Lorsque je me suis réveillée, j'étais allongée sur le lit, nue. Les quatre agents des services de sécurité étaient là à me regarder, puis l'un d'entre eux m'a montré une vidéo dans laquelle on les voyait me violer », a-t-elle déclaré à Amnesty International depuis son exil.

Un autre étudiant, Abdel, a été arrêté lorsque des agents de sécurité et des étudiants pro-gouvernementaux brandissant couteaux, barres de fer et mitrailleuses ont dispersé une manifestation pacifique qui rassemblait des étudiants darfouriens à l'université d'El Geneina en janvier 2016. Il a déclaré : « Ils me frappaient sans relâche à coups de tuyaux en plastique noir sur tout le corps, sur mon dos nu et les pieds. »

Le rapport d'Amnesty International s’appuie sur 84 entretiens menés par des chercheurs entre octobre 2015 et octobre 2016 avec 52 étudiants de 14 universités, et 32 avocats, militants, journalistes et universitaires.

La majorité des étudiants ont été interrogés en exil, car ils ont fui à l'étranger pour poursuivre leurs études, après avoir été expulsés ou soumis à d'autres formes de persécution au Soudan.

Certains ont affirmé que leurs agresseurs les ont accusés de soutenir les groupes armés combattant le gouvernement, une accusation qu'ils nient. D'autres ont déclaré qu'ils étaient pris pour cibles parce qu’ils réclamaient la mise en œuvre de la mesure d'exemption de frais de scolarité pour les étudiants darfouriens, à laquelle le gouvernement soudanais avait consenti lors des pourparlers de paix avec les groupes armés darfouriens en 2006 et 2011.

« Cette suppression des droits à la liberté d'expression et d'association des étudiants du Darfour, ainsi que l'interruption de leurs études, ne sauraient être tolérées. Le gouvernement doit enquêter pleinement, traduire en justice les responsables présumés et garantir des recours utiles aux victimes, notamment en veillant à ce qu’elles bénéficient de réparations pleines et entières, a déclaré Muthoni Wanyeki.

« Le gouvernement doit également prendre des mesures en vue de limiter les pouvoirs très étendus de l'agence de renseignements en matière d'arrestation et de détention, et établir un mécanisme judiciaire chargé de la surveiller, afin de mettre un terme à ces excès flagrants. »

Complément d’information

Treize ans après le début du conflit au Darfour en 2003, les forces de sécurité continuent de commettre de graves violations des droits humains dans la région.

Lors de la nouvelle offensive déclenchée en 2016 contre les groupes armés d'opposition dans la région de Djebel Marra au Darfour, les troupes gouvernementales ont recouru à une force excessive, y compris semble-t-il à des armes chimiques. Elles se sont également livrées à des homicides généralisés et plus de 160 000 personnes ont quitté leur foyer. 

La situation au Darfour a été soumise à la Cour pénale internationale (CPI) par le Conseil de sécurité de l'ONU en 2005, et un mandat d’arrêt a été émis en 2009 contre le président soudanais Omar el Béchir pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Cependant, il est toujours en liberté sept ans plus tard.

Les services de sécurité prennent particulièrement pour cibles les étudiants originaires du Darfour, se servant du conflit armé à la fois pour excuser et masquer les violations des droits humains.

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