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Liban/Israël. Les craintes pour la sécurité de la population se font vives à mesure que le bilan déjà lourd s’aggrave au Liban

La forte hausse du nombre de victimes au Liban au cours des trois derniers jours, dans un contexte d’escalade des hostilités entre Israël et le Hezbollah, rappelle à toutes les parties au conflit la nécessité impérieuse de respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire, a déclaré Amnesty International le 25 septembre 2024.

Dans la seule journée de lundi [23 septembre], au moins 558 personnes, dont 50 enfants et 94 femmes, ont été tuées et plus de 1 800 blessées lors des attaques israéliennes au Liban, selon le ministère libanais de la Santé, alors qu’Israël annonçait le lancement de l’opération « Flèches du nord ». De nombreuses autres victimes sont à déplorer depuis. D’autre part, les attaques du Hezbollah contre Israël se sont considérablement intensifiées et, selon les médias israéliens, au moins 15 personnes ont été blessées, la plupart par des éclats d’obus ou des débris, d’autres alors qu’elles tentaient de se rendre dans un abri.

« Lundi 23 septembre, le Liban a connu sa journée la plus meurtrière depuis la fin de la guerre civile dans le pays en 1990. Nous sommes très inquiets face à ce lourd bilan en une seule journée, qui ne cesse d’augmenter, et face aux terribles conséquences pour la population, puisque près de 500 000 personnes sont déplacées du sud du Liban, de la Békaa et d’autres régions subissant d’intenses bombardements. Dans le nord d’Israël, en raison des attaques menées depuis le Liban, environ 63 000 habitant·e·s ont été déplacés depuis octobre dernier. Alors qu’Israël intensifie et étend ses bombardements et que le Hezbollah continue de lancer des attaques contre Israël, il importe que toutes les parties au conflit respectent le droit international humanitaire et prennent toutes les précautions possibles pour protéger la vie des civil·e·s, a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice générale de la recherche, du plaidoyer, des politiques et des campagnes.

Lundi 23 septembre, le Liban a connu sa journée la plus meurtrière depuis la fin de la guerre civile dans le pays en 1990. Nous sommes très inquiets face à ce lourd bilan en une seule journée, qui ne cesse d’augmenter

Erika Guevara Rosas, Amnesty International

« Par le passé, les conflits entre Israël et le Hezbollah se sont caractérisés par de graves violations du droit international humanitaire. Ce qui fait craindre que l’escalade des hostilités soit synonyme de morts et de blessés parmi les civils, et de destructions généralisées au Liban et en Israël. Nous exhortons tous les États à stopper tous les transferts d’armes et toute forme d’assistance militaire à Israël et au Hezbollah en raison du risque important que ces armes ne soient utilisées pour commettre ou faciliter de graves violations du droit international humanitaire, y compris des crimes de guerre. »

Depuis octobre 2023, le Hezbollah et Israël sont engagés dans des hostilités, principalement limitées au sud du Liban et au nord d’Israël. Au 10 septembre, on recensait au Liban 589 morts au total dus aux attaques israéliennes. Au 19 septembre, le bilan des attaques du Hezbollah s’élevait à 34 morts en Israël ; 12 autres personnes ont été tuées sur le plateau du Golan occupé. Force est de constater que la hausse du nombre de morts au Liban ces trois derniers jours est exponentielle.

Au cours du conflit de 34 jours entre Israël et le Hezbollah en 2006, le bilan s’élevait à 1 100 morts au Liban et 43 en Israël. Les investigations d’Amnesty International ont révélé que pendant le conflit, les forces israéliennes ont mené des attaques aveugles et disproportionnées à grande échelle, y compris la destruction massive d’infrastructures civiles. En outre, le Hezbollah avait mené des attaques directes et aveugles contre des civil·e·s et ne prenait pas les précautions nécessaires pour protéger la population au Liban des répercussions des attaques israéliennes.

La plupart des zones touchées par les attaques israéliennes ces derniers jours sont des zones denses d’habitation, selon les vidéos examinées par Amnesty International. Le ministre libanais de la Santé a déclaré que des installations médicales et des professionnel·le·s de santé avaient également essuyé des tirs, faisant quatre morts et au moins 16 blessés parmi les soignants.

Afin de respecter le droit international humanitaire, il faut veiller à cibler uniquement des objectifs militaires, s’abstenir de mener des attaques directes contre des civil·e·s et des biens de caractère civil, ainsi que des attaques aveugles et disproportionnées, et prendre toutes les précautions possibles pour réduire au maximum les dommages causés aux civil·e·s et aux infrastructures civiles. Utiliser des armes explosives à large impact à proximité de zones d’habitation denses est susceptible de violer l’interdiction des attaques aveugles et peut déboucher sur des attaques disproportionnées.

Les autorités israéliennes, le Hezbollah et tous les groupes armés doivent reconnaître que les règles du droit international humanitaire s’appliquent en toutes circonstances, quelle que soit la raison du conflit. Rien ne saurait excuser les blessures et les homicides illégaux infligés à des civil·e·s

Erika Guevara Rosas

« Le 25 septembre, le porte-parole de l’armée israélienne a diffusé un avertissement public en arabe, recommandant aux gens de ne pas rentrer chez eux ” jusqu’à nouvel ordre ” et affirmant que ” des frappes aériennes sont en cours “. De tels avertissements n’exonèrent pas Israël de ses responsabilités en vertu du droit international humanitaire de faire la distinction entre les objectifs militaires et les civils, et de prendre toutes les précautions possibles pour limiter les dommages causés aux civils. En vertu du droit international, un avertissement doit garantir un délai suffisant. Toutefois, ces appels à l’évacuation ne transforment pas les zones concernées en zones où l’on peut tirer librement, a déclaré Erika Guevara Rosas.

« L’offensive d’Israël contre Gaza a déjà fait plus de 42 000 morts parmi la population palestinienne au cours de l’année écoulée. La récente attaque contre le Liban a provoqué une nouvelle vague d’horreur dans l’ensemble de la région. Les autorités israéliennes, le Hezbollah et tous les groupes armés doivent reconnaître que les règles du droit international humanitaire s’appliquent en toutes circonstances, quelle que soit la raison du conflit. Rien ne saurait excuser les blessures et les homicides illégaux infligés à des civil·e·s. »

Complément d’information

L’opération isarélienne baptisée « Flèches du Nord » a débuté le 23 septembre. Au cours de la première journée, les forces israéliennes ont effectué au moins 1 600 frappes dans diverses zones du Liban. Le Hezbollah a également lancé plus de 200 roquettes vers Israël.

Le Hezbollah et Israël sont engagés dans des hostilités transfrontalières depuis que le groupe a lancé des attaques dans le nord d’Israël, après le début de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza occupée en octobre 2023. Au 10 septembre 2024, les attaques israéliennes contre le sud du Liban et la Békaa ayant débuté après le 7 octobre 2023 avaient tué au moins 137 civil·e·s, selon le ministère libanais de la Santé et les Nations unies. Des centaines de milliers de personnes ont quitté le sud du Liban, la Békaa et d’autres régions à cause des hostilités qui font rage, et la plupart ont fui les récentes attaques.

Sur la même période, le Hezbollah et d’autres groupes armés ont tiré des missiles sur le nord d’Israël et tué au moins 14 civil·e·s, d’après les autorités israéliennes. Le 27 juillet, 12 civil·e·s, tous des enfants, ont trouvé la mort dans une attaque contre la ville de Majdal Shams, sur le plateau du Golan occupé. Environ 63 000 habitant·e·s du nord d’Israël ont été évacués depuis le 8 octobre 2023.

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