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Tanzanie. Halte aux arrestations de masse et aux détentions arbitraires d’opposant·e·s politiques
Les autorités tanzaniennes doivent de toute urgence mettre un terme aux arrestations de masse et aux détentions arbitraires d’opposant·e·s au gouvernement, a déclaré Amnesty International lundi 12 août, alors que les actes d’intimidation visant des membres de l’opposition politique s’intensifient à l’approche des élections locales de décembre et de l’élection générale de 2025.
Dimanche 11 août, la police tanzanienne a arrêté et incarcéré des figures de premier plan du Parti pour la démocratie et le développement de Tanzanie, principal parti d’opposition politique, connu sous le nom de Chama cha Demokrasia na Maendeleo (Chadema), dont Tundu Lissu, ancien candidat à la présidence, et plus de 100 jeunes partisan·e·s, ainsi que cinq journalistes, pour avoir enfreint l’interdiction d’organiser une conférence de la jeunesse. Ils ont été arrêtés lors d’une réunion au bureau de Chadema de la zone de Nyasa, à Mbeya, dans le sud-ouest de la Tanzanie, avant la Journée internationale de la jeunesse le 12 août.
La Tanganyika Law Society (TLS), l’association du barreau de la Tanzanie continentale, a déclaré que la police avait également arrêté 107 membres du parti Chadema le même jour dans la région d’Iringa, dans les hautes terres du sud du pays.
« Les arrestations de masse et la détention arbitraire de personnalités du parti Chadema, ainsi que de sympathisant·e·s et de journalistes, sont un signe profondément inquiétant à l’approche des élections locales de décembre 2024 et des élections générales de 2025. Les autorités tanzaniennes doivent respecter de toute urgence les droits des personnes à la liberté d’expression et d’association, a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.
Deux témoins oculaires ont déclaré à Amnesty International que Tundu Lissu, vice-président de Chadema, John Mnyika, secrétaire général, Joseph Mbilinyi, dirigeant pour la région de Nyasa, et les dirigeants de la branche jeunesse du parti, Baraza la Vijana Cha Chadema (Bavicha), figuraient parmi les personnes arrêtées. Selon un responsable du parti, ces dirigeants ont été emmenés par des policiers vers des lieux inconnus, tandis que d’autres membres du parti et des journalistes ont été conduits dans divers postes de police à Mbeya.
Les arrestations de masse et la détention arbitraire de personnalités du parti Chadema, ainsi que de sympathisant·e·s et de journalistes, sont un signe profondément inquiétant à l’approche des élections locales de décembre 2024 et des élections générales de 2025
Sarah Jackson, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International
Plus tard, le 12 août, la police a arrêté Freeman Mbowe, président du parti Chadema, et John Pambalu, dirigeant national de Bavicha, à l’aéroport de Songwe après leur arrivée en provenance de Dar es Salaam, car ils prévoyaient d’effectuer un suivi de la situation des autres dirigeants et membres du parti qui avaient été appréhendés.
Les avocats de Chadema ont déclaré à Amnesty International qu’ils n’avaient pas été autorisés par le commandant de la police régionale de Mbeya à obtenir des informations sur le lieu où se trouvaient les personnes arrêtées, ni sur les charges retenues contre elles. Les avocats ont toutefois pu confirmer de manière indépendante que Joseph Mbilinyi était détenu au poste de police central d’Iringa.
Les autorités ont restreint les activités de l’opposition politique tout en permettant aux politiciens du parti au pouvoir, Chama cha Mapinduzi (Parti de la révolution, CCM), de se rencontrer sans entrave.
« Les autorités tanzaniennes doivent libérer d’urgence toutes les personnes détenues ou les inculper d’une infraction reconnue par la loi, conformément aux normes internationales. S’il existe des accusations légitimes contre l’un des détenus, les autorités doivent respecter son droit à un procès équitable, conformément au droit international relatif aux droits humains et aux normes internationales en la matière, notamment le fait d’informer les détenus des raisons de leur arrestation, en les présentant rapidement devant un juge et en leur donnant accès à un avocat », a déclaré Sarah Jackson.
Les autorités tanzaniennes doivent libérer d’urgence toutes les personnes détenues ou les inculper d’une infraction reconnue par la loi, conformément aux normes internationales
Sarah Jackson
« En prévision des prochaines élections, Amnesty International appelle les autorités tanzaniennes à respecter, protéger et concrétiser les droits humains de toutes les personnes, notamment les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Elles doivent mettre fin aux arrestations et détentions arbitraires de membres de l’opposition politique, et renoncer à l’escalade de la répression contre l’espace civique », a déclaré Sarah Jackson.
Complément d’information
Samia Suluhu Hassan, première femme présidente en Tanzanie, a officiellement pris ses fonctions à la suite du décès du président John Pombe Magufuli, le 17 mars 2021.
Alors que le président Magufuli était au pouvoir, des politiciens de l’opposition ont fait l’objet d’arrestations et de détentions arbitraires — une tendance qui s’est poursuivie sous la présidente Hassan.
Le 21 juillet 2021, la police a arrêté Freeman Mbowe, chef de l’opposition, et 11 autres responsables et membres du personnel du parti Chadema dans un hôtel de Mwanza (nord-ouest de la Tanzanie). Ils ont été arrêtés quelques heures avant une conférence au cours de laquelle il était prévu que les membres du parti débattent d’une nouvelle Constitution pour le pays. Bien que sept d’entre eux aient été remis en liberté quelques jours après leur arrestation, Freeman Mbowe a été relâché plus de sept mois plus tard, après que le procureur a abandonné les charges de terrorisme retenues contre lui et trois autres personnes.
Le 14 juillet 2023, l’avocat et militant Boniface Mwabukusi et le militant politique Mdude Nyagali ont été arrêtés quelques jours après avoir donné une conférence de presse à Dar es-Salaam, où ils ont critiqué un accord portuaire entre la Tanzanie et les Émirats arabes unis. Le 12 août 2023, ils ont de nouveau été arrêtés alors qu’ils se rendaient à Dar es Salaam et ont été emmenés au poste de police central de la ville de Mbeya. Le lendemain, des policiers ont appréhendé l’ancien député et diplomate Willibrod Slaa chez lui, à Dar es Salaam, et l’ont conduit au poste de police de Mbweni. Accusés de trahison, ils ont été remis en liberté le 18 août 2023 dans des conditions strictes.
Le 10 septembre 2023, la police a arrêté Tundu Lissu pour tenue d’un « rassemblement illégal » après qu’il a assisté à un rassemblement politique dans la division de Loliondo (nord de la Tanzanie).
Le 11 août 2024, la police tanzanienne a fait irruption peu après 18 heures lors d’une réunion au bureau local de Chadema à Mbeya, au cours de laquelle des membres du parti auraient planifié un rassemblement de jeunes pour le lendemain afin de commémorer la Journée internationale de la jeunesse.
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