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Éthiopie. Il faut mettre fin aux exécutions extrajudiciaires dans la région Amhara, et traduire les responsables présumés en justice
Les Forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) ont procédé à des exécutions extrajudiciaires de civil·e·s à Bahir Dar, capitale de la région Amhara, et ont privé dans certains cas des familles du droit d’enterrer leurs proches, écrit Amnesty International dans une nouvelle synthèse diffusée lundi 26 février.
Ce document, intitulé We Thought They Would Fight With Those They Came To Fights – Extra-judicial executions in Bahir Dar by ENDF soldiers, établit que des soldats des ENDF ont exécuté de manière extrajudiciaire six civil·e·s dans les quartiers d’Abune Hara et de Lideta, zone de Kebele 14, le 8 août 2023.
Deux mois plus tard, les 10 et 11 octobre, des membres des ENDF ont soumis six autres hommes, dont au moins cinq civils, à des exécutions extrajudiciaires dans le quartier de Seba Tamit de cette ville.
Le gouvernement éthiopien doit ouvrir de toute urgence des enquêtes indépendantes et efficaces sur les violations des droits humains commises dans le cadre du conflit armé en cours à Bahir Dar et dans l’ensemble de la région Amhara.
Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique australe et de l’Est à Amnesty International
L’impact du conflit sur les droits humains dans la région Amhara a mis du temps à devenir manifeste, en raison de la coupure d’Internet, de l’interruption partielle des communications, ainsi que de l’état d’urgence général en vigueur qui a un effet sur la liberté d’expression et des médias, et des craintes de représailles.
« Le gouvernement éthiopien doit ouvrir de toute urgence des enquêtes indépendantes et efficaces sur les violations des droits humains commises dans le cadre du conflit armé en cours à Bahir Dar et dans l’ensemble de la région Amhara. Dès lors qu’il existe suffisamment de preuves, les personnes soupçonnées d’avoir commis ces violations doivent être poursuivies dans le cadre de procès conformes aux normes internationales d’équité, sans recours à la peine de mort », a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique australe et de l’Est à Amnesty International.
Les violations graves du droit international humanitaire recensées dans le présent document peuvent constituer des crimes de guerre, qui sont des crimes au regard du droit international. Les exécutions extrajudiciaires sont par ailleurs des violations du droit à la vie, qui est protégé par le droit international relatif aux droits humains.
En Éthiopie, l’impunité systémique continue d’enhardir les auteurs de crimes, faute de justice crédible et d’établissement des responsabilités pour des abus graves constituant des crimes au regard du droit international. Il est temps de remédier à cette absence généralisée de justice et d’obligation de rendre des comptes dans l’ensemble du pays.
Tigere Chagutah
« En Éthiopie, l’impunité systémique continue d’enhardir les auteurs de crimes, faute de justice crédible et d’établissement des responsabilités pour des abus graves constituant des crimes au regard du droit international. Il est temps de remédier à cette absence généralisée de justice et d’obligation de rendre des comptes dans l’ensemble du pays. »
LES EXÉCUTIONS EXTRAJUDICIAIRES D’AOÛT À ABUNE HARA ET LIDETA
Selon des témoins oculaires et des parents de victimes, ces dernières ont été tuées par des balles tirées à bout portant.
L’une des personnes exécutées de manière extrajudiciaire est Yitateku Ayalew, qui a été abattue par un soldat des ENDF chez elle près de Lideta, selon un certain nombre de témoins, dont Biniyam*, un membre de sa famille âgé de 17 ans. Biniyam a déclaré que Yitateku faisait cuire des injeras dans la matinée du 8 août lorsqu’ils ont entendu les premiers coups de feu.
« Nous avons commencé à entendre des coups de feu vers 8 heures du matin du côté de Mulugeta Real Estate. Des habitant·e·s ont dit à Yitateku d’arrêter de faire cuire des injeras dans l’enceinte du lotissement et de rentrer chez elle. Elle a répondu : “Mon fils n’a pas pris son petit-déjeuner et je dois terminer”. Elle a refusé d’écouter. Vers 9 h 15, un groupe de soldats est arrivé en courant. Je pense qu’ils poursuivaient quelqu’un dans la rue. Ils ont ensuite commencé à tirer en direction du lotissement, et ont touché Yitateku et une autre personne. Ils ont tiré à travers un trou dans la clôture et sont partis. »
Les autres victimes sont Aynew Defresh, un commerçant de 55 ans, et ses deux fils, Kassahun et Abraham. Ces trois hommes ont été abattus dans la rue alors qu’ils rentraient de l’église à pied. Un membre de leur famille a déclaré que lorsqu’ils ont appelé le téléphone d’Aynew, une personne qu’ils pensaient appartenir aux ENDF a décroché et a dit : « C’était un petit accident ». Des membres de la famille ont finalement ramené les corps des trois hommes à leur domicile.
LES EXÉCUTIONS EXTRAJUDICIAIRES D’OCTOBRE À SEBA TAMIT
Deux mois après les premiers affrontements à Bahir Dar, le 10 octobre, des combats ont de nouveau éclaté dans d’autres secteurs de la ville, principalement dans le quartier de Seba Tamit.
Amnesty International a pu confirmer l’exécution extrajudiciaire de six personnes par des soldats des ENDF les 10 et 11 octobre. Figurait parmi eux un patient qui a été tué par des soldats des ENDF à l’intérieur d’un centre de santé. Des soldats des ENDF ont par ailleurs frappé et menacé d’une arme des membres du personnel dans le même centre de santé.
Dans la même zone, des soldats des ENDF ont exécuté de manière extrajudiciaire trois frères et un de leurs voisins le matin du 11 octobre, après s’être introduits dans la maison de Tadesse Mekonen, âgé de 69 ans. Trois personnes différentes dont Amnesty International a recueilli les propos ont déclaré que les soldats des ENDF avaient tué les trois fils de Tadesse et une personne qui louait une chambre dans sa propriété.
Kassa*, un parent de Tadesse qui était avec la famille au moment de l’attaque, a déclaré que quelqu’un a ouvert la porte aux soldats et qu’ils [les soldats des ENDF] ont escorté tous les hommes de la famille à l’extérieur. Il a déclaré que les soldats se sont mis à frapper ces hommes à coups de canne avant que l’un d’entre eux ne dise : « N’épargnez personne, tirez sur tout le monde ».
Selon Kassa, les soldats de l’ENDF ont d’abord interdit à la famille de récupérer les corps, et il a donc fallu attendre qu’ils partent. Trois témoins ont déclaré que les corps sont restés dans la rue de 9 heures du matin jusqu’à 16 heures. Kassa a dit que la famille avait dû cacher et enterrer les corps dans une autre église, au lieu d’une église plus proche qui est celle de leur congrégation.
Amnesty International a demandé à toutes les personnes interrogées comment elles avaient déterminé que les auteurs de ces actes appartenaient aux ENDF. La plupart d’entre elles ont déclaré que les ENDF étaient déjà actives à Bahir Dar trois mois avant que les affrontements n’éclatent, et qu’elles pouvaient reconnaître leur uniforme. Plusieurs ont déclaré que les ENDF posaient des questions telles que « Apportez l’arme ; soutenez-vous les Fano ? » aux victimes ou à leurs familles.
Plus d’un an après la fin des hostilités dans le Tigré, les soldats de l’ENDF continuent de bafouer les droits humains et le droit international humanitaire dans un nouveau contexte de conflit armé.
« Les autorités éthiopiennes doivent veiller à ce que les allégations attribuant aux ENDF et aux forces alliées des violations du droit international depuis la fin de l’année 2020 fassent l’objet d’enquêtes et soient portées devant un tribunal.
« Il est temps de soumettre à nouveau l’Éthiopie à un examen régional et international. Les partenaires du pays, notamment les membres du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, doivent prendre des mesures immédiates afin de reprendre l’examen scrupuleux de la situation des droits humains en Éthiopie, et mettre en place un processus de suivi des conclusions de la Commission internationale d’experts des droits de l’homme sur l’Éthiopie (ICHREE). »
Il est temps de soumettre à nouveau l’Éthiopie à un examen régional et international.
Tigere Chagutah
Le 9 février 2024, Amnesty International a communiqué ses conclusions préliminaires au ministère de la Justice, en copiant le ministère des Affaires étrangères de la République fédérale démocratique d’Éthiopie. Au moment de la rédaction du présent document, aucune réponse ne lui était encore parvenue.
Complément d’information
En août 2023, un conflit armé non international a éclaté dans la région Amhara entre les Forces de défense nationale éthiopiennes et les milices Fano. Ces anciens alliés, devenus ennemis, avaient auparavant combattu ensemble dans la région du Tigré (nord de l’Éthiopie). Ces affrontements ont fait suite à l’accord de cessation des hostilités de novembre 2022 entre le gouvernement fédéral et le Front de libération du peuple du Tigré, et à la décision du gouvernement fédéral d’avril 2023 d’intégrer les forces spéciales régionales aux forces fédérales. Mécontents de cette décision, des membres des forces spéciales de la police amhara (ASPF) ont rejoint la milice Fano.
Le 1er août 2023, les ENDF ont lancé un avertissement public à un groupe qu’elles ont accusé de « perturber la paix du pays au nom des Fano ». Le 2 août 2023, des habitant·e·s de certaines parties de la région Amhara ont signalé aux médias des affrontements entre les ENDF et la milice Fano.
Le 4 août 2023, le gouvernement éthiopien a déclaré un état d’urgence de six mois applicable à l’ensemble du pays, à la suite de flambées de violence dans la région Amhara ; l’état d’urgence a été reconduit pour quatre mois supplémentaire le 2 février 2024.
Lisez les documents les plus récents consacrés par Amnesty à l’Ethiopie, et nos rapports précédents sur la région Amhara.
Lisez le rapport ici (en anglais)
* Amnesty International a modifié le nom des témoins, afin de protéger leur identité.
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