Près de 1 500 personnes exilées survivent à Calais dans des conditions indignes : elles sont quotidiennement expulsées de leurs lieux de vie, privées de leurs effets personnels, dispersées dans la ville. Pire encore, selon un nouvel arrêté, certaines associations qui leur viennent en aide ne peuvent plus distribuer de nourriture. Un arrêté cruel qui doit être immédiatement retiré.
Le 10 septembre 2020, à l’initiative du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le préfet du Pas-de Calais a pris un arrêté qui « interdit toute distribution gratuite de boissons et de denrées alimentaires » sur un périmètre conséquent de la ville de Calais. Une décision choquante aux conséquences graves.
Sous divers prétextes – troubles à l’ordre public, non respect des gestes barrières ou déchets sur la voie publique – le ministre de l’Intérieur interdit ainsi toute action humanitaire « non mandatée ». Les associations et les citoyens qui œuvrent auprès des personnes migrantes et exilées défendent pourtant des valeurs fondamentales de notre société : la solidarité, la fraternité, l’aide aux plus fragiles.
Dans le contexte actuel de crise sanitaire, les personnes et associations qui viennent en aide aux exilés ont un rôle plus que jamais essentiel. Leur interdire d’agir et de venir en aide à des personnes laissées dans le plus grand dénuement est intolérable.
Une interdiction intolérable
Rien ne peut justifier que soient restreintes voire supprimées des aides qui ont pour but de satisfaire les besoins essentiels des personnes en détresse : en l'occurrence, être à l'abri de la faim. Rien ne peut justifier non plus que l’État confisque et décide en son nom propre, sous quelle forme la fraternité et la solidarité citoyenne peuvent s’exercer.
Cette décision est une nouvelle démonstration du harcèlement dont font l’objet les défenseurs des droits des migrants dans la région et remet en cause des libertés essentielles comme la liberté d’association et la liberté individuelle de prendre sa part à une action humanitaire.
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Urgence de retirer l’interdiction
Avec les associations de la CAFI* et la Fédération des acteurs de la solidarité, nous demandons aux autorités françaises de revenir sur la décision d’interdire la distribution de nourriture par les associations humanitaires à Calais. Il est urgent que l’État reconnaisse et soutienne le rôle des associations plutôt que de continuer à entraver leurs actions.
*Amnesty International France, la Cimade, Médecins sans Frontières, Médecins du Monde, Le Secours Catholique - Caritas France