À l’occasion du sommet pour les cinq ans de l’adoption de l’Accord de Paris, les dirigeants mondiaux doivent revoir leurs engagements climatiques à la hausse. Il est impératif que les États présentent des objectifs de réduction d’émissions plus ambitieux et qu’ils respectent leurs engagements, pour maintenir l'augmentation des températures sous la barre des 1.5°C et garantir la protection des droits humains.
Stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre, engagements de financement climatique, projets d'adaptation au dérèglement climatique... Il est temps pour les États de revoir leurs engagements à la hausse, et de s’y tenir. Après 5 ans d’inaction, les dirigeants mondiaux devraient annoncer des engagements révisés à l’occasion du sommet organisé le 12 décembre par les Nations unies et le Royaume-Uni, pays hôte de la COP 26. Une étape importante dans la lutte contre le changement climatique.
Les 5 prochaines années doivent être celles de l’action climatique !
Une trajectoire alarmante
En 2015, lors de la COP 21, les 196 pays signataires de l’Accord de Paris se sont entendus sur un plan de route pour lutter contre le changement climatique et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Depuis 2015, et tous les 5 ans, ces mêmes États sont dans l’obligation de réviser leurs « contributions déterminées au niveau national » (CDN), c’est-à-dire d’indiquer leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. La prochaine échéance est le 31 décembre 2020.
Mais la trajectoire prise est alarmante : les CDN de 2015 mènent vers un réchauffement des températures supérieur à 3°C !
Les droits humains affectés par le changement climatique
Nous savons pourtant qu’au-delà de +1.5˚C de réchauffement par rapport aux niveaux préindustriels, les conséquences sur les droits humains seront terribles. D’après le GIEC, le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat, 500 millions de personnes supplémentaires souffriraient d'une réduction importante des ressources en eau si le climat se réchauffait de 2˚C. Et l’élévation du niveau de la mer, actuellement 2 fois plus rapide qu’au 20ème siècle, pourrait atteindre +1,10 mètres en 2100.
Chaque dixième de degré gagné compte
Roland Séférian, climatologue et coauteur du rapport spécial du GIEC
Toujours selon les projections du GIEC, une augmentation de la température planétaire de plus de 2°C entraînerait de graves retards de croissance chez les enfants, notamment en raison des problèmes de malnutrition découlant des changements dans les récoltes et les moissons. Une telle hausse des températures aggraverait aussi le risque de décès et de problèmes de santé pour 23 % de la population en Afrique centrale subsaharienne et pour 62 % des habitants d’Asie du Sud. Quant à la surface occupée par les zones hyperarides, elle augmenterait de 3 % (avec une hausse de 4°C, cette surface atteindrait +10 % !).
Il est donc impératif que les États présentent des objectifs de réduction d’émissions plus ambitieux et qu’ils respectent leurs engagements, pour maintenir la hausse des températures sous la barre des 1.5°C et garantir la protection des droits humains.
Où sont les engagements des pays riches ?
La date limite pour que les Etats rendent leur copie climatique, fixée au 31 décembre 2020, approche à grand pas. Mais tandis que les pays les moins avancés et les petits États insulaires ont déjà soumis des objectifs climatiques révisés et plus ambitieux, la grande majorité des riches pays industrialisés n’a toujours pas rien proposé.
Parmi les élèves à la traîne, l’Union Européenne. Pour le moment, sa contribution consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40 % d'ici à 2030 par rapport à 1990. Les discussions en cours pour réhausser cette ambition à 55% sont encourageantes, mais insuffisantes. L’UE doit prendre des engagements plus ambitieux : abaisser son taux d’émission de gaz à effet de serre de 65%, et appliquer des mesures efficaces, respectueuses des droits humains.
Quant à la France, elle n’est pas sur la bonne trajectoire. Comme l’a souligné le Haut Conseil pour le climat dans l’un de ses récents rapports, la France a régulièrement dépassé les plafonds d’émissions qu’elle s’était fixés et a reporté l’essentiel de ses efforts de réduction des émissions après 2020.
Mobilisons-nous !
Le dérèglement climatique constitue une menace grave pour les droits humains. Il accentue les inégalités et ses conséquences touchent de manière disproportionnée ceux qui sont plus vulnérables, marginalisés ou victimes de discriminations. Bien que ses principales causes soient l'émission de gaz à effet de serre par les pays développés depuis la révolution industrielle, ses effets les plus marqués sont et seront principalement ressentis par les habitants des pays en développement.
Ainsi, pour les 5 ans de l’Accord de Paris, Amnesty International France mène un plaidoyer important auprès des autorités publiques françaises pour les pousser à être plus ambitieux dans leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, nous nous mobilisons aux côtés de Fridays for Future et d’autres organisations internationales pour rappeler aux États l’importance de ne pas dépasser les +1,5°C de réchauffement.
Nous avons signé aux côtés de plus de 230 organisations l’appel de Fridays for future pour dénoncer l’inaction climatique des gouvernements et exiger une transformation radicale.
En parallèle, nous nous sommes mobilisés à Paris pour une action symbolique, et nous appelons nos militants à mener à leur tour une action lumineuse en décembre autour de ce message : Fightfor1Point5.
Rejoignez-nous et battons-nous ensemble pour rester sous la barre des 1,5°C !
Photo de notre action lumineuse devant notre siège national, à Paris.
En France, les personnes vulnérables sont les premières touchées
En France, six personnes sur dix sont déjà concernées par les risques climatiques, selon le ministère de la transition écologique. Mais les personnes vulnérables sont les premières affectées par les conséquences de la crise climatique alors qu’elles ont une empreinte carbone moins élevée et moins de moyens pour y faire face.
L’association Notre Affaire à tous vient de publier un rapport sur les inégalités climatiques étayé par de nombreux témoignages de Français et Françaises déjà affectés par le réchauffement climatique. "Les sécheresses et les périodes de fortes chaleurs de ces dernières années rendent les saisons irrégulières et pénalisent nos cultures" explique notamment Raphaël Baltassat, agriculteur en Haute Savoie.
INTERPELLEZ LES ÉTATS SUR LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Voici 4 choses à faire pour appeler haut et fort à nos dirigeants l’urgence de lutter pour l’objectif de 1.5˚C de réchauffement afin de protéger les droits humains !