Agnès Lerolle est chargée de coordination d’actions pour la défense des personnes migrantes à la frontière franco-italienne (pour Amnesty International France, la Cimade, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières et le Secours Catholique Caritas France). Elle nous raconte sa mission.
Amnesty International : Quel est le rôle de ces missions d’observation ?
Agnès Lerolle : C’est de voir les pratiques des forces de l’ordre côté français : on peut savoir, quand une personne est arrêtée, combien de temps se passe avant qu’elle soit refoulée, si elle a accès à ses droits, à un avocat. Et, si elle est refoulée, dans quelles conditions ? Par quelle température ? Est-elle remise à un policier italien ou non ?
Cela nous permet de conduire d’éventuels contentieux ou opérations de communication. Notre présence est aussi importante car elle montre qu’on ne lâche pas. Et on espère que les forces de l’ordre soient aussi moins agressives quand on est là.
Lire notre reportage : A Briançon, la mort aux trousses
Peut-on établir un bilan ?
En décembre, au Refuge de Briançon, il y avait une moyenne de dix arrivées par jour, alors que les conditions climatiques sont terribles. Pourtant il y a les mêmes difficultés qu’avant, avec des refoulements sans respect des procédures, des chasses à l’homme dans la montagne. Certains se plaignent de violences. Quant aux maraudeurs, ils se font arrêter alors qu’ils essayent juste d’aider des personnes en détresse. Ils craignent des accidents mortels.
Or, la seule chose réclamée, c’est que les personnes soient traitées dignement et dans le respect de la loi, qu’il n’y ait pas de contrôles illégaux au faciès, que les personnes les plus vulnérables, notamment les mineures, soient prises en charge.
Signer la pétition : Protégeons les défenseurs des droits des migrants
Voit-on des arrivées de migrants en raison du changement de politique du gouvernement italien ?
Pas trop à Briançon car ils venaient déjà en France en raison des mauvaises conditions d’accueil en Italie, mais beaucoup entre Vintimille et Menton, où arrivent des personnes ayant dû quitter les centres d’accueil ou qui savent que leur cartes de protection humanitaire ne sera pas renouvelée à cause de la nouvelle loi.
La solidarité s’exerce-t-elle mieux à Briançon que dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), notamment au niveau des institutions ?
Il est difficile de comparer les deux situations. Mais à Briançon, la mairie et l’hôpital sont dans un dialogue a priori plutôt accueillant. Il y a aussi un contexte local très militant et une solidarité des gens de montagne, malgré la militarisation assez impressionnante de la frontière.
Abonnez-vous à la Chronique
Recevez chaque mois le magazine d'information et d'action d'Amnesty International France