Tandis que les violations de droits humains se multiplient en Égypte, il devient aujourd’hui de plus en plus difficile et risqué de les dénoncer. Tour d’horizon d’une répression plus qu’inquiétante.
Avocats, journalistes, opposants politiques, militants, défenseurs des droits humains, aucune voix critique n’échappe à la répression massive des autorités égyptiennes qui continuent d’arrêter, de poursuivre ou d’emprisonner des personnes pour le simple exercice pacifique de leur droit à la liberté d’expression.
Une répression qui n’épargne personne
En Égypte, les autorités mènent une répression sans précédent à l’égard des journalistes et militants, accusés d’incitation à la protestation, de dissémination de « fausses rumeurs », ou encore de diffamation. Nous comptons aujourd’hui au moins 25 journalistes détenus, dont le photojournaliste Mahmoud Abou Zeid, connu sous le nom de Shawkan, jugé dans le cadre d'un procès de masse inéquitable aux côtés de plus de 700 autres personnes.
Signer la pétition : Il faut libérer le photojournaliste Shawkan
En avril et mai 2017, les autorités égyptiennes ont arrêté au moins 38 personnes de cinq partis d'opposition et de groupes politiques de jeunes en raison de leurs commentaires sur les médias sociaux critiquant le président égyptien.
Les forces de sécurité ont également arrêté le 23 mai 2017 un ancien candidat à l'élection présidentielle et défenseur des droits humains, Khaled Ali. Jugé pour « atteinte à la moralité publique», il a été condamné à trois mois d'emprisonnement, l’empêchant de se porter candidat à la présidence.
Les ONG dans le viseur des autorités égyptiennes
Dans le cadre de l’enquête sur les ONG égyptiennes de défense des droits humains, les juges d'instruction ont convoqué 61 défenseurs des droits humains et des membres du personnel des ONG pour interrogatoire. Parmi eux, Azza Soliman, cofondatrice d'Avocats pour la Paix et la Justice, risquant jusqu'à 25 ans de prison. Les juges d'instruction ont également ordonné l'interdiction de voyager à l'encontre de 24 défenseurs des droits humains et gelé les avoirs de dix personnes et de sept ONG.
Le 30 mai 2017, le président égyptien a signé une nouvelle loi draconienne sur les ONG qui donne aux autorités de larges pouvoirs pour refuser l'enregistrement des ONG, les dissoudre, licencier leur conseil d'administration et soumettre leur personnel à des poursuites pénales fondées sur des dispositions vagues.
La répression s’étend à la sphère numérique
L’offensive contre la liberté d’expression s’oriente également vers la sphère numérique dans le but d’éliminer les derniers espaces de critique et de libre expression dans le pays. Depuis le 24 mai dernier, les autorités égyptiennes ont bloqué l'accès à au moins 131 sites, selon l'Association pour la liberté de pensée et d'expression, dont 48 sites d'information.
Mada Masr, un site d'information indépendant qui publiait régulièrement des nouvelles et des analyses critiques à l'égard des autorités, a été l'un des premiers à être bloqué, en même temps que les sites d'information égyptiens Elbadil, Egypt Daily News et Albedaiah, dirigé par le journaliste indépendant Khaled al Balshy. Les accès aux plate-formes en lignes Medium et Avaaz ont également été bloqués.
INTERPELLEZ LE PRÉSIDENT ÉGYPTIEN, ABDEL FATTAH AL-SISSI
Abandonnez toutes les charges retenues contre Azza Soliman et les défenseurs des droits humains égyptiens