Du 7 au 8 décembre, la France a reçu le président égyptien Al-Sissi pour une visite d’Etat. Emmanuel Macron a déroulé le tapis rouge à un président qui piétine les droits humains.
La situation des droits humains en Egypte est extrêmement inquiétante. Depuis l’arrivée au pouvoir de Abdel Fattah al-Sissi cela n’a fait qu’empirer. Il est urgent de rester mobilisé pour que la répression cesse enfin.
Une répression sans précédent
Plus de 60.000 prisonniers d’opinion sont détenus dans les geôles égyptiennes : membres de la société civile, journalistes, responsables d’ONG, membres de l’opposition… toutes les voix critiques sont réduites au silence. Sous prétexte de mesures de lutte contre le terrorisme, les autorités procèdent à des arrestations arbitraires et abusives de défenseurs des droits humains. Nous avons documenté une hausse alarmante des exécutions : pour les seuls mois d’octobre et novembre, les autorités égyptiennes ont exécuté 57 hommes et femmes, près du double des 32 exécutions recensées tout au long de l’année 2019. Autant d’éléments qui montrent la gravité de la situation des droits humains dans le pays.
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Des défenseurs des droits libérés mais à la merci du pouvoir
Grâce à une forte pression nationale et internationale, le président égyptien a libéré trois dirigeants d’une organisation indépendante de défense des droits humains, l’Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR). Un immense soulagement. Il y a trois semaines, Mohamed Basheer, Karim Ennarah et Gasser Abdel-Razek, avaient été arrêtés sur des accusations infondées, notamment de « terrorisme » suite à une réunion avec des diplomates étrangers. Avec 50 autres organisations, nous avions appelé à leur libération.
Bien qu’ils soient libres, cette victoire reste en demi-teinte. Le 6 décembre, la justice égyptienne a décidé de geler les avoirs personnels des trois dirigeants de l’EIPR. Cette nouvelle attaque contre l’organisation ne laisse aucun doute sur l’intention des autorités d’éradiquer le mouvement égyptien de défense des droits humains.
Maintenir la pression sur les autorités égyptiennes
Alors que des milliers de défenseurs des droits humains sont soumis à des arrestations arbitraires, la communauté internationale doit assurer une pression constante et coordonnée sur les autorités égyptiennes. Par l’intermédiaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, un mécanisme de surveillance et d’information sur la situation des droits humains en Egypte doit être mis en place.
De notre côté, nous maintenons la pression et restons mobilisés. Mardi 8 décembre, nous étions rassemblés avec d’autres organisations devant l’Assemblée nationale pour exiger la libération des prisonniers d’opinion en Egypte. Nous étions aux côtés de Céline Lebrun-Shaath, la femme de Ramy Shaath, ce fervent défenseur des droits humains égypto-palestinien détenu depuis 17 mois en Egypte en raison de son militantisme politique.
Agir : 4 choses à faire pour la libération de Ramy Shaath
Lors de la visite d’Etat du président égyptien à Paris, la France semble avoir privilégié son partenariat stratégique et économique avec l’Egypte plutôt que d’alerter sur la situation désastreuse des droits humains dans le pays. Pendant la conférence de presse, Emmanuel Macron a déclaré qu’il ne conditionnerait pas son partenariat stratégique avec l’Egypte au respect des droits humains.
Pour Ramy et pour tous les défenseurs des droits humains égyptiens emprisonnés, nous devons nous battre. Plus que jamais, nous resterons mobilisés pour que les droits humains soient protégés en Egypte.
LIBERTÉ POUR LES PRISONNIERS D'OPINION ÉGYPTIENS
Mobilisez-vous pour la libération de tous les prisonniers d’opinion en Egypte, emprisonnés simplement pour avoir défendu leurs droits !