Alors que Barack Obama en avait fait une de ses promesses de campagne, la fermeture de ce camp n'est toujours pas d'actualité.
Ce centre de détention aux contours juridiques flous a été ouvert en 2002 par l’administration de George Bush sur une base navale américaine située depuis 1903 dans une baie cubaine. L’objectif : détenir des suspects traqués par les agents de la Central Intelligence Agency (CIA), après les attentats du 11 septembre 2001, tout en échappant à la législation américaine. Puisque cette base se trouve hors du territoire des États-Unis, les cours fédérales n’ont pas compétence pour examiner les requêtes en habeas corpus déposées par les « étrangers ennemis » qui y ont croupi pendant des années.
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Une impasse juridique ?
Avec ses détenus en uniformes orange et sacs noirs sur la tête, « Gitmo » est devenu un symbole des entorses faites au droit au nom de la « guerre contre le terrorisme ». La prison a géré jusqu’à 779 personnes, y compris des mineurs, convoyées du monde entier par la CIA. Guantánamo, accusée de pratiquer des tortures, voire d’avoir maquillé des meurtres en les faisant passer pour des suicides de détenus, est une prison « que le monde condamne et que les terroristes utilisent pour recruter », a affirmé Barack Obama, sans dévier de sa ligne.
Des petits groupes de prisonniers ont été transférés ces derniers mois vers des pays tiers, mais les 61 détenus qui y restaient mi-août empêchaient toujours la fermeture de Guantánamo. Des cas problématiques : l’administration Obama a ainsi affirmé qu’une cinquantaine de ces hommes, « trop dangereux », ne pouvaient ni être inculpés ni être libérés, mais maintenus en détention militaire pour une durée indéterminée. Une victoire pour le lobby militaire, mais un échec pour le respect des droits humains. Hillary Clinton, candidate du Parti démocrate, a fait une fleur à Barack Obama, qui tient à compléter son bilan.
Elle s’est dit prête à fermer « Gitmo », qu’elle avait dans un premier temps soutenu, quitte à convoyer 30 à 60 des derniers prisonniers vers des pénitenciers situés dans le Kansas, en Caroline du Sud et dans le Colorado. De son côté, le candidat républicain Donald Trump, crédité d'environ 40 % d’intentions de vote dans les sondages (mi-août), annonce qu’il maintiendra grandes ouvertes les portes de ce pénitencier, s’il est élu, pour le « remplir de sales types ».
Rencontre publique avec Albert Woodfox et Robert King
Une rencontre exceptionnelle à Paris donnera la parole à Robert King et Albert Woodfox qui ont passé 40 ans à l'isolement en prison aux Etats-Unis.