Les Chambres africaines extraordinaires (CAE) qui avaient jugé l’ex-président tchadien Hissène Habré ont confirmé en appel, jeudi 27 avril, sa condamnation à la prison à vie pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et actes de torture.
La décision rendue aujourd'hui représente une nouvelle étape cruciale dans la longue quête de justice menée avec persévérance par les victimes de l'ancien chef de l'État Hissène Habré.
Une immense victoire
Le procès d'Hissène Habré en 2016 et sa condamnation ont été l’aboutissement d'une bataille acharnée menée par des milliers de victimes et leurs proches pendant des années afin d'obtenir justice pour les crimes de droit international commis au Tchad entre 1982 et 1990.
C'est la première fois que la compétence universelle abouti à un procès sur le continent et qu'un ancien chef d'État est condamné par une cour africaine pour des crimes contre l'humanité.
Ce jugement va encourager les victimes de violations graves des droits humains commises dans d'autres pays à surmonter les nombreux obstacles qu'ils rencontrent sur le chemin de la justice. Nous espérons qu'il va aussi amener d'autres pays africains à utiliser le principe de compétence universelle pour poursuivre en justice les auteurs de crimes de droit international ou à créer des tribunaux hybrides de ce type, comme en République centrafricaine et au Soudan du Sud.
Le Tchad doit continuer d’agir
L'Union africaine doit également veiller à ce que le fonds d'indemnisation applique les décisions de justice de façon efficace et équitable, et à ce qu'il collabore avec les donateurs internationaux et le gouvernement tchadien afin qu'il dispose des ressources nécessaires. Les mesures nécessaires doivent aussi être prises pour trouver, geler et saisir les avoirs d'Hissène Habré à des fins de réparations.
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La condamnation d'Hissène Habré ne met pas un terme à la quête de justice au Tchad. La victoire remportée aujourd'hui doit servir à rappeler au gouvernement tchadien que les victimes d'autres violations graves des droits humains, notamment d’homicides et de violences sexuelles commis massivement entre 1982 et 1990, continuent de demander justice et le respect de l'obligation de rendre des comptes.