Steve Maia Caniço est mort lors d'une intervention policière dans la nuit du 21 au 22 juin 2019, alors qu'il participait à la Fête de la musique à Nantes. Quatre ans et demi plus tard, faisons le point.
Un pas de plus vers une réponse judiciaire
Le commissaire de police qui dirigeait l'intervention policière lors de laquelle Steve est tombé et mort dans la Loire, est renvoyé devant le tribunal correctionnel de Rennes pour "homicide involontaire".
L'enquête avance !
Un commissaire de police est désormais mis en examen pour homicide involontaire.
L’enquête administrative de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) n’établit pas de lien entre l'intervention de la police et sa disparition et ne remet pas en cause l’intervention des forces de l’ordre menée dans la nuit du 21 au 22 juin à Nantes. Edouard Philippe la résume ainsi : « Il ne peut être établi de lien entre l’intervention de police et la disparition de Steve Maia Caniço. »
L’enquête face au droit international
Pourtant, selon le droit international, tout recours à la force doit être strictement nécessaire et proportionné pour être légitime, qu’il s’agisse d’une riposte ou d’une charge de la police. L’usage de gaz lacrymogènes, de tirs de LBD 40 et de grenades de désencerclement, en bordure de Loire, constitue vraisemblablement un usage dangereux et excessif de la force. Même si les forces de l’ordre ont reçu des projectiles, rappelons que l’usage de la force doit être évité dès que d’autres tactiques sont envisageables pour préserver les personnes.
Il est incompréhensible que l’enquête de l’IGPN ne prenne pas en compte ces questions de proportionnalité et de nécessité. Si on peut poser des questions sur les conditions d’organisation de la fête ou sur les transmissions d’information aux forces de police engagées, il était aussi nécessaire d’interroger les modalités de leur action.
Il est bienvenu que le gouvernement s’engage à faire « toute la lumière » sur le décès de Steve Caniço, notamment à travers une enquête de l’Inspection générale de l'administration (IGA), afin de pouvoir interroger le rôle de la chaîne de commandement, ce que ne permettait pas l’enquête de l’IGPN.
Un drame emblématique d’une dérive du maintien de l’ordre
Ce drame est emblématique d’une dérive dans le maintien de l’ordre en France ces derniers mois.
Le décès de deux personnes et le nombre inédit de blessures très graves, dans des contextes de gestions de foules, alertent gravement sur les moyens et les stratégies du maintien de l’ordre en France.
Nous alertons la France depuis de nombreux mois
Depuis de nombreux mois, nous alertons le gouvernement sur de nombreux points :
l’importance d’un usage strictement nécessaire et proportionné de la force
la nécessité d’interdire les grenades de désencerclement GLI-F4 et la suspension du LBD40
l’urgence d’appliquer des stratégie de désescalade pour éviter autant que possible le recours à la force.
Après le drame de Steve, les autorités prendront-elles enfin la mesure du problème ? A quand une stratégie du maintien de l’ordre respectueuse des droits humains en France ?
Abonnez-vous à l'Hebdo
Chaque vendredi, recevez par email l'essentiel de l'actualité des droits humains