Largement ignoré par la communauté internationale, le calvaire de ceux qui ont disparu après avoir été arrêtés par les autorités ou capturés par les groupes armés est une tragédie. Des dizaines de milliers de familles tentent désespérément de savoir ce qu’il est advenu de leurs proches.
D'après le Réseau syrien des droits de l'homme (SNHR), 75 000 personnes ont été victimes de disparitions forcées aux mains du gouvernement syrien depuis 2011.
Si la grande majorité des personnes qui ont disparu en Syrie se sont évaporées dans le réseau de centres de détention du gouvernement, plus de 2 000 personnes ont disparu après avoir été arrêtées par des groupes armés d'opposition et le groupe armé se désignant sous le nom d'État islamique (EI).
La souffrance des familles
Le 20 septembre 2012, L’époux et le fils de Fadwa Mahmoud ont disparu après avoir été arrêtés par le Service de renseignement de l’armée de l’Air à un poste de contrôle à Damas.
Les jours s'égrènent. Je vis grâce à l'espoir, c'est ce qui me permet d'avancer et me pousse à œuvrer pour leur libération. Je n'ai jamais perdu espoir qu'ils reviennent. Je me plais à imaginer ce moment où j'apprendrai leur libération. »
Fadwa Mahmoud
Le gouvernement syrien nie les détenir.
Razan Zeitouneh, Wael Hamada, Samira Khalil et Nazem Hammadi, militants pacifiques syriens qui travaillaient pour le Centre de documentation des violations en Syrie (VDC), une ONG qui recense les violations des droits humains, ont été enlevés par un groupe armé d'opposition dans leur bureau en Ghouta orientale, le 9 décembre 2013. Leurs familles n'ont pu obtenir aucune information sur le sort de leurs proches.
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Une communauté internationale silencieuse sur le sujet
Les responsables présumés des disparitions forcées en Syrie jouissent d'une impunité totale. La communauté internationale ne s’intéresse toujours pas suffisamment à cette question. Si cette question ne devient pas centrale, notamment lors des pourparlers de paix à Genève et Astana, les générations futures en paieront les conséquences et les perspectives de cicatrisation et de réconciliation seront compromises.
Le gouvernement syrien et les groupes armés impliqués dans le conflit qui secoue le pays n’ont toujours pas révélé le sort qui a été réservé aux dizaines de milliers de victimes de disparitions forcées ou d'enlèvements depuis le début de la crise en 2011.
La Russie et les États-Unis, en particulier, doivent user de leur influence pour faire pression respectivement sur le gouvernement syrien et les groupes armés d'opposition, afin de permettre à des observateurs indépendants de se rendre dans les lieux de détention, de dévoiler les noms des personnes privées de liberté et le lieu où elles se trouvent, et de permettre à tous les détenus de communiquer avec leurs familles.
À l'occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée , nous présentons une exposition artistique à Beyrouth, intitulée « Des dizaines de milliers ».