Jeudi 10 août, Alireza Tajiki, jeune Iranien arrêté, déclaré coupable et condamné à mort alors qu'il avait 15 ans, a été exécuté.
En procédant à cette exécution, au mépris de leurs obligations découlant du droit international et d'une forte opposition de l'opinion publique iranienne et internationale, les autorités iraniennes démontrent une nouvelle fois le peu de cas qu'elles font des droits des mineurs. Cet acte honteux marque un tournant en Iran et met au jour l’inanité des déclarations des autorités, qui se targuent d'avoir une véritable justice pour mineurs.
Alireza Tajiki est le quatrième prisonnier exécuté en Iran cette année qui avait été arrêté alors qu'il était mineur. Son exécution, qui a eu lieu alors qu'il avait affirmé que ses " aveux " lui avaient été extorqués sous la torture, s'inscrit dans le cadre d'une pratique bien établie en Iran, qui envoie à la potence des personnes arrêtées alors qu'elles étaient mineures et bien souvent condamnées à l'issue de procès iniques.
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Cette exécution est une violation flagrante des obligations incombant à l'Iran au titre de la Convention de l'ONU relative aux droits de l’enfant, qu'il a ratifiée il y a 20 ans. En envoyant Alireza Tajiki à la mort, les autorités iraniennes témoignent de leur attachement à poursuivre cette pratique abjecte et de leur manque de volonté de mettre en œuvre leurs timides réformes pour sauver la vie de ceux qui ont été condamnés alors qu'ils étaient mineurs.
L’histoire d’Alireza Tajiki
Alireza Tajiki avait 21 ans au moment de son exécution. Il a été interpellé en mai 2012 lorsqu'il avait 15 ans et condamné à mort un peu moins d'un an plus tard, en avril 2013. Un tribunal pénal de la province du Fars, dans le sud de l’Iran, l’avait déclaré coupable de meurtre et de pénétration anale forcée entre deux hommes (lavat-e be onf).
Son procès, contraire aux règles d’équité les plus élémentaires, reposait principalement sur des « aveux » qui, selon l'accusé, lui avaient été extorqués sous la torture. Il aurait notamment été roué de coups, flagellé et suspendu par les bras et les pieds.
Des réformes indispensables
En 2013, les autorités iraniennes ont adopté des réformes parcellaires pour détourner l’attention des critiques relatives à leur bilan honteux concernant l’exécution de mineurs délinquants, mais ont continué à condamner à la peine capitale des dizaines de jeunes qui avaient moins de 18 ans au moment de leur crime présumé, ce qui est contraire à leurs obligations internationales en matière de droits humains. Ces réformes englobent les modifications apportées au Code pénal islamique de 2013, qui confèrent aux juges le pouvoir discrétionnaire de remplacer la peine de mort par un autre châtiment, s'ils estiment que l'accusé n'a pas atteint le stade de la « maturité psychologique » au moment du crime.
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L’Iran est l’un des derniers pays du monde à continuer de procéder à l’exécution de mineurs délinquants. En août 2017, Amnesty International avait recensé au moins 89 condamnés à mort qui avaient moins de 18 ans au moment des faits qui leur sont reprochés.