Voilà deux ans qu’a été adoptée la loi française relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre, visant à mieux prévenir les atteintes aux droits fondamentaux et à l’environnement liées à l’activité des multinationales. Aujourd’hui, nous dressons un bilan alarmant.
En partenariat avec d’autres associations, nous publions ce jour une étude qui dresse un constat inquiétant. Les premiers plans de vigilance que devaient présenter les entreprises en 2018 sont souvent incomplets et parfois même inexistants.
En 2017, la France devient le premier pays à adopter une législation contraignante sur le respect des droits humains et de l’environnement par les multinationales. Celles-ci ont désormais l’obligation légale d’identifier et de prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement, qui résultent non seulement de leurs propres activités mais aussi de celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs, avec lesquels ces multinationales entretiennent une relation commerciale établie, en France et dans le monde.
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Une loi encore mal appliquée
En 2018, les grandes entreprises françaises ont donc été obligées d’établir, de publier et de mettre en œuvre de façon effective leur premier plan de vigilance. L’année 2019 sera décisive puisque les premières actions en justice s’appuyant sur cette loi pourront être lancées.
Sur les 80 plans de vigilance analysés par nos associations, la plupart ne répondent que très partiellement aux exigences de la loi, notamment en termes d’identification des risques de violations, de leur localisation et des mesures mises en œuvre pour les prévenir.
Plus grave encore, certaines sociétés, telles que Lactalis, le Crédit agricole, Zara ou encore H&M, n’ont toujours pas publié de plan de vigilance, en dépit de l’obligation légale qui leur est faite.
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Les secteurs à risques
Certains secteurs sont particulièrement à risques en termes d’atteintes aux droits humains et à l’environnement : industries extractives, secteurs de l’armement, de l’habillement, secteurs agroalimentaire et bancaire.
Nous avons donc analysé plus particulièrement les plans de vigilance d’entreprises majeures, telles que Danone, Dassault Aviation, Total, BNP Paribas ou encore Carrefour. Nous avons constaté d’importants manquements au niveau des cartographies des risques.
Elles sont pour la plupart insuffisantes, voire inexistantes. Les risques pour les investisseurs ou pour l’entreprise elle-même sont mis en avant au détriment de ceux relatifs aux tiers (les travailleurs, les populations et l’environnement), alors même que la loi est sans équivoque sur cet aspect.
De bonnes résolutions pour 2019 ?
Si la loi est peu ou mal appliquée, il est illusoire d’envisager une diminution des dommages environnementaux ou des violations des droits humains dont sont victimes des travailleurs et des populations à travers le monde.
Nous demandons aux pouvoirs publics d’assurer un réel suivi de l’application de la loi et de la renforcer afin que davantage d’entreprises soient visées.
Par ailleurs, cette loi française étant devenue une référence internationale, il est également indispensable que la France œuvre à l’adoption en Europe et dans le monde de normes contraignantes pour toutes les multinationales, permettant enfin un accès efficace des victimes à la justice.
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Nous demandons à la France de soutenir activement l’internationalisation du devoir de vigilance en contribuant de manière ambitieuse à l’élaboration du traité sur les multinationales et les droits humains actuellement négocié aux Nations unies, et en exigeant de l’Union européenne un soutien ferme à ce processus.