Maryam* est une Syrienne originaire de Homs. Ayant fui la guerre, elle espérait trouver du répit au Liban. Hélas, il n’y a pas de répit. En toute impunité, des forces de l’ordre et les hommes de la rue la harcèlent. Voici son récit.
> A l’occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, nous publions les témoignages de femmes réfugiées. Retrouvez aussi les témoignages d’Ada, de Diana, et de Patricia.
Un membre de ma famille est mort en août. Ma sœur et moi avons été interrogées par la police, à qui nous avons dû donner nos coordonnées complètes (nom, adresse et numéro de téléphone).
Au bout de quelques temps, des policiers ont commencé à passer devant notre maison ou à nous appeler pour nous demander de sortir avec eux. Il s'agissait des trois policiers qui avaient pris notre déposition. Comme nous n'avons pas de permis [de séjour], ils nous ont menacées de nous emprisonner si nous ne sortions pas avec eux.
Cela a duré environ deux mois. Puis notre propriétaire a voulu récupérer le logement alors nous avons déménagé. Nous avons changé de numéros de téléphone et n'avons pas donné notre nouvelle adresse à la police. Maintenant, je n'oserais plus aller au poste de police. Même si j'y allais, cela ne servirait à rien. La police ne m'aiderait pas.
Une autre fois, j'étais au bord d'une route peu passante quand une voiture s'est arrêtée. Son conducteur m'a proposé de m'emmener à l'endroit où je voulais aller. Je suis montée à l’arrière.
L'homme a commencé à me parler, à me dire qu'il me donnerait de l'argent et qu'il m'emmènerait dans une très belle maison, qu'il compenserait tout ce que j'avais perdu. Il m'a demandé de venir m'asseoir à côté de lui. J'ai essayé de ne pas montrer que j'étais terrifiée et j'ai attendu qu'il y ait des habitations et beaucoup de monde avant de lui demander de s'arrêter pour que je puisse monter à l’avant de la voiture.
Quand il s'est arrêté, je suis descendue de la voiture et j'ai appelé des connaissances pour qu'elles viennent me chercher. Il m'a demandé mon numéro de téléphone mais je lui ai donné un faux numéro.
Le harcèlement [des réfugiées] est un gros problème au Liban . Peu importe que je sois célibataire ou mariée, je suis sans cesse harcelée. C'est pourquoi nous avons peur pour nos enfants. J'ai une fille de 16 ans et je n'ose même pas l'envoyer à la boutique voisine. C'est une souffrance pour tous les Syriens.
Maryam, réfugiée syrienne
La terrible vie des réfugiées au Liban
Le Liban accueille plus d’un million de réfugiés de Syrie, ce qui représente plus de 25% de la population.
Les autorités libanaises ont durci les conditions pour renouveler le permis de séjour. De ce fait, de nombreux réfugiés n’ont pas leurs papiers en règle et sont exposés à une exploitation en toute impunité. Les réfugiées qui vivent au Liban sont particulièrement exposées à la violence liée au genre, au harcèlement et à l'exploitation dans les lieux publics, à leur domicile et sur leur lieu de travail.
Leur protection et leur accès à la justice sont minimes voire inexistants. Les femmes chefs de famille sont particulièrement prises pour cible et harcelées par des hommes qui savent qu'elles n'ont pas de mari ni d'autre homme de leur famille vivant avec elles au Liban.
Le Liban doit assurer que les réfugiés soient réellement protégés. Dans le même temps, la protection des réfugiés ne doit pas être assurée par une poignée de pays. Tous les pays du monde doivent y participer afin d’assurer une protection réelle et efficace pour les réfugiés.
* Le nom a été changé