Dans la région de l’Amazonie, le risque de violents affrontements est imminent. Les confiscations de terres et l’exploitation forestière illégales ne cessent de s’intensifier et des intrus armés mettent en péril les peuples indigènes.
Dans trois territoires indigènes différents, dans le nord du Brésil, des intrus ont commencé ou poursuivi des opérations illégales visant à confisquer des terres ou à abattre des arbres.
Les leaders indigènes dénoncent avoir été menacés de mort parce qu’ils défendent leurs terres ancestrales. Avec l’arrivée de la saison sèche, ils craignent de nouvelles intrusions car l’accès à la forêt sera facilité ainsi que la déforestation et les brulis.
Les confiscations de terres
D’après des représentants d’ONG et les autorités interrogées, les intrus sont souvent des habitants de la zone que des fermiers et des politiciens locaux incitent à occuper des parcelles de terres et à vendre le bois.
Dans certains territoires, les peuples indigènes font des patrouilles pour surveiller et protéger leurs terres contre ces intrusions. Comme les intrus sont souvent armés, le risque d’affrontements violents est très élevé.
Dans ces trois sites, les leaders indigènes ont dénoncé à maintes reprises les confiscations de terres et l’exploitation forestière illégales auprès des autorités du gouvernement. Cependant, celles-ci n’apportent que des réponses limitées et ces activités illégales se poursuivent.
© Conor Fortune
Menaces et intrusions
Dans ces territoires indigènes, nous avons observé des traces de routes et chemins qui indiquent que des intrus les ont empruntés.
Un leader indigène nous a confié craindre que la situation ne dégénère en violents affrontements au cours de la saison sèche :
Ils ont laissé un message indiquant que nous [les leaders indigènes] ne devions pas marcher sur leurs chemins, au risque de disparaître… Si le gouvernement ne protège pas le territoire, c’est la porte ouverte à une tragédie entre intrus et habitants.
Un leader indigène
Des traces de routes © Conor Fortune
L’inaction du gouvernement
La réponse du gouvernement à ces confiscations de terres et ces exploitations forestières illégales demeure inappropriée. Les opérations de surveillance ont été réduites ces derniers mois du fait des restrictions budgétaires.
Les populations indigènes ont fait part de leur frustration, les responsables d’intrusions étant rarement amenés à rendre des comptes.
De janvier à avril 2019, le parquet fédéral (Ministério Público Federal) a adressé au moins quatre lettres au ministère de la Justice et à celui des Femmes, de la Famille et des Droits humains – le ministère en charge de la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI) depuis janvier 2019 – détaillant la détérioration de la situation en matière de sécurité dans certains territoires indigènes, et mettant en garde contre le risque de conflit. Le parquet demandait le soutien immédiat de la Force nationale (Força Nacional), tandis que les autorités mettent au point un programme de protection durable pour les territoires.
À ce jour, le ministère de la Justice et celui des Femmes, de la Famille et des Droits humains ne se coordonnent pas avec la Force nationale pour protéger les territoires et le plan de protection durable n’est toujours pas finalisé.
© Conor Fortune
La déforestation s’amplifie
Les confiscations de terre et l’exploitation forestière illégales sont généralement moins courantes pendant la saison des pluies (d’octobre/novembre à mai/juin) que pendant la saison sèche (de mai/juin à octobre/novembre). L’ONG Imazon a signalé la perte de 110 km² de forêt dans les territoires indigènes en Amazonie au cours des trois premiers mois de l’année – soit une hausse de 82 % par rapport à la même période en 2018.
Selon des études, là où les terres ancestrales des populations indigènes sont des forêts primaires, la démarcation des territoires indigènes peut jouer un rôle protecteur contre la déforestation.
Conserver les forêts primaires est essentiel pour lutter contre le changement climatique, car lorsqu’elles sont coupées ou brûlées, le carbone stocké est libéré dans l’atmosphère principalement sous forme de dioxyde de carbone.
Déforestation en Amazonie © Conor Fortune
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