Un accord de partage du pouvoir a été trouvé au Soudan entre les dirigeants militaires et les chefs de la contestation. Une avancée qui doit se confirmer.
Il est manifeste que cet accord ne représente pas la fin des terribles épreuves subies par la population soudanaise. Mais sa seule existence met en évidence l’extraordinaire détermination et la formidable résilience des gens ordinaires qui ont choisi de défendre leurs droits.
Ce sont les détails qui posent problème dans n’importe quel accord, mais nous espérons que cet accord marque une avancée en vue de la fin des terribles crimes subis par la population soudanaise depuis plusieurs décennies. La valeur de cet accord doit être jugée en observant si les détenteurs du pouvoir assument leurs responsabilités en ce qui concerne le respect des droits fondamentaux des personnes, respect dont la population soudanaise est privée depuis presque trois décennies.
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Deux mesures indispensables pour l’application de cet accord
Deux mesures essentielles doivent à présent être prises pour que cet accord constitue une réelle avancée pour le Soudan. Tout d’abord, il faut totalement interdire aux Forces de soutien rapide de participer à des missions de maintien de l’ordre. Elles ne peuvent en aucun cas participer à de telles activités compte tenu des crimes de guerre qu’elles ont commis au Darfour, et des homicides, des actes de torture et des autres graves violences dont elles se sont rendues responsables à l’encontre de manifestants depuis la destitution du président Omar el Béchir, en avril 2019.
Ensuite, il faut qu’une enquête indépendante soit immédiatement menée sur les abominables violences perpétrées par les forces gouvernementales à l’encontre des manifestants. Le monde a assisté, horrifié, au massacre de citoyens soudanais ordinaires qui avaient osé demander le respect de leurs droits fondamentaux. Les détenteurs du pouvoir ne doivent pas croire une seconde que nous allons oublier ces atrocités. Les responsables devront répondre intégralement de ces agissements, rien de moins n'est acceptable.
STOP AUX ATTAQUES CONTRE LES MANIFESTANTS
Le 6 juin, le Soudan a été suspendu de l’Union africaine. Le lendemain, le Premier ministre éthiopien a rencontré les responsables militaires soudanais. En tant qu’intermédiaire dans les négociations, monsieur le Premier ministre Abiy Ahmed, est en position clé pour faire pression sur le Conseil militaire de transition.