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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Julien* : « Ils ont fouillé mon téléphone. Ça me dérangeait mais je n’avais rien fait, je me suis dit que ça irait dans mon sens »

Julien, 16 ans, lycéen - environ 20h de garde à vue et classement sans suite

Samedi 12 décembre à Paris, Julien a été arrêté alors qu’il manifestait pacifiquement avec des amis contre la proposition de loi « Sécurité Globale » et contre le projet de loi « confortant les principes républicains ». Environ 20 heures dans une cellule, privé de libertés, pour avoir manifesté. Comment la police a-t-elle justifié son interpellation ? Dans quelle condition s’est faite son arrestation ? Comment a-t-il vécu sa garde à vue ? Voici son témoignage. 

La manifestation  

Ce jour-là, j’avais demandé l’autorisation à mon père d’aller manifester. J’y suis allé avec quelques amis. On est arrivés à Châtelet.On s’est fait contrôler une ou deux fois, mais ils n’ont rien trouvé de problématique. On avait à peine commencé à marcher que les policiers chargeaient. Je me suis fait arrêter un peu avant 16h30 je pense. Une petite charge de cinq policiers avancent. Il y en a qui frappe une personne que je connaissais. Un autre m’attrape par les épaules et me tire par derrière.  

L’interpellation 

Ils me mettent contre le mur. Contrôle d’identité.Ils me font vider mes poches, puis m’asseoir sur un petit rebord de vitrine. Au début je ne comprends pas trop ce qu’il vient de se passer. donc je ne dis pas grand-chose. Je ne réalise pas trop ce qu’il se passe. Je me fais attacher les mains avec des serflex. On reste une vingtaine de minutes comme ça. Dans le fourgon, je demande ce qui m’est reproché.Ils me disent que j’ai participé à un groupe en vue de commettre un délit, avec la circonstance aggravante d’avoir dissimulé partiellement mon visage. On m’accuse de rébellion, de refus de dispersion après des sommations, et d’entrave à une interpellation.  

Commissariat 

On est allés au commissariat du 15ème arrondissement. On arrive autour de 18h. On nous coupe les serflex avec un couteau. Je dois vider toutes mes affaires dans un bac et enlever mes lacets de chaussures. Ils coupent aussi le cordon de mon pantalon. Après, ils m’ont emmené dans une salle. J’ai dû me mettre en caleçon.  

Cellule 

On nous a ensuite placé dans la cellule pour mineurs. On reste un certain temps. Je ne sais pas combien je n’avais aucun moyen de le savoir. J’étais assez stressé au début. Et puis je ne me rendais pas vraiment compte, c’est allé très vite. J’ai vu un officer de policer judiciaire (OPJ) qui m’a énoncé  mes droits. Il m’a  demandé des informations sur mon identité. Après, onreste en cellule jusqu’à 23h, puis on voit un médecin.Ensuite,on retourne en cellule, on essaie de dormir un peu. On est deux dans la cellule. Il y a juste un matelas sur un banc et une couverture. J’ai demandé un autre matelas et ils n’en n’ont pas trouvé. On était pliés. Il y avait une énorme lumière pointée sur nous pendant les 24 heures.  

[Le lendemain] on ne sait pas trop quelle heure il est. Au bout d’un moment, on est venu me chercher et on m’a emmené dans une salle pour prendre des photos de moi. Ils ont pris des photos des signes distinctifs que j’ai comme les cicatrices. Ils ont pris mon ADN, mes empreintes, et  m’ont demandé ma taille. Je ne crois pas qu’ils m’aient demandé si j’étais d’accord. 

L’audition 

Mon père leur avait dit de contacter notre avocate, mais moi j’ai eu une commise d’office. J’ai eu une sorte d’interrogatoire : on m’a demandé ce que je faisais dans la vie, pourquoi j’étais à la manifestation, si je reconnaissais les faits qui m’étaient reprochés... j’ai dit que je n’avais rien fait. Ils ont fouillé mon téléphone avec mon accord. Ça me dérangeait mais je n’avais rien fait. Je me suis dit que ça irait dans mon sens si j’allais dans leur sens. Mon avocate m’avait dit qu’ils verraient ça d’un bon œil. 

Liberté 

Je repars en cellule. Après,ils m’ont dit que mon dossier était envoyé au procureur de la république pour qu’il donne une réponse dans l’après-midi pour savoir si on restait ou pas en garde à vue. Moi je me dis que depuis la veille, je n’ai pas eu beaucoup de chance, donc je m’attends à être prolongé. Mais vers 15h30 dimanche, je suis relâché, sans charge. J’étais soulagé, content de sortir. Je ne comprends toujours pas pourquoi on a été arrêté. Je sais qu’on n’a pas été les seuls.

*Le prénom a été modifié

Agir

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