Nous sommes le samedi 12 décembre à Paris : manifestation contre la proposition de loi « Sécurité Globale » et contre le projet de loi « confortant les principes républicains ». Sur 142 arrestations, 124 personnes seront placées en garde à vue, la plupart sans raison valable. Voici le témoignage de quatre manifestants, arrêtés arbitrairement.
Alors qu’ils étaient venus manifester pacifiquement, Mélanie, Adrien, Stéphane* et Julien* ont été placés en garde à vue. Des heures dans une cellule, privés de liberté, pour avoir simplement manifesté. Ces personnes ont toutes été relâchées, sans aucune charge retenue contre elles. Mais une garde à vue, ce n’est pas anodin : stress, humiliation, sentiment d’injustice, angoisse … la pression psychologique des gardes à vue laisse des traces.
Mélanie, 40 ans
Travailleuse sociale à Amiens - 48h de garde à vue, aucune charge retenue
Mélanie a été privée de liberté pendant 48h. La police lui a notamment reproché de détenir un parapluie « appelant à la haine ». Elle nous décrit ses angoisses et l’humiliation qu’elle a vécue pendant sa garde à vue.
Déjà 24h de garde à vue et ma famille ne sait rien. Je suis seule en cellule, aucune information. Je deviens parano, je me demande comment mes collègues, ma famille vont le prendre, alors que je n’ai rien fait .
Adrien, 24 ans
Journaliste - 34 heures de garde à vue, aucune charge retenue
Adrien a été privé de liberté pendant 34h alors que, reporter, il couvrait la manifestation pour un média. Lors de son interpellation, la police lui a arraché la batterie de sa caméra alors qu’il filmait. Il nous décrit ses heures interminables en garde à vue.
Après avoir vu mon avocat, ils me remettent en cellule. Jusqu’à tard le lendemain, je n’ai plus d’information sur ce qui se passe. Je perds la notion du temps. On devient impatient, on pose des questions, sans réponse.
Stéphane*, 40 ans
19h de garde à vue, aucune charge retenue
Stéphane a été privé de liberté pendant 19h, arrêté après une violente charge des policiers qui a fait tomber plusieurs personnes. Jusqu’à ce qu’il soit placé dans une cellule, il ne savait pas ce qui lui était reproché. Il nous décrit la violence de son interpellation et l’angoisse de sa garde à vue.
Dans ma cellule, j’essaye de comprendre à quelle sauce je vais être mangé. C’est angoissant parce que tu ne sais pas ce qu’on te reproche, ni ce qui va se passer. C’est l’incertitude qui est le plus difficile à vivre. Je n’ai pas dormi de la nuit, ça devenait épuisant.
Julien*, 16 ans
Lycéen - 20h de garde à vue, aucune charge retenue
Julien a été privé de liberté pendant 20h parce que la police l’accusait, entre autres, de faire partie d’un groupe susceptible de commettre un délit. Il nous décrit le stress de sa première garde à vue et son grand sentiment d’injustice.
Je ne réalise pas ce qui se passe. Je suis emmené dans une salle. Je dois me mettre en caleçon. Je suis stressé. On me place dans une cellule pour mineur. J’y passe toute la nuit.
Nous dénonçons ces arrestations arbitraires. Ces témoignages sont de nouveaux exemples de la répression dont certains manifestants pacifiques peuvent faire l’objet. Ces gardes à vue sont injustifiées : elles sont une violation du droit à la liberté et à la sûreté de sa personne, mais aussi une atteinte au droit de manifester.
*Le prénom a été modifié
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