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URGENCE PROCHE ORIENT

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Mélanie : « On me met sur un coin de mur, j’ai droit à une fouille poussée parce qu’ils me reprochent de détenir un parapluie appelant à la haine » 

Mélanie, travailleuse sociale dans un centre à Amiens, 40 ans, mariée, mère de deux enfants adolescents, militante Gilet Jaune depuis décembre 2018 et membre du Collectif des Mutilés pour l'Exemple - 48h de garde à vue, classement sans suite.

Samedi 12 décembre à Paris, Mélanie a été arrêtée alors qu’elle manifestait pacifiquement contre la proposition de loi « Sécurité Globale » et contre le projet de loi « confortant les principes républicains ». Plus de 48 heures dans une cellule, privée de liberté, pour avoir simplement manifesté. Comment la police a t-elle justifié son interpellation ? Dans quelle condition s’est faite son arrestation ? Comment a-t-elle vécu sa garde à vue ? Voici son témoignage.

Pendant la manifestation  

En arrivant à Châtelet j’ai été contrôlée 5 fois. Il y a un dispositif policier assez impressionnant. C’était très calme, il ne se passait rien, et là deux brigades de la BRAV [Brigade de répression de l’action violente motorisée] rentrent dans le cortège. [Ils] attrapent mon amie. Il y un moment de flottement. On ne sait pas ce qu’il se passe. Une brigadière me montre du doigt et dit « elle aussi, elle aussi !». Je me laisse faire. Je suis un peu sonnée, mais je n’ai rien à me reprocher. Je pense que je vais sortir tout de suite.  

L’interpellation  

On nous met sur un coin de mur. J’ai droit à une fouille assez poussée parce qu’ils me reprochent de détenir un « parapluie appelant à la haine » ! Ils me fouillent jusque dans la culotte pour trouver le parapluie, c’était un peu fou. Elle ne trouve pas de parapluie. Ça dure des plombes, il se met à pleuvoir. Dans le fourgon, on doit être 20 ou 25. On parle de pourquoi on a été arrêté : un masque de clown, une pancarte… arrêtés pour rien, on en rigole !  

Commissariat  

Ils nous font descendre dans le premier commissariat dans le 19ème. L’officier de police me dit que je suis accusée d’attroupement en vue de commettre des dégradations. Je dois encore attendre. Ça dure des plombes. On vient me chercher. On m’emmène à la fouille. Je lui dis tout de suite que je suis atteinte d’endométriose, que j’ai le bassin qui tremble. Elle me dit d’enlever mon alliance. Un geste dur pour moi. Je ne l’enlève jamais. Elle me demande de tout enlever. Elle veut que je sois nue, sauf les chaussettes. C’est un peu humiliant. Je lui explique mon problème d’endométriose. Sa collègue a l’air un peu gênée. Elles finissent par me laisser ma culotte, mais elles la fouillent quand même.  

Cellule  

En cellule, on nous dit de prendre un matelas et une couverture. On arrive à en avoir deux, parce qu’il faisait super froid. Ils te refusent des gobelets. Pour boire, c’est seulement aux toilettes. Il faut taper pour pouvoir aller aux toilettes. Moi on ne m’ouvrait plus.  

Le lendemain matin, j’ai été auditionnée par l’officier de police judiciaire (OPJ). Il me dit que mon avocat ne se déplace pas le dimanche et je suis allée à mon audition sans avocat. Les premières questions, c’est «avec qui vous êtes venue ». Après, ça a été sur mes opinions politiques. Qu’est-ce que je pense du gouvernement…  

Je repars en cellule et ensuite, ils viennent nous dire qu’on est reconduites 24h. On est sonnées, on ne pose même pas de question. On me dit que j’ai le droit d’appeler quelqu’un sur haut-parleur et en parlant en français. Ça fait 24h que ma famille ne sait pas où je suis (15h30 le dimanche). [Mon avocat] me cherchait partout, c’était pas vrai qu’il voulait pas venir. 

Prolongation 

Lundi, pas d’audition. Ils ne me parlent plus. Je suis seule en cellule. C’est long. C’est super long. Tu penses à tout. Tu deviens parano à un moment. Tu te demandes si la manif a été vraiment déclarée, s’il n’y a pas eu d’erreur. Tu te demandes si tu as des soutiens, comment tes parents vont le vivre. Tu penses à ton boulot, à comment tes collègues vont réagir…  

Au tribunal  

[Vers 18h30] le fourgon arrive. On est envoyées au tribunal de grande instance (TGI). Les cellules sont en sous-sol. Je m’accroche au fait que je vais sortir, mais en fait, le procureur était parti, donc j’ai dû passer encore une nuit là-bas. 

[Mardi matin] une bonne sœur vient pour une visite et me donne savon et petite serviette. Je n’avais pas eu de savon depuis le début, c’était magique d’avoir de quoi se laver. Tout de suite, tu te sens plus digne. Dans les cellules du TGI, tu as des toilettes dans la cellule et une fontaine à eau. Rien que le fait de pouvoir boire quand tu veux, sans avoir à quémander, c’est vital.  

Le lendemain, le procureur me dit qu’ils sont obligés de me punir, parce que je n’ai pas voulu donner mon ADN, ni mon code de téléphone. J’ai eu un rappel à la loi, plus une interdiction de paraître à Paris pendant 6 mois, alors que je n’ai rien fait… 

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