Depuis le coup d’État raté de 2016 et la mise en place de l’état d’urgence, les personnes LGBTI vivent plus que jamais dans la peur. Un retour en arrière.
Du fait de la répression de la liberté d'expression, les espaces où les personnes LGBTI peuvent être elles-mêmes se réduisent comme peau de chagrin. Ces personnes ont perdu espoir et pensent qu'il n'y a pas d'avenir pour elles. Un grand nombre d'entre eux sont partis s'installer à l'étranger ou envisagent de le faire.
Cela représente un net revirement par rapport à la situation que nous avons connue en Turquie il y a quelques années seulement, quand les organisations LGBTI étaient de plus en plus visibles et s'exprimaient de plus en plus ouvertement. Lors de la dernière marche des fiertés à Istanbul, en juin 2014, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues, dans un élan de joyeuse assurance.
Mais tout cela semble bien loin aujourd'hui, en particulier depuis la répression qui a fait suite au coup d’État manqué de juillet 2016.
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Des marches des fiertés interdites
Au cours des trois dernières années, les marches des fiertés ont été interdites à Istanbul et à Ankara, et d'autres événements tels que le festival de films LGBTI ont été supprimés « pour des raisons de sensibilités sociales ».
En novembre de l'an dernier, la préfecture d'Ankara a utilisé des pouvoirs accordés au titre de l'état d'urgence, en place depuis la tentative de coup d'État, afin d'interdire pour une durée indéterminée tous les événements publics organisés dans la ville par des associations LGBTI, invoquant des motifs liés à la « sécurité publique », à la « protection de la moralité et de la santé publiques » et à la « protection des droits et des libertés des autres personnes ».
Ces interdictions générales menacent l'existence même des organisations LGBTI et opèrent un renversement de la tendance progressiste, qui existait avant la tentative de coup d'État, allant dans le sens d'une lutte contre l'homophobie et la transphobie.
De nombreuses organisations LGBTI figurent parmi les ONG qui ont été fermées. Celles qui continuent d'exister ont signalé une nette augmentation des manœuvres d'intimidation et de harcèlement visant des personnes ou des événements planifiés.
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« À Izmir, à Istanbul et à Ankara nous pouvons encore nous réunir, mais cela devient très difficile. Avant, nous avions 30 associations à travers le pays, mais la plupart sont maintenant fermées ou ne fonctionnent plus », a déclaré une militante LGBTI.
Cependant, comme de nombreux autres militants, elle n'a pas encore abandonné tout espoir.
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