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URGENCE PROCHE ORIENT

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Bombardement d'un hôpital au Yémen © MSF
Conflits armés et protection des civils

Bombardement au Yémen : un soignant raconte

Le 11 novembre 2018, juste avant midi, une attaque qui serait le fait de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis a frappé tout près de l'hôpital d'al Thawra, le plus grand centre médical public de Hodeida. Témoin de la scène, un soignant nous livre son témoignage.

Des centaines de membres du personnel soignant et de patients ont fui, terrorisés, lorsqu'une série de grosses explosions a ébranlé l'hôpital dans le centre de Hodeida le 11 novembre 2018.

Un soignant qui se trouvait dans l'hôpital d'al Thawra à ce moment-là nous raconte la scène quelques heures seulement après l'attaque.

« À midi moins cinq, les explosions ont redoublé et se sont nettement rapprochées. À ce moment-là, j'étais terrifié, parce que j'ai entendu les [batteries antiaériennes] pour la première fois. J'ai couru jusqu'à l'accueil... J'ai entendu plusieurs explosions et des balles ou des éclats d'obus tambourinaient sur le toit métallique de l'entrée, comme de la pluie. J'entendais toujours des explosions lorsque je suis sorti de l'hôpital, sans y prêter véritablement attention. Nous avions tous trop peur pour notre vie »

Selon son témoignage, les gens paniqués se sont rués dans la rue Jamal devant l'hôpital, située près du port de pêche et de l'université dans le centre-ville, et ont pris la fuite à pied ou à bord de voitures et de minibus. Les avions de la coalition volaient au-dessus de leurs têtes et de la fumée tourbillonnait au-dessus de la faculté dentaire sur le campus universitaire, à 500 mètres de là.

Tout le monde savait que de nombreux combattants houthis s'étaient installés à l'intérieur de la faculté et que des hommes armés avaient pris position sur le toit.

Lire aussi : hôpitaux au Yémen, l'acharnement

 « J'ai vu une patiente porter une autre patiente. Sans doute une mère et sa fille. Le soignant témoin de cette scène horrible nous raconte La mère n'avait que la peau sur les os, elle souffrait de malnutrition, la mère yéménite typique... Néanmoins, elle parvenait à porter sa fille de 15 ou 16 ans dans les bras. Sa fille pleurait. Je savais qu'elle venait d'être opérée ou avait été préparée pour une intervention, parce qu'elle portait une blouse chirurgicale bleue. Je n’ai pas de mots pour décrire ce que j'ai ressenti à ce moment-là

« J'ai aussi vu un homme qui marchait aussi vite qu'il le pouvait, transportant une poche d'urine. Il s'enfuyait, son cathéter urinaire encore en place. Cette scène restera gravée dans ma mémoire le restant de ma vie. Il y avait aussi beaucoup d'enfants. Des parents portaient leurs enfants. J'en ai vu entre 10 et 12 parmi tous les gens qui partaient. »

Le soignant nous a confié qu'il était retourné travailler vers 13 heures. Les affrontements s'étaient calmés dans ce secteur, mais l'hôpital était semi-désert.

Un porte-parole de l'hôpital d'al Thawra a déclaré à l'agence Reuters que les médecins et le personnel soignant des unités de soins intensifs, des grands brûlés et des urgences étaient restés à l'hôpital pendant l'attaque. Le soignant nous a confié : « Quelques médecins et soignants courageux ont choisi de rester, je faisais partie de la majorité qui a préféré partir. »

Dans les conflits armés, les hôpitaux sont censés être des lieux protégés. Pourtant, à mesure que s'intensifie la bataille pour prendre le contrôle de Hodeida, les deux camps se montrent déterminés à vider de leur sens les lois de la guerre et à faire fi du statut protégé des civils même les plus fragiles.

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