Depuis le meurtre, le 23 août 2019, d’un jeune dirigeant bangladais de la Ligue awami, parti politique au pouvoir, au moins sept réfugiés rohingyas ont été tués par la police bangladaise.
Des « échanges de tirs » suspicieux
Le 23 août 2019, Omar Faruk, 30 ans, dirigeant local de la section jeunesse du parti au pouvoir, a été tué par balle, prétendument par un groupe d’hommes rohingyas. La population locale a immédiatement bloqué une autoroute afin de protester contre ce meurtre. Des boutiques ainsi que des maisons dans le camp rohingya de Jadimura ont également été vandalisées. Depuis, sept hommes rohingyas au moins, prétendument soupçonnés de ce meurtre, ont été tués dans des circonstances similaires. A chaque fois, les victimes ont été arrêtées par la police, puis emmenées dans un lieu pour y « récupérer » des substances illégales, et c’est alors qu’un « échange de tirs » aurait eu lieu tuant une ou plusieurs personnes. Les déclarations de la police indiquent dans chaque cas que les hommes rohingyas qui ont été tués étaient « soupçonnés » du meurtre du d’Omar Faruk. Alors que le principal suspect dans cette affaire a été tué, le nombre de Rohingyas victimes d’« échanges de tirs » continue de croître.Ces exécutions extrajudiciaires ne respectent pas le principe de présomption d’innocence et le droit à un procès équitable, droits que le Bangladesh s’était engagé à protéger.
Les homicides de tous ces suspects présumés constituent une grave violation et témoignent d’un mépris flagrant à l’égard des droits humains. Nous demandons qu’il soit immédiatement mis fin à ces homicides, et exhortons les autorités à ouvrir sans délai une enquête indépendante, impartiale et efficace sur ces sept cas d’« échanges de tirs ».
Des discriminations à peine dissimulées
Le 25 août 2019, lors d’un grand rassemblement commémorant le « jour du génocide », les réfugiés rohingyas ont demandé aux autorités du Myanmar de leur accorder la citoyenneté ainsi que d’autres droits. En réaction à ce rassemblement, le gouvernement du Bangladesh a pris des mesures punitives contre les ONG accusées d’avoir aidé les Rohingyas à organiser cet événement et a imposé un couvre-feu dans les camps. Les autorités du Bangladesh ont également restreint le droit des réfugiés rohingyas de circuler librement et limité leurs communications, notamment en interdisant l’utilisation des téléphones portables et en bloquant les réseaux de communication mobile 3G et 4G dans les camps. Des commissions d’enquête ont aussi été ouvertes pour identifier les personnes et organisations responsables de l’organisation et du déroulement du rassemblement. Ces personnes ont ensuite été soumises à des interrogatoires et à une surveillance renforcée.
Les autorités du Bangladesh doivent respecter leurs engagements et protéger les droits humains des Rohingyas, notamment leur droit à la liberté de réunion pacifique, à la liberté d’expression et leur droit de circuler librement en toute sécurité et dans la dignité.