Dans la province de Deraa, dans le sud de la Syrie, les civils sont confrontés à la mort et à la destruction. Le gouvernement intensifie sa campagne de tirs d'artillerie lourde menés sans discrimination ainsi que de frappes aériennes, dont des attaques répétées contre des centres de soins.
D'après le Réseau syrien pour les droits humains (SNHR), plus de 198 000 habitants de la province de Deraa ont été déplacés depuis le 19 juin. Le gouvernement syrien, soutenu par la Russie, a multiplié les attaques contre des villages et des localités à forte densité de population, dans le but de chasser les groupes rebelles.
Un appel désespéré des habitants
Samedi et dimanche (30 juin et 1er juillet), les habitants ont lancé un appel désespéré à la communauté internationale demandant une protection, le gouvernement syrien – appuyé par la Russie – ayant intensifié son offensive après l'échec des négociations avec les groupes armés.
Ils sont toujours menacés par les bombardements, bien qu’ils aient fui leur foyer. Les attaques visent désormais des zones accueillant des personnes récemment déplacées.
La plupart des déplacés vivent sous des tentes de fortune, sous une chaleur écrasante, sans nourriture, eau ni soins médicaux suffisants. Ils vivent dans la peur constante d’être frappés par des attaques, à tout moment.
La frontière jordanienne est leur seule porte de sortie vers la sécurité.
Une pluie de bombes
Ma famille et moi-même sommes partis dès l'annonce de l'accord de cessez-le-feu, parce que c'était trop risqué de partir pendant les attaques. [...] Nous avons vu ce qui s'est passé dans la Ghouta orientale et savons que le gouvernement ne s'arrêtera pas avant d'avoir regagné le contrôle de tous les secteurs de Deraa.
Un habitant qui a fui Mseifra dans la nuit de vendredi 29 juin
Un autre habitant a raconté le 27 juin qu'il avait été déplacé à deux reprises et que le gouvernement semblait prendre délibérément pour cible des villages et des localités où des civils s'étaient réfugiés après avoir quitté l’est de la province de Deraa.
Un journaliste qui vit en Jordanie a raconté le 26 juin que sa mère âgée de 83 ans et son frère ont fui la ville d'al Harak, située à l'est de Deraa, la semaine dernière : « Ils n'ont nulle part où aller, donc ils vivent sous une tente de fortune que ma mère a réussi à bricoler dans un champ. Je me sens impuissant, car je ne suis pas en mesure de les aider. La frontière jordanienne étant fermée, ils n'ont aucun moyen de venir vivre avec moi... Ils n'ont pas accès à l’aide humanitaire et dépendent de la nourriture que les gens leur donnent. Il fait trop chaud dehors. »
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Des centres de soins détruits
Selon des professionnels de santé, les centres de soins de fortune à al Harak, Busr al Harir, Mseifra, Seida et al Jiza comptaient parmi les premières cibles des bombardements des forces gouvernementales.
Le nombre de personnes déplacées accroît la pression sur les autres infrastructures de santé de Deraa, qui fonctionnent déjà dans des conditions très difficiles.
Je me trouve à l'hôpital en ce moment, mais nous ne pouvons pas assurer les services du fait des attaques. Ce n'est pas sûr pour nous, d'autant que les centres de soins sont la cible principale du gouvernement.
Un infirmier de la ville de Nawa
À Nawa, les entraves à l’acheminement de l'aide humanitaire ont plongé les centres de soins dans une pénurie d'équipements de base.
Actuellement, bien des fournitures médicales ne sont pas disponibles, comme les anesthésiants ou la gaze. Nous manquons d'équipements pour la chirurgie osseuse, et même de matériel pour les anesthésies locales. Quant à l'aide, elle se fait très rare ces derniers temps.
Un médecin travaillant à Nawa
Les civils coincés à la frontière avec la Jordanie
Le gouvernement jordanien ne permet toujours pas aux civils fuyant le conflit de solliciter une protection en Jordanie.
Il est temps que les parties du conflit permettent aux civils, qui souhaitent fuir les combats, de le faire en toute sécurité et de permettre aux organisations humanitaires de se rendre sans entraves dans la région de Deraa. Ce n’est toujours pas le cas.
Les forces gouvernementales syriennes et la Russie ne mettent toujours pas fin aux attaques contre les civils et les infrastructures civiles, ainsi qu'aux attaques disproportionnées et menées sans discrimination.
Les attaques disproportionnées ou menées sans discrimination qui tuent ou blessent des civils, et les attaques directes ciblant délibérément les civils, constituent des crimes de guerre au titre du droit international.
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