Les forces gouvernementales syriennes utilisent de plus en plus des armes à sous-munitions interdites. De fabrication soviétique, ces armes sont utilisées dans le cadre d’attaque directes et sans discrimination contre les civils pris au piège du siège de la Ghouta orientale tenue par les rebelles.
Ces attaques ont tué au moins 10 civils et amené la crise humanitaire dans la région au point de rupture.
Au Ghouta, une situation très préoccupante
Nous avons interrogé cinq personnes assiégées dans la Ghouta orientale – des militants et des professionnels de santé – qui ont décrit une situation très préoccupante, d’autant que le gouvernement a intensifié depuis le 14 novembre sa campagne de bombardement contre cette enclave tenue par les rebelles, près de la capitale Damas.
Dans la Ghouta orientale, le gouvernement syrien commet des crimes de guerre dans des proportions épiques. Il use de sa stratégie désormais familière d'assiègement et de bombardement des civils, qui a déjà dévasté Alep, Daraya et d'autres bastions des rebelles, et contraint la population à se rendre ou à mourir de faim.
Face à la malnutrition qui s’aggrave, les forces syriennes doivent mettre fin au siège illégal de la Ghouta orientale et permettre aux organisations humanitaires d'y accéder librement, avant qu'une situation déjà catastrophique ne fasse de nouvelles victimes civiles.
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Les civils en première ligne
J'ai clairement vu tomber des parachutes attachés à des petites bombes et, 10 secondes plus tard, l'écho d'une série d'explosions. »
Mustafa, bénévole de la défense civile
Les images partagées par des militants de la Ghouta orientale et vérifiées par un expert en armements d'Amnesty International montrent des fragments de bombes à sous-munitions, vestiges des attaques qui se sont déroulées au cours des 10 derniers jours, notamment le 19 novembre.
On peut voir sur ces images des projectiles à sous-munitions de fabrication soviétique, tirés depuis le sol, de 240 mm de diamètre et de calibre 3O8, contenant jusqu'à 10 sous-munitions. Selon le Landmine and Cluster Munition Monitor, qui effectue un suivi sur les mines terrestres et les munitions à fragmentation, ces armements sont apparus en Syrie après les premières frappes de missiles menées par la Russie contre les groupes hostiles au gouvernement en septembre 2015.
Ces armes sont interdites par plus de 100 pays en raison du danger extrême qu’elles représentent pour les civils, du fait de leur caractère non discriminant.
Une situation qui monte d’un cran
Environ 400 000 civils luttent pour survivre malgré les bombardements qui ont lieu chaque jour, voire chaque heure, sans accès à de la nourriture ni à des soins médicaux.
Des militants nous ont déclaré que le gouvernement syrien a également tiré contre des quartiers d'habitation des missiles imprécis et improvisés, tels que les « missiles éléphant », appelés ainsi en raison du bruit distinctif qu'ils font au moment de leur lancement.
Selon le Centre de documentation des violations en Syrie, organisation locale de surveillance, 97 civils ont été tués dans le cadre d'attaques terrestres et aériennes menées par les forces gouvernementales syriennes entre le 14 et le 26 novembre.
La Russie, en tant que partie à ce conflit, a la responsabilité particulière de veiller à ce que son allié, le gouvernement syrien, mette un terme à ce siège illégal et cesse de commettre des crimes de guerre. D'autres États doivent user de leur influence pour faire pression sur la Syrie afin de permettre l’acheminement de l'aide humanitaire, sans entrave, jusque dans les zones civiles assiégées de la Ghouta orientale et de toute la Syrie.
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