Justice est enfin rendue. Plus de 20 ans après les faits, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, le général Ratko Mladić a été condamné pour crimes de droit international, notamment génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre lors du conflit armé de 1992-1995.
Le verdict a été prononcé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à la Haye.
10 chefs d’accusation
La Chambre de première instance du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a déclaré Ratko Mladić coupable de 10 chefs d'accusation sur 11, notamment de génocide, de persécutions pour des motifs ethniques et religieux des Bosniaques et des Croates, ainsi que d'extermination, de meurtre, d’expulsion et d’actes inhumains qualifiés de crimes contre l'humanité.
Il a également été déclaré coupable de meurtre, de terreur, d'attaques illégales contre les civils et de prise d'otages.
Il a été acquitté d'un chef d’accusation de génocide lié à des crimes commis dans six municipalités du nord, mais reconnu coupable d’avoir participé à l'entreprise criminelle conjointe visant à expulser les Bosniaques et les Croates de ces territoires.
Ce verdict reconnaît la responsabilité pénale individuelle de Ratko Mladić en tant que commandant de l'Armée des Serbes de Bosnie et sa participation à des entreprises criminelles conjointes, notamment la terreur imposée à la population de Sarajevo et l’élimination des Bosniaques à Srebrenica.
Ce verdict marque un tournant pour la justice internationale et délivre un message fort au monde entier : l'impunité ne sera pas tolérée.
S’il ne met pas un terme à la souffrance des proches de victimes qui attendent ce jour depuis plus de 20 ans, savoir que justice est rendue leur permettra peut-être de tourner la page.
Une décision de justice historique
Son procès est l'un des plus longs de l'histoire du tribunal en raison de la longue liste des chefs d’inculpation, du grand nombre d’éléments versés au dossier, dont l'audition de plus de 592 témoins, et de plusieurs tentatives de ses avocats d’ajourner ou de mettre fin à la procédure. Ses avocats ont déclaré qu'ils vont faire appel de ce jugement.
Ce jugement met fin aux tentatives de Ratko Mladić de se soustraire à sa responsabilité pour la mort, le viol et l'expulsion de milliers de victimes bosniaques et croates.
Il rappelle aussi avec force que plus de 20 ans après la guerre de Bosnie, des milliers de cas de disparitions forcées ne sont toujours pas résolus et que les victimes et leurs familles n’ont toujours pas accès à la justice, à la vérité et à des réparations.