Au terme d’une deuxième audience du procès de Taner Kiliç et des 10 d’Istanbul, le tribunal d’Istanbul a décidé de le maintenir en détention provisoire, malgré une absence totale de preuves à son encontre.
Le 22 novembre marquait la seconde audience du procès de Taner Kiliç et des 10 d’Istanbul, onze éminents défenseurs des droits humains poursuivis de charges absurdes d’appartenance à une organisation terroriste. Tous risquent jusqu’à 15 ans de prison.
Maintien en détention malgré l’absence de preuves
Les 10 d’Istanbul avaient été libérés sous caution le 25 octobre dernier, lors d’une première audience.
Taner Kiliç avait été maintenu en détention provisoire par un tribunal d’Izmir, avant que son affaire ne soit rattachée à celui des 10 d’Istanbul.
Lors de cette seconde audience, Taner Kiliç, qui apparaissait donc pour la première fois devant ce nouveau tribunal, a de nouveau témoigné de l’absurdité de sa situation. Accusé d’avoir téléchargé une application de messagerie, il a pu démontrer, témoignage d’expert indépendant à l’appui, qu’il n’y avait aucune trace de ce fameux téléchargement.
De son côté, le procureur n’a pu produire aucun élément attestant du contraire, bientôt 6 mois après avoir accusé Taner Kiliç.
Taner s’est alors exclamé : "Est-ce ma faute si la police n'a pas produit de rapport? Mais c'est moi qui suis puni. Je suis en prison depuis près de 6 mois dans une cellule pour 8, avec 23 détenus. Quand la police produira le rapport? Dans 18 mois, 2 ans? Cela ne peut plus durer ainsi."
Dans une décision cruelle qui confine à l’acharnement, le tribunal d’Istanbul a malgré tout ordonné son maintien en détention provisoire.
Cela fait bientôt 6 mois que Taner Kiliç est emprisonné, sans aucune raison.
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La mobilisation internationale s’accentue
Aujourd’hui, en soutien à Taner, nous avons organisé des rassemblements devant les ambassades turques de nombreux pays, à Berlin, Madrid, Oslo, Paris...
Dans le tribunal, de nombreux diplomates, notamment français et européens, avaient tenu à être présents, afin de marquer leur profonde préoccupation.
De nombreux artistes, représentants d’organisations de défense des droits humains avaient aussi publié une lettre ouverte pour appeler à la libération de Taner Kiliç et à l’abandon définitif des charges contre ces 11 défenseurs des droits humains.
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Idil Eser, directrice d'Amnesty Turquie, qui faisant partie des personnes poursuivies et libérées sous caution, nous confiait, juste avant le début de l’audience : "La dernière fois que nous étions dans ce palais de justice, nous étions menottés. Aujourd'hui, notre procès continue et nous espérons que Taner sera libéré".
Peine perdue. La justice turque a encore une fois choisi de se déshonorer.
La prochaine audience du procès de Taner et des 10 d’Istanbul se tiendra le 31 janvier 2018.