Le mois dernier, le gouvernement syrien et son alliée, la Russie, ont intensifié la campagne de bombardements dans la Ghouta orientale, près de Damas, où vivent 400 000 civils. Une véritable catastrophe humanitaire.
Les attaques ont fait de très nombreux morts et des centaines de blessés au cours du mois écoulé. Ces attaques font suite à un siège cruel imposé à la Ghouta orientale depuis six ans et au cours duquel des Syriens ont été tués et mutilés par les attaques quotidiennes de leur gouvernement. Les bombardements incessants dans la Ghouta orientale constituent un crime de guerre flagrant.
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En 2017 , le début du siège
A Damas après un bombardement en février 2018 © ABDULMONAM EASSA/AFP/Getty Images
En février 2017, les autorités syriennes ont pris le contrôle des quartiers de Qaboun et de Barzeh, dans la banlieue de Damas, qui jouxtent la ville de Harasta, dans la Ghouta orientale, et ont fermé tous les tunnels de contrebande qui permettaient depuis plusieurs années de faire entrer un minimum de nourriture, d'eau et de fournitures médicales.
Le 3 octobre, le gouvernement syrien a renforcé le siège en fermant le poste de contrôle d'al Wafideen, le dernier point d'entrée dans la ville de Douma, empêchant ainsi l'accès de l'aide médicale et humanitaire et entravant la liberté de circulation de la population civile. Seuls deux convois d'aide ont été autorisés à entrer depuis lors, mais ils étaient tous deux très insuffisamment approvisionnés pour répondre aux besoins humanitaires de la population, et toutes les fournitures médicales qu'ils contenaient ont été saisies par les autorités.
Depuis le mois d'octobre, la situation humanitaire dans la Ghouta orientale s'est fortement détériorée, en raison de l'augmentation fulgurante des prix des médicaments et des produits alimentaires de base, comme le lait et le pain.
Fin 2017, début de la crise humanitaire
Dans un hôpital de Hamouria après un bombardement du gouvernement syrien © ABDULMONAM EASSA/AFP/Getty Images
Selon des professionnels de la santé de la Ghouta orientale, 14 personnes sont mortes alors qu’elles attendaient une évacuation sanitaire. Cinq cent soixante-douze personnes présentant de graves blessures et souffrant de maladies chroniques attendent depuis le mois de juillet 2017 le feu vert du gouvernement syrien pour bénéficier d’une évacuation pour raisons médicales.
Le 27 décembre 2017, le gouvernement syrien a approuvé l'évacuation sanitaire de 29 personnes dans un état critique depuis la Ghouta orientale. Cette évacuation a pris fin le vendredi 29 décembre 2017. Au total, 17 mineurs, six femmes et six hommes ont été transférés dans des hôpitaux à Damas, où ils sont pris en charge pour des blessures ou des maladies graves (troubles cardiaques, cancer et insuffisance rénale, par exemple).
Des professionnels de la santé ont confirmé les informations selon lesquelles l’accord pour l'évacuation avait été donné à l’issue de négociations ayant abouti à la libération de personnes détenues par l'opposition armée. Ces 29 patients figuraient en tête de la liste des personnes en attente d'évacuation sanitaire en raison de l'urgence de leur situation.
Les 529 autres patients blessés ou malades ont toujours besoin d’une prise en charge médicale urgente.
Les médecins et autres professionnels de la santé ne sont donc pas en mesure de dispenser des soins médicaux adaptés aux blessés et aux malades, en raison de la pénurie de matériel chirurgical, de matériel médical et de médicaments, en particulier pour le traitement de maladies chroniques telles que le cancer, les troubles cardiaques et le diabète.
Les médecins sont obligé d'utiliser des médicaments périmés provenant d’hôpitaux détruits. Le nombre de cas de grave malnutrition a par ailleurs augmenté, surtout parmi les enfants ; une augmentation exacerbée par le manque d’accès à la nourriture, à l’aide humanitaire et à d’autres produits de première nécessité vitaux.
2018, aggravation de la crise
Les récentes attaques début 2018 ont fait de très nombreux morts et des centaines de blessés au cours du mois écoulé. Ces attaques font suite à un siège cruel imposé à la Ghouta orientale depuis six ans et au cours duquel des Syriens ont été tués et mutilés par les attaques quotidiennes de leur gouvernement. Les bombardements incessants dans la Ghouta orientale constituent un crime de guerre flagrant.
Le 24 février, le Conseil de sécurité des Nations unies a enfin voté une résolution très attendue demandant la livraison d'aide humanitaire dans la Ghouta orientale et un cessez-le-feu partiel. Bien qu’il s’agisse d’une avancée positive, les civils affamés ne devraient pas avoir besoin d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU ni d'un cessez-le-feu pour bénéficier d'une aide vitale et d'une protection contre des bombardements délibérés. Quelques jours après le vote de la résolution, l'aide humanitaire n'a toujours pas été acheminée et des attaques se poursuivent.
Le 25 février, des informations ont fait état d’une attaque chimique dans la Ghouta orientale.
Stop au massacre
Interpellez les gouvernements russe et syrien pour que les bombardements cessent et que le siège soit levé immédiatement.