Les photographes syriens de l’AFP sont en première ligne d’un conflit qui broie leur peuple.
— Photos de Abd Doumany, Sameer al-Doumy, Baraa al-Halabi, Karam al-Masri, Taher Mohammed, George Ourfalian
Ce sont les témoins, le plus souvent anonymes pour le grand public et les lecteurs des journaux, de la marche du monde, ou pour être plus précis de tout ce qui ne marche plus, des drames minuscules et des tragédies majeures.
Parmi eux, le plus souvent casqués, équipés de gilets pare-balles, voilés par la poussière des destructions, ces photographes en première ligne sur le front témoignent depuis cinq ans du conflit syrien. Une trop longue guerre qui a fait des centaines de milliers de morts et de disparus, provoqué l’exode de près du quart de la population du pays, soit cinq millions de personnes, entraîné la destruction partielle ou totale de nombreuses villes en Syrie.
Les photographes syriens de l’Agence France-Presse (AFP) l’ont suivie au jour le jour, au plus près de la douleur et la souffrance, avec d’autant plus de courage que ces enfants brisés, ces mères éplorées, ces hommes déboussolés étaient aussi leurs amis, leurs familles, leurs voisins. Karam al-Masri, Zakaria Abdelkafi, Baraa al-Halabi et Ameer al-Halbi, qui seront présents à Bayeux, sont « l’âme syrienne de l’AFP », dit Pierre Fernandez, responsable des contenus multimédias à l’agence qui a eu l’idée de présenter le travail de ses photographes à Bayeux, dans le cadre du festival des correspondants de guerre.
Ils ont « couvert » cette guerre sale, qui a souvent pris les civils pour cible. Ils ont vécu en direct « l’effondrement de leur propre pays et de leurs propres foyers » décrit le texte qui présente l’exposition de Bayeux. Regards perdus, gestes de colères et de désespoir, et toujours cette poussière qui noie la vie et les couleurs. Sans effet de style, sobrement cadrés, ces instantanés sont autant de témoignages « pour que le monde sache ».
C’est aussi l’occasion de parler de la mission de l’AFP, cette agence de presse française qui est la troisième au monde. Grâce à ses bureaux et ses correspondants dans le monde entier, elle permet à l’information de ne pas être trop monocorde, nous aide à connaître l’actualité mondiale dans ses plus sombres recoins.
Présenter à Bayeux le travail de ses quatre photographes est pour une AFP souvent trop discrète, aux prises avec des budgets serrés, l'occasion de montrer l'évolution de la pratique des journalistes sur le terrain. C’est aussi permettre de mieux comprendre à quoi correspond le « service public » en matière d’information.
Un jeune sauveteur syrien emporte un garçon blessé sous les décombres d’un bâtiment après des raids aériens sur la ville de Douma tenue par des rebelles, à l’est de la capitale, Damas, le 9 septembre 2016.
© AFP / Sameer al-Doumy
File de Syriens attendant les repas distribués par l’ONG Syria charity au nord d’Alep pendant leramadan le 11juin2016.
© AFP / Thaer Mohammed
Les habitants fuient la partie orientale d’Alep le 30novembre 2016.
© AFP/ George Ourfalian
Un garçon syrien pleure à côté du corps d’un parent mort dans une attaque aérienne le27 avril 2016 dans quatier d’al-Soukour au nord d’Alep.
© AFP / Karam al-Masri
Le corps de Haya, une fillette de 3 ans, dans une morgue de fortune dans la ville de Douma, après des raids aériens du 29décembre 2016.
© AFP / Abd Doumany
Un homme couvert de poussière est assis dans une rue après un raid aérien des forces gouvernementales syriennes dans le quartier de Sukkari, au nord d’Alep, tenu par des rebelles, le30 mai 2016.
© AFP / Baraa al-Halabi
En savoir plus
Ce portfolio a été réalisé par La Chronique en collaboration avec le service photo de l’Agence France-Presse et le festival de Bayeux des correspondants de guerre, dont la 24e édition a lieu cette année du 2 au 8 octobre. Les photos seront exposées à Bayeux, complétées par plusieurs diaporamas et éléments multimédias. Amnesty International est partenaire du festival de Bayeux.